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Qatar (Partie II): Les liaisons dangereuses
Publié dans Tunisie Numérique le 30 - 12 - 2011

Après la chute du raïs égyptien Hosni Moubarak, le 11 février 2011, les Qataris s'enhardissent. Fini le soft power. Contre Kadhafi, ils basculent dans la guerre avec d'autant plus d'enthousiasme qu'ils connaissent et hébergent ses principaux opposants. Ils deviennent les mécènes de la rébellion, règlent ses factures, assurent sa logistique et lui offrent un formidable outil de propagande, une télévision clés en main, Libya al-Ahrar. Ils la confient à un Libyen proche du souverain, Mahmoud Chamman, membre du conseil d'administration d'Al-Jazeera. Un futur ministre de l'Information du Conseil national de Transition.
Depuis une grande maison blanche anonyme, à l'entrée du souk de Doha, gardée par des policiers, la chaîne couvre l'ensemble du territoire libyen. “L'émir paie les salaires des 60 collaborateurs venus de toute la planète. Ils logent gratuitement dans un hôtel cinq étoiles, dit sa directrice, Huda al-Serari. Nous étions en contact permanent avec les troupes rebelles. En vue de la prise de Tripoli, nous avons relayé les consignes du CNT et de l'Otan à l'adresse des habitants de la ville."
Doha se joint aux opérations de l'OTAN
Plus surprenant encore, Doha se joint aux opérations de l'Otan. Dans la coalition, il faut des partenaires arabes. Hanté par le fiasco irakien, Washington l'exige. Tout le monde s'est défilé, Egyptiens en tête. Restent les confettis du Golfe, les Emirats arabes unis et le Qatar. Dans le ciel, leur participation aux bombardements demeure symbolique. L'émir Al-Thani ne peut envoyer que six Mirage, la moitié de sa flotte. “Ils ont effectué de très rares opérations de frappe à partir de la base de La Sude, en Crète", dit-on côté français. Les pilotes qataris formés dans l'Hexagone ne sortent qu'en binôme, avec leurs alter ego français qui éclairent leurs cibles.
A terre, en revanche, leur action clandestine est déterminante. “Dans cette guerre de l'ombre, le Qatar a effectué les tâches que nous ne pouvions pas officiellement accomplir», dit un responsable occidental. “On aime prendre des risques. On était prêts à faire tout ce qu'on nous demandait”, confirme Salman Shaikh, ex-conseiller politique de cheikha Mozah, l'épouse de l'émir. Le chef d'état-major de l'émirat, le général Al-Attiyah, a reconnu lui-même que des centaines de soldats qataris avaient été déployés aux côtés des rebelles. “Ils les ont vraiment épaulés, surtout au début, quand ils les ont vus battre en retraite. Ils leur ont appris à tenir leurs positions”, dit-on à Paris. Dans les forces spéciales qataries se glissent aussi des agents français et britanniques.
Mais les Qataris vont entraîner leurs alliés dans un jeu dangereux. Ce sont eux qui arment les rebelles et pas n'importe lesquels. Ils privilégient presque toujours les chefs islamistes les plus radicaux. Notamment, le djihadiste repenti, Abdelhakim Bel Hadj, proche par le passé d'Al-Qaida, qui a trouvé refuge avec ses hommes dans le djebel Nafoussa, et un autre chef extrémiste, Ismaïl Sallabi, retranché en Cyrénaïque. Pourquoi eux ? “Parce qu'ils les connaissent depuis longtemps", souligne un diplomate. Ici, comme ailleurs, l'émir choisit d'aider les courants religieux. “Il a compris que ces gens-là avaient le vent en poupe", explique-t-on de même source. Cet islamiste high-tech partage avec ses affidés une même vision du monde.
Les livraisons d'armes sélectives font hurler
Paradoxe : le matériel militaire livré à ces insurgés très controversés est acheté par l'émirat à la France. Pis encore, ce sont des gros-porteurs français qui se chargent du largage. Un tour de passe-passe effectué avec la bénédiction de Sarkozy. Dans la précipitation de la guerre, l'Elysée a-t-il péché par naïveté ou par cynisme ? En tout cas, sur le terrain, ces livraisons d'armes sélectives font hurler. D'autant que l'aide de l'émirat se poursuit après l'arrêt des combats.
A la fin des hostilités, il tient même à présenter Bel Hadj aux chefs militaires français et britanniques, comme s'il voulait le faire adouber. Mais cette fois, ses interlocuteurs occidentaux sont très méfiants. Avant la réunion, Benoît Puga, chef d'état-major particulier de Sarkozy, s'est muni de la fiche DGSE de l'ex-djihadiste.
Le doute s'installe à Paris comme à tripoli sur les intentions qataries. Fin octobre, le Premier ministre du CNT, Mahmoud Djibril, démissionne et critique l'ingérence de Doha. Son ambassadeur à l'ONU va plus loin. “Le Qatar donne de l'argent à des partis islamistes et essaie de dominer la Libye", dénonce-t-il. Incroyable retournement. L'allié du Golfe jusque-là considéré comme le sauveur au point de voir son drapeau hissé brièvement sur les ruines de Bab al-Aziziya, la caserne de Kadhafi, se retrouve sur le banc des accusés.
La charge est reprise en chœur par les autres révolutionnaires arabes. Partout, le soutien des Qataris au camp islamiste soulève la même inquiétude. A Tunis, on va jusqu'à manifester contre la possible venue de l'émir. La raison ?
En Egypte, les militaires toujours au pouvoir interdisent les financements des partis et des associations par l'étranger. Le but caché ? Endiguer les pétrodollars qataris qui affluent dans les caisses des Frères musulmans. La mesure permet de saisir une “bonne centaine de millions, raconte un familier du dossier. Gageons qu'une somme bien plus importante est passée entre les filets".
Son nouveau champ de bataille ? La Syrie
Du fait de ses liaisons dangereuses et de ses ambitions démesurées, le petit Qatar qui voulait être aimé par tout le monde se découvre tous les jours de nouveaux ennemis. Qu'importe. Il veut rester le deus ex machina du “printemps arabe". Son nouveau champ de bataille ? La Syrie. A la Ligue arabe, il mène l'offensive diplomatique contre le régime d'Al-Assad. Et à la frontière turque, il prépare la guerre. Fin novembre, l'émirat a expédié auprès des rebelles de l'Armée dite “de la Syrie libre" Abdelhakim Bel Hadj, encore lui. Afin de les faire profiter de son expérience et de tisser des liens pour l'avenir.


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