Fin de la vignette : payez vos droits de circulation autrement dès 2026    De la harissa familiale aux étals du monde : l'incroyable épopée de Sam Lamiri    CAN 2025 : programme des matchs de vendredi    Rhume et grippe : un geste simple pour raccourcir la maladie de 2 jours    De la harissa familiale aux étals du monde : l'incroyable épopée de Sam Lamiri    ''Idarati'' : payez vos services publics directement depuis votre téléphone    Quel temps fera-t-il à Fès lors du match de l'équipe nationale ?    Drame à Bizerte : un jeune footballeur retrouvé sans vie après 20 jours de disparition    IACE - Premier rapport national sur l'Entreprise: Pour un nouveau pacte productif    L'Arab Tunisian Bank annonce la réussite de son augmentation de capital    De l'invisibilité à l'hyper-visibilité: le voile dans l'imaginaire onusien    L'ISGI de Sfax installe une borne de recharge des véhicules électriques dans l'établissement universitaire    PME tunisiennes : la clé oubliée de la relance économique    CES 2026 : LG dévoile l'avenir de la mobilité grâce à des solutions embarquées intelligentes    Les couleurs du vivant: Quand la biologie et l'art se rencontrent    Une équipe de l'hôpital Charles-Nicolle de Tunis réalise une prostatectomie robotisée avec succès : une première en Tunisie    Tunisie-Japon : SAITO Jun prend ses fonctions et promet un nouvel élan aux relations bilatérales    Festival Saliha de la musique tunisienne à la ville du Kef : ateliers, concerts et spectacles (programme)    Météo en Tunisie : mer agitée, températures en légère hausse    Kaïs Saïed : seule l'action sur le terrain fera office de réponse    Université de Tunis El Manar : 9e au niveau arabe et 1re en Tunisie et au Maghreb en 2025    Mohammad Bakri , l'acteur et réalisateur palestinien décédé à l'âge de 72 ans    Séisme de 6,1 à Taïwan : sud-est secoué sans dégâts signalés    Météo en Tunisie : vent fort et temps nuageux    Ghannouch accueille les projections des films de JCC 2025 dans les régions du 25 au 27 décembre    Crash près d'Ankara : le chef d'état-major libyen tué    CAN 2025 - Tunisie-Ouganda : Un avant-goût de conquête    Yadh Ben Achour reçoit le prix Boutros Boutros-Ghali pour la Diplomatie, la Paix et le développement (Vidéo)    Tunisie Telecom lance sa campagne institutionnelle nationale «Le Don des Supporters»    Match Tunisie vs Ouganda : où regarder le match de la CAN Maroc 2025 du 23 décembre?    Choc syndical : Noureddine Taboubi démissionne de l'UGTT    Riadh Zghal: Le besoin de sciences sociales pour la gestion des institutions    Tunisie à l'honneur : LILY, film 100% IA, brille sur la scène mondiale à Dubaï    Nabeul accueille le festival international Neapolis de théâtre pour enfants    Cérémonie de clôture de la 36ème session des journées cinématographiques de Carthage (Album Photos)    Décès de Somaya El Alfy, icône du cinéma et du théâtre égyptiens    Le carcadé: Une agréable boisson apaisante et bienfaisante    CAN Maroc 2025 : programme des matchs de la Tunisie, préparatifs et analyse des chances    France : nouvel examen civique obligatoire pour tous les étrangers dès 2026    Elyes Ghariani - Le Style Trump: Quand l'unilatéralisme redéfinit le monde    Slaheddine Belaïd: Requiem pour la défunte UMA    Comment se présente la stratégie américaine de sécurité nationale 2025    Match Tunisie vs Qatar : où regarder le match de Coupe Arabe Qatar 2025 du 07 décembre?    Des élections au Comité olympique tunisien    La Poste Tunisienne émet des timbres-poste dédiés aux plantes de Tunisie    Sonia Dahmani libre ! Le SNJT renouvèle sa demande de libération des journalistes Chadha Haj Mbarek, Mourad Zghidi et Bourhen Bssaies    Secousse tellurique en Tunisie enregistrée à Goubellat, gouvernorat de Béja    New York en alerte : décès de deux personnes suite à de fortes précipitations    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Qatar (Partie II): Les liaisons dangereuses
Publié dans Tunisie Numérique le 30 - 12 - 2011

Après la chute du raïs égyptien Hosni Moubarak, le 11 février 2011, les Qataris s'enhardissent. Fini le soft power. Contre Kadhafi, ils basculent dans la guerre avec d'autant plus d'enthousiasme qu'ils connaissent et hébergent ses principaux opposants. Ils deviennent les mécènes de la rébellion, règlent ses factures, assurent sa logistique et lui offrent un formidable outil de propagande, une télévision clés en main, Libya al-Ahrar. Ils la confient à un Libyen proche du souverain, Mahmoud Chamman, membre du conseil d'administration d'Al-Jazeera. Un futur ministre de l'Information du Conseil national de Transition.
Depuis une grande maison blanche anonyme, à l'entrée du souk de Doha, gardée par des policiers, la chaîne couvre l'ensemble du territoire libyen. “L'émir paie les salaires des 60 collaborateurs venus de toute la planète. Ils logent gratuitement dans un hôtel cinq étoiles, dit sa directrice, Huda al-Serari. Nous étions en contact permanent avec les troupes rebelles. En vue de la prise de Tripoli, nous avons relayé les consignes du CNT et de l'Otan à l'adresse des habitants de la ville."
Doha se joint aux opérations de l'OTAN
Plus surprenant encore, Doha se joint aux opérations de l'Otan. Dans la coalition, il faut des partenaires arabes. Hanté par le fiasco irakien, Washington l'exige. Tout le monde s'est défilé, Egyptiens en tête. Restent les confettis du Golfe, les Emirats arabes unis et le Qatar. Dans le ciel, leur participation aux bombardements demeure symbolique. L'émir Al-Thani ne peut envoyer que six Mirage, la moitié de sa flotte. “Ils ont effectué de très rares opérations de frappe à partir de la base de La Sude, en Crète", dit-on côté français. Les pilotes qataris formés dans l'Hexagone ne sortent qu'en binôme, avec leurs alter ego français qui éclairent leurs cibles.
A terre, en revanche, leur action clandestine est déterminante. “Dans cette guerre de l'ombre, le Qatar a effectué les tâches que nous ne pouvions pas officiellement accomplir», dit un responsable occidental. “On aime prendre des risques. On était prêts à faire tout ce qu'on nous demandait”, confirme Salman Shaikh, ex-conseiller politique de cheikha Mozah, l'épouse de l'émir. Le chef d'état-major de l'émirat, le général Al-Attiyah, a reconnu lui-même que des centaines de soldats qataris avaient été déployés aux côtés des rebelles. “Ils les ont vraiment épaulés, surtout au début, quand ils les ont vus battre en retraite. Ils leur ont appris à tenir leurs positions”, dit-on à Paris. Dans les forces spéciales qataries se glissent aussi des agents français et britanniques.
Mais les Qataris vont entraîner leurs alliés dans un jeu dangereux. Ce sont eux qui arment les rebelles et pas n'importe lesquels. Ils privilégient presque toujours les chefs islamistes les plus radicaux. Notamment, le djihadiste repenti, Abdelhakim Bel Hadj, proche par le passé d'Al-Qaida, qui a trouvé refuge avec ses hommes dans le djebel Nafoussa, et un autre chef extrémiste, Ismaïl Sallabi, retranché en Cyrénaïque. Pourquoi eux ? “Parce qu'ils les connaissent depuis longtemps", souligne un diplomate. Ici, comme ailleurs, l'émir choisit d'aider les courants religieux. “Il a compris que ces gens-là avaient le vent en poupe", explique-t-on de même source. Cet islamiste high-tech partage avec ses affidés une même vision du monde.
Les livraisons d'armes sélectives font hurler
Paradoxe : le matériel militaire livré à ces insurgés très controversés est acheté par l'émirat à la France. Pis encore, ce sont des gros-porteurs français qui se chargent du largage. Un tour de passe-passe effectué avec la bénédiction de Sarkozy. Dans la précipitation de la guerre, l'Elysée a-t-il péché par naïveté ou par cynisme ? En tout cas, sur le terrain, ces livraisons d'armes sélectives font hurler. D'autant que l'aide de l'émirat se poursuit après l'arrêt des combats.
A la fin des hostilités, il tient même à présenter Bel Hadj aux chefs militaires français et britanniques, comme s'il voulait le faire adouber. Mais cette fois, ses interlocuteurs occidentaux sont très méfiants. Avant la réunion, Benoît Puga, chef d'état-major particulier de Sarkozy, s'est muni de la fiche DGSE de l'ex-djihadiste.
Le doute s'installe à Paris comme à tripoli sur les intentions qataries. Fin octobre, le Premier ministre du CNT, Mahmoud Djibril, démissionne et critique l'ingérence de Doha. Son ambassadeur à l'ONU va plus loin. “Le Qatar donne de l'argent à des partis islamistes et essaie de dominer la Libye", dénonce-t-il. Incroyable retournement. L'allié du Golfe jusque-là considéré comme le sauveur au point de voir son drapeau hissé brièvement sur les ruines de Bab al-Aziziya, la caserne de Kadhafi, se retrouve sur le banc des accusés.
La charge est reprise en chœur par les autres révolutionnaires arabes. Partout, le soutien des Qataris au camp islamiste soulève la même inquiétude. A Tunis, on va jusqu'à manifester contre la possible venue de l'émir. La raison ?
En Egypte, les militaires toujours au pouvoir interdisent les financements des partis et des associations par l'étranger. Le but caché ? Endiguer les pétrodollars qataris qui affluent dans les caisses des Frères musulmans. La mesure permet de saisir une “bonne centaine de millions, raconte un familier du dossier. Gageons qu'une somme bien plus importante est passée entre les filets".
Son nouveau champ de bataille ? La Syrie
Du fait de ses liaisons dangereuses et de ses ambitions démesurées, le petit Qatar qui voulait être aimé par tout le monde se découvre tous les jours de nouveaux ennemis. Qu'importe. Il veut rester le deus ex machina du “printemps arabe". Son nouveau champ de bataille ? La Syrie. A la Ligue arabe, il mène l'offensive diplomatique contre le régime d'Al-Assad. Et à la frontière turque, il prépare la guerre. Fin novembre, l'émirat a expédié auprès des rebelles de l'Armée dite “de la Syrie libre" Abdelhakim Bel Hadj, encore lui. Afin de les faire profiter de son expérience et de tisser des liens pour l'avenir.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.