Les relations entre le Niger, la France et le Nigeria se tendent davantage après les accusations graves formulées par le chef militaire nigérien, le général Abdourahamane Tiani, à l'encontre de Paris et Abuja. Lors d'une interview accordée à la télévision nationale nigérienne RTN le 25 décembre, Tiani a affirmé que la France, en collaboration avec le Nigeria, aurait financé des groupes terroristes pour déstabiliser le Niger. Des accusations explosives contre la France et le Nigeria Selon le général Tiani, Paris aurait injecté "plusieurs milliards de francs CFA" pour soutenir le groupe terroriste Boko Haram dans les régions nigérianes de Sokoto, Zamfara et Kebbi, ainsi qu'à l'intérieur du Bénin. Il a également accusé Ahmed Abubakar Rufai, ancien chef des renseignements nigérians (NIA), de jouer un rôle central dans le financement, la formation et l'approvisionnement en matériel des groupes terroristes actifs dans la région. Une réponse ferme d'Abuja et de la CEDEAO Le Nigeria, par la voix de son ministre de l'Information, Mohammed Idris Malagi, a vigoureusement rejeté ces accusations. Dans un communiqué publié le 26 décembre, Abuja a qualifié les déclarations du général Tiani de "pure imagination", ajoutant que ces propos étaient "sans fondement". "Le gouvernement fédéral du Nigeria exhorte le Niger à privilégier le dialogue constructif et la collaboration, plutôt que de colporter des accusations infondées", a ajouté le ministre. De son côté, la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) a également pris position, dénonçant des accusations "infondées" qui risquent de compliquer davantage les efforts de médiation déjà fragiles dans la région. Un contexte de tensions persistantes Ces accusations interviennent dans un contexte particulièrement tendu entre le Niger et ses partenaires régionaux. Depuis le coup d'Etat mené en juillet 2023, qui a vu le général Abdourahamane Tiani prendre le pouvoir, les relations diplomatiques se sont détériorées avec les pays voisins et les puissances occidentales. Le Niger accuse régulièrement la France d'ingérences politiques et militaires, notamment depuis que Paris a maintenu une présence militaire au Sahel malgré les ruptures diplomatiques avec Niamey. Cette nouvelle escalade rhétorique risque de compliquer les relations avec le Nigeria, acteur clé dans la région, et pourrait fragiliser davantage la position du Niger sur la scène internationale. Un climat de méfiance croissante Les accusations de Tiani, bien qu'imprécises, traduisent un climat de méfiance généralisée dans la région sahélienne. Ces tensions s'inscrivent dans un cadre plus large de rivalités géopolitiques et de lutte contre le terrorisme, où chaque acteur tente de préserver ses intérêts stratégiques. Malgré les appels à la retenue et au dialogue de la part de la CEDEAO et du Nigeria, cette crise montre à quel point les relations intra-africaines restent fragiles face aux enjeux sécuritaires et politiques. Un besoin urgent de désescalade Alors que les tensions continuent de monter, une solution diplomatique est essentielle pour éviter que cette crise ne dégénère en affrontement régional. La communauté internationale, et notamment la CEDEAO, devra redoubler d'efforts pour favoriser une médiation entre les parties et stabiliser cette région déjà confrontée à des défis sécuritaires majeurs. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!