Un rebondissement inattendu vient de secouer l'administration fédérale américaine. Alors que plus de deux millions de fonctionnaires se voyaient contraints de choisir entre une "démission différée" ou l'incertitude totale, un juge fédéral du Massachusetts a décidé, jeudi 6 février 2025, de suspendre temporairement le plan du président Donald Trump visant à réduire drastiquement les effectifs du gouvernement fédéral. Une audience supplémentaire est prévue lundi pour examiner la légalité de cette mesure qui a provoqué une vive controverse. Un ultimatum contesté par la justice L'administration Trump avait donné aux fonctionnaires fédéraux neuf jours seulement pour décider s'ils acceptaient cette "offre de départ", qui leur garantissait leur salaire et leurs avantages sociaux jusqu'au 30 septembre, en échange d'une démission volontaire et de l'engagement à ne pas poursuivre l'Etat en justice. Mais cette initiative, jugée brutale et précipitée, a été contestée en justice par l'AFGE (American Federation of Government Employees), principal syndicat des fonctionnaires fédéraux, ainsi que par d'autres organisations représentatives. Ils dénoncent un chantage à l'emploi et réclament un cadre légal clair et transparent pour toute réforme des effectifs de l'Etat fédéral. « Nous ne pouvons pas laisser une administration imposer un ultimatum illégal et arbitraire à des millions de fonctionnaires », a déclaré Everett Kelley, président de l'AFGE. Un programme aux contours flous À ce jour, 40 000 fonctionnaires, soit environ 2 % des effectifs, ont accepté cette proposition, selon Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison Blanche. Un chiffre bien en dessous des 5 à 10 % de démissions espérés par l'administration, et particulièrement par Elon Musk, missionné par Donald Trump pour mener une "cure d'amaigrissement" de l'administration fédérale. Cependant, de nombreux juristes et observateurs pointent du doigt l'opacité de ce plan. « Comment le gouvernement peut-il garantir ces paiements sans avoir préalablement obtenu le financement nécessaire ? », s'interrogent plusieurs syndicats et procureurs généraux démocrates de plusieurs Etats, dont New York, la Californie et l'Arizona. Une pression grandissante sur les employés fédéraux Pour les fonctionnaires qui refusent l'offre de démission, l'avenir est loin d'être rassurant. Dans un courriel interne envoyé la semaine dernière et intitulé "bifurcation", l'administration a clairement indiqué que la pérennité des postes n'était pas garantie. Les employés se retrouvent ainsi face à un dilemme risqué : * Signer leur départ volontaire maintenant et obtenir des garanties financières jusqu'en septembre, * Rester en poste avec le risque d'un licenciement futur sans aucune compensation. L'exemple de l'USAID, l'Agence américaine pour le développement international, montre que cette menace est bien réelle. Dès vendredi, l'ensemble du personnel de cette agence est placé en congé administratif forcé, marquant le démantèlement brutal d'une institution clé de la politique étrangère américaine. Une tentative de démantèlement de l'Etat fédéral ? Pour certains experts, cette politique radicale s'inscrit dans la vision trumpiste de la gouvernance : réduire le rôle de l'Etat et privatiser de nombreuses fonctions fédérales. « Il ne s'agit pas d'un plan réfléchi pour optimiser l'administration fédérale, mais d'une stratégie de chaos, visant à affaiblir les institutions et semer l'incertitude », déplore un employé de l'Office of Personnel Management (OPM), sous couvert d'anonymat. Face aux nombreuses critiques, le juge fédéral du Massachusetts a jugé nécessaire de suspendre l'application du programme afin de réévaluer sa légalité et d'assurer que les droits des fonctionnaires fédéraux soient protégés. Un climat social sous tension Alors que la Maison Blanche défend son projet comme un moyen de réduire les dépenses publiques, les syndicats et les procureurs généraux démocrates exhortent les fonctionnaires à ne pas se laisser berner par une proposition jugée floue et non financée. La décision attendue lundi pourrait soit valider le plan de départs volontaires, soit infliger un revers majeur à l'administration Trump, qui devra alors revoir sa stratégie de réduction de l'administration fédérale. D'ici là, l'incertitude demeure et des milliers d'employés fédéraux attendent avec angoisse de savoir si leur emploi est toujours garanti.
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