L'Afrique du Sud a accueilli en héros son ambassadeur Ibrahim Rasool, récemment expulsé par les Etats-Unis. Dimanche 23 mars 2025, à l'aéroport international du Cap, une foule dense s'est rassemblée pour manifester son soutien au diplomate, saluant son engagement et son opposition assumée aux politiques de l'administration Trump. Accompagné de son épouse, Rasool n'a pu quitter le terminal que grâce à l'intervention de la police, tant l'accueil populaire était massif. La scène, marquée par des chants, des slogans et des pancartes, a rapidement pris des allures de manifestation patriotique. « Être déclaré persona non grata est censé vous humilier. Mais quand je vois cet accueil, cette marque devient un insigne de dignité », a déclaré Rasool à ses compatriotes via un mégaphone. Le diplomate, visiblement ému, a ajouté que son retour n'était pas volontaire, mais qu'il n'en éprouvait aucun regret. Il a aussi insisté sur l'importance de réparer les liens entre Pretoria et Washington, tout en rappelant que l'expulsion avait été motivée par un contexte politique tendu et des accusations infondées. Une décision politique L'ambassadeur sud-africain a été officiellement expulsé par les autorités américaines début mars. Le secrétaire d'Etat américain Mark Rubio l'a accusé d'hostilité envers les Etats-Unis et le président Donald Trump, qualifiant ses propos de « racistes et provocateurs ». L'incident diplomatique trouve ses origines dans une conférence en ligne organisée par un think tank sud-africain, durant laquelle Rasool a vivement critiqué la politique migratoire de Trump et sa vision démographique de l'Amérique. Dans ses déclarations, l'ambassadeur a mis en garde contre les discours identitaires et xénophobes, évoquant un avenir où les Etats-Unis pourraient ne plus être majoritairement blancs — des propos qui ont été interprétés à Washington comme une attaque idéologique. Une fracture croissante entre Washington et Pretoria L'incident survient dans un contexte de relations diplomatiques déjà fragiles. En février, Donald Trump a signé un décret coupant les financements américains vers l'Afrique du Sud, l'accusant de soutenir le Hamas et de tenir un discours anti-occidental. Cette mesure a été prise peu de temps après que Pretoria a saisi la Cour internationale de justice pour accuser Israël de génocide à Gaza, dans une démarche judiciaire saluée dans une grande partie du monde arabe et africain. L'expulsion de Rasool marque donc un nouvel épisode de tension entre les deux pays. Mais l'accueil qui lui a été réservé témoigne du soutien national dont il jouit et d'une solidarité politique autour des valeurs qu'il défend. Avec ce retour sous les acclamations, le message est clair : l'Afrique du Sud soutient ses représentants lorsqu'ils défendent la justice internationale et les principes de souveraineté, même face à la première puissance mondiale. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!