Jeudi 26 janvier 1978, une date gravée dans la mémoire de nos parents. C'était un « jeudi noir » pour eux étant donné que des centaines de personnes ont été tuées par les forces armées tunisiennes. Un certain nombre d'entre elles étaient des victimes innocentes. Dans un communiqué rendu public le 25 janvier 2012, l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) a, rappelle-t-on, appelé à l'ouverture d'une enquête sur les tueries et les actes de torture commis lors des événements du « jeudi noir », le 26 janvier 1978. Par respect envers la mémoire de ces disparus, il est nécessaire de savoir pourquoi de nombreux tunisiens ont perdu la vie. Quelles étaient les véritables causes de ces événements tragiques? Tout a commencé le mercredi 25 janvier 1978, lorsque l'UGTT a lancé un appel à une grève générale, suite aux actes de violence, aux provocations et aux tentatives de menaces sur les libertés individuelles. C'était la première grève générale lancée depuis l'indépendance du pays en 1956. La centrale syndicale avait expressément prévu une seule grève pacifique. Mais les évènements ne se déroulèrent pas comme le souhaitaient les protestataires. La veille du 25 janvier, toutes les forces de l'ordre disponibles étaient mobilisées, sur ordre des gouverneurs, pour couvrir tout le pays. Le lendemain matin, des dizaines, puis des centaines et enfin des milliers de manifestants se réunissaient devant les ministères, les grands établissements, au centre ville et dans les quartiers bourgeois. Ils venaient des différentes régions du pays. Tout à coup, vers huit heures, des voitures banalisées sont à l'origine des premières provocations. En réponse, des jeunes installent des barrages, cassent des vitrines, mettent le feu à des bâtiments administratifs. La police est alors débordée. Pour mettre fin à cette terrible situation, Habib Bourguiba, premier président de la République tunisienne à l'époque, ordonna à l'armée d'intervenir immédiatement. Cette dernière entra alors en action, tirant des coups de feu en direction des protestataires. Selon les sources officielles de l'époque, seules 52 personnes ont été tuées. Mais selon des sources médicales, 200 personnes sont mortes, et des milliers d'autres ont été blessées. L'après-midi du même jour, le président Bourguiba, décréta l'état d'urgence avec un couvre- feu qui dura 3 mois. C'est pour ces raisons que cette journée fut surnommée le « jeudi noir ». Aujourd'hui encore, elle reste une date particulièrement sombre dans l'histoire de la Tunisie indépendante.