Le géant allemand du logiciel SAP a confirmé ce dimanche 11 mai qu'il allait supprimer plusieurs de ses initiatives en matière de diversité et d'inclusion, notamment aux Etats-Unis, en réponse aux nouvelles directives imposées par l'administration Trump. Cette décision fait suite à un décret exécutif signé par le président américain dès son retour à la Maison Blanche, déclarant illégaux les programmes DEI (Diversité, Equité, Inclusion) considérés comme discriminatoires envers les critères traditionnels de mérite. Fin des quotas et réorganisation interne Selon un courrier interne consulté par le quotidien économique allemand Handelsblatt, SAP prévoit notamment de renoncer à son objectif d'atteindre 40 % de femmes dans l'ensemble de ses effectifs. Les quotas de genre dans les postes de direction ne seront plus appliqués sur le sol américain, où l'entreprise emploie 17 000 salariés, soit environ 16 % de sa masse salariale mondiale. En 2024, les Etats-Unis représentaient près d'un tiers du chiffre d'affaires global de SAP, ce qui place le marché américain au cœur de ses priorités économiques. En parallèle, la diversité des sexes ne sera plus prise en compte dans le calcul de la rémunération variable du directoire de l'entreprise. Le département interne dédié à l'inclusion et la diversité, auparavant autonome, va également être fusionné avec une autre entité, une décision qui sonne comme un recul structurel et stratégique en matière de gouvernance inclusive. Une conformité à la pression politique américaine Dans un communiqué publié vendredi, SAP affirme « continuer à s'engager pour un lieu de travail inclusif », tout en précisant qu'il entend « se conformer pleinement aux exigences légales dans chaque pays où elle opère ». Une formulation qui traduit la volonté du groupe de naviguer entre ses engagements historiques et les contraintes politiques américaines. Dès son retour au pouvoir, Donald Trump a signé un décret interdisant explicitement les programmes DEI, menaçant de sanctions juridiques les entreprises, qu'elles soient américaines ou étrangères, qui refuseraient de s'y conformer. Ce changement marque une rupture nette avec les politiques de son prédécesseur et place les entreprises dans une situation de choix stratégique complexe entre responsabilité sociétale et conformité légale. SAP, premier d'une série ? Selon la Chambre allemande de commerce et d'industrie (DIHK), plusieurs entreprises basées en Allemagne ont reçu des lettres officielles de l'ambassade américaine pour les alerter sur les risques de maintenir des politiques de diversité non conformes. SAP est le premier groupe allemand coté au DAX à acter publiquement un tel revirement. En avril dernier, la filiale américaine de Deutsche Telekom, T-Mobile, avait elle aussi annoncé l'abandon d'une large part de ses engagements DEI, dans un climat de surveillance renforcée des politiques internes par les autorités américaines. Ainsi, le recul de SAP sur ses engagements en matière de diversité, sous l'effet de la pression réglementaire de l'administration Trump, pose une question de fond sur la capacité des multinationales à préserver leurs valeurs dans des contextes politiques polarisés. Alors que l'inclusivité est devenue un pilier de la gouvernance d'entreprise moderne, l'exemple de SAP illustre les limites de cette ambition face aux logiques de marché et aux tensions géopolitiques. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!