TUNIS (TAP) - De véritables difficultés structurelles de coordination existent en Tunisie, en matière de politiques d'aménagement du territoire, selon le constat partagé par une multitude d'intervenants (ministères, Agences, municipalités, experts…). Ce manque de coordination se traduit par des surcoûts économiques dont la mise en œuvre de politiques réparatrices plutôt qu'anticipatrices (programmes de réhabilitation de quartiers populaires). Ce constat a été le point de départ d'une étude (mars-septembre 2011) sur l' « évaluation de la politique d'aménagement du territoire en Tunisie » durant les dix dernières années. Financée par l'AFD (Agence française de développement), l'étude a pour finalité de contribuer à l'amélioration des performances de la politique d'aménagement territorial. La première phase de cette étude a été présentée lors d'un atelier tenu, mardi, à Gammarth, à l'initiative des ministères du Transport et de l'Equipement, de la Planification et de la Coopération internationale et l'AFD. Cette étude a pour objectif d'analyser les processus d'élaboration et de mise en œuvre des politiques d'aménagement du territoire ainsi que des modalités de coordination intersectorielle. Il s'agit, notamment, de situer le modèle tunisien par rapport à différentes expériences internationales. A noter que cette étude a été réalisée par le bureau d'études tunisien IDEA consult, filiale du groupe STUDI et le bureau d'études français INGEROP (international technical engineering group). Selon M. Rached Ben Romdane, coordinateur général des secteurs équipement, habitat et aménagement du territoire, les faiblesses en matière d'aménagement du territoire persistent depuis quelques décennies. Il s'agit, primo, d'un déséquilibre entre les zones littorales et les régions intérieures, marqué par une concentration de la population sur le littoral qui compte environ 67 pc de la population du pays sur le 1/3 de la superficie du territoire national et une concentration des activités industrielles (87 pc) et touristiques (plus de 90 pc). L'agglomération du grand Tunis compte à elle seule, environ 24 pc de la population totale du pays. Secondo, une migration intérieure importante est enregistrée des régions du Nord-Ouest et du Centre-Ouest vers les régions du Nord-Est et du Centre-Est, malgré les potentialités naturelles existantes dans ces régions. Tertio, une extension urbaine importante est constatée aux dépens des terres agricoles autour des grandes villes, qui se transforment en quartiers populaires sous-équipés. Il en résulte des problèmes environnementaux liés à la pollution dans les grandes zones industrielles et la pression sur les zones fragiles et les zones littorales. Quarto, des ressources en eaux limitées et soumises à une pression et une surexploitation et un problème de désertification qui touche une grande superficie du territoire national. Pour sa part M. Roger Goudiard, directeur de l'AFD Tunis, a souligné que l'objectif de cette étude est d'identifier des pistes d'évaluation pour les présenter au gouvernement afin de développer l'aménagement du territoire et partant promouvoir les autres secteurs (agriculture, industrie…).