LE BARDO (TAP) - La séance du matin de la réunion de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, a été marquée par un long débat instauré autour des derniers événements et des actes de violence commis le week-end dernier et mardi, et qui ont visé les créateurs et les avocats. Au cours de cette séance consacrée à l'examen du projet du pacte républicain, les intervenants ont appelé la Haute instance à prendre une position claire et franche concernant ces événements. A ce propos, M. Seghaïer Ouled Ahmed, membre de la Haute instance, a imputé aux parties islamistes "extrémistes" la responsabilité de "provoquer la rue", condamnant le rôle de certains médias et chaînes satellitaires arabes dans l'embrasement de la situation. De son côté, M. Samir Bettaieb, du parti Ettajdid, a indiqué que "ce qui se passe en Tunisie, ces derniers temps est une conspiration contre la sécurité du pays qui menace le processus de transition démocratique. Pour sa part, M. Moncef Yaakoubi, représentant de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) a fait remarquer que le danger ne menace pas l'identité musulmane de la Tunisie qui est "indiscutable" et qui "ne tolère aucune surenchère". Il a expliqué que le pays fait face à des menaces plus importantes en rapport avec la démocratie et sa consécration effective sur le terrain, ainsi qu'avec l'avenir économique du pays. D'autres membres de l'Instance ont insisté sur la nécessité de faire face à tous ceux qui cherchent à porter atteinte aux symboles religieux de la Tunisie. A cet effet, M. Mustapha Ben AbdelKebir, représentant du Front de Médenine, a dénoncé toute tentative "d'agression contre les symboles sacrés", sous la couverture de la liberté d'expression, alors que Mme Awatef Zarrouk (Parti du développement et de la justice) a souligné que "la liberté d'expression et les libertés individuelles est une chose légitime, à condition que cette liberté soit responsable". Les participants à la réunion ont, par la suite, débattu du Pacte républicain et la plupart des intervenants ont fait part de leur satisfaction du caractère global de ce texte qui expose presque la plupart des principes généraux revendiqués par la plus grande partie des forces vives du pays. Ils ont, d'autre part, souligné que le projet de ce pacte doit préciser que la Tunisie est "un Etat civil qui a un droit positif" où les libertés individuelles sont protégées et qui garantit les droits publics fondamentaux, tels que le travail, l'enseignement et la santé, et où sont consacrés les principes de tolérance et de dialogue. Les intervenants se sont, d'autre part, interrogés sur le caractère contraignant de ce texte, insistant sur la nécessité d'y réaffirmer plus clairement le principe de la République et la séparation entre les pouvoirs, avec la garantie de l'équilibre entre eux. Ils se sont, par ailleurs, intéressés au volet du texte relatif au refus de la normalisation avec l'entité sioniste, appelant à incriminer toute forme de contact avec cette entité ou avec les institutions qui en relèvent. Ils ont appelé à la non adhésion de la Tunisie à toute alliance militaire et "à la présentation d'une quelconque facilité à n'importe quelle force militaire qui envisage d'exploiter son territoire." La séance a été, par la suite, levée. La Haute instance doit reprendre ses travaux aux environs de 15H00 pour l'examen des modifications formelles possibles du Pacte républicain, afin qu'il soit soumis pour adoption, jeudi. La séance de l'après-midi sera, en outre, consacrée à l'examen du projet de décret-loi portant organisation des partis politiques.