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Peut-on justifier la violence et mettre des limites à la liberté d'expression ?
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 05 - 07 - 2011


Par Kahena ABBES
La violence a plusieurs aspects, formes et instruments. Elle peut être verbale, morale, psychologique, physique et consiste essentiellement à porter atteinte à l'autre, en le terrorisant, menaçant, ou en portant préjudice à son intégrité physique.
On peut comprendre l'acte violent, l'analyser, connaître ses raisons, ses motivations, jusqu'à remonter à l'instant de son déclenchement. Mais non pas le justifier, car toute justification lui donnerait une légitimité.
Dire que le titre du film de la cinéaste Nadia El Féni intitulé : Ni Dieu, ni Maître, est provocateur, car il a porté atteinte, aux symboles sacrés du peuple tunisien, c'est justifier toute la violence qui s'est déclenchée le dimanche 26 juin au cinéma Afric' Art à Tunis et les agressions qui ont suivi devant le Tribunal de première instance de Tunis le 28 juin à l'encontre des avocats.
Car la " provocation " est souvent la réponse évidente de l'agresseur face à sa victime. Elle signifie, que la responsabilité de l'acte violent incombe à la victime et non à son auteur, puisqu'elle a provoqué son déclenchement, renversant ainsi les rôles et déculpabilisant l'agresseur, en lui attribuant le droit de commettre son acte afin de se défendre.
Dans une société civique et démocratique, la contestation d'un événement culturel ou politique est organisée et peut être exprimée par un article, une manifestation pacifique, un film, un livre, c'est à dire qu'elle est verbalisée, encadrée. Elle suscite un dialogue avec l'autre, voir même une confrontation d'opinions et d'idées pouvant aller jusqu'à soulever une polémique afin d'empêcher le passage à l'acte et la négation de l'autre.
Les déclarations de certaines parties (institutions, partis politiques, intellectuels, personnalités) qui ont qualifié le titre du film de " provocateur " tout en dénonçant la violence expriment, au fond, une position ambivalente. Elles insinuent que le titre du film a fait appel à la violence et par conséquent, celle-ci peut se répéter et se perpétuer, à chaque fois qu'il y aurait atteinte aux symboles sacrés et à la religion. Ces déclarations ne tranchent pas par rapport à la question fondamentale : la liberté d'expression.
La liberté d'expression, de réflexion et de culte doit- elle avoir des limites ? Si la réponse est positive, lesquelles ?
Si au cours de cette période transitoire, nous allons commencer par délimiter cette liberté en dehors de tout cadre juridique, juste pour arrêter la vague de violence, le processus démocratique sera menacé par la censure d'une minorité, qui tente d'imposer sa lecture de la religion musulmane.
Une lecture salafiste, extrêmement restrictive, qui interdit pratiquement toute expression artistique, toute réflexion, toute liberté de culte et qui ne reconnaît pas la liberté individuelle en tant que valeur.
Que faire de tout le patrimoine arabo musulman , qui a donné naissance à un certain moment de son histoire, à une grande civilisation, grâce à l'apport d'autres peuples ( persans , turques , berbères et autres) comme l'a bien démontré Ibn Khaldûn et grâce à des penseurs qui ont réfléchi , écrit librement , comme EL Maari, Ibn Rochd et les Mootazalites ?
C'est peut être à ceux qui occultent la partie éclairée de cette civilisation et une grande tranche de l'histoire de la Tunisie qui remonte aux carthaginois et aux romains, d'y répondre, car ils véhiculent un discours identitaire, sans se prononcer clairement sur leurs référents.
Si le film de Nadia El Feni était diffusé dans les prochains mois par une chaine étrangère ,faudrait-il interdire la parabole , sous prétexte qu'elle peut porter atteinte aux symboles sacrés du peuple tunisien ?
Que faire des réseaux sociaux, comme Facebook et Twitter qui disposent d'une liberté d'expression illimitée et ont contribué à propager l'information pendant la Révolution tunisienne ?
Plus encore : faut il réviser le programme d'enseignement de nos lycées et facultés et interdire la philosophie et les sciences humaines, tant que leurs principes sont contraires à la religion et à la chariâ ?
Et en glissant sur cette voie faut-il aussi soumettre toute œuvre artistique à la même censure ?
Est-ce pour justifier une telle violence et pour remettre en question la liberté d'expression que la Révolution tunisienne a eu lieu ?
Qui a intérêt à provoquer les mécanismes d'une telle régression ?


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