LE BARDO (TAP) - La séance-débat tenue jeudi par l'Assemblée nationale constituante a été marquée par le retrait de plus de 65 constituants en raison de la décision prise par le président de la Constituante de limiter le temps réservé à chaque intervenant à une minute, une décision qui vise, selon eux, "à restreindre le temps alloué à l'opposition et à la priver de son droit." Les constituants qui se sont retirés de la séance appartiennent aux groupes parlementaires démocrate (31) et d'Al-Aridha, ainsi qu'à d'autres partis à l'instar du Mouvement Echaab, du Parti ouvrier communiste tunisien (POCT) et du Parti du militantisme progressiste (PMP). La séance a été interrompue dès son démarrage en raison d'une panne technique au niveau des micros et elle n'a pu être reprise qu'après plus d'une heure. La constituante Maya Jribi (Groupe parlementaire démocrate) a manifesté sa protestation contre la décision du président de l'Assemblée, dès lors qu'elle n'offre pas aux représentants du peuple d'exprimer leurs points de vue, notamment à l'heure où le pays vit, estime-t-elle, "une conjoncture économique et sécuritaire délicate qui impose un dialogue sérieux et constructif avec le gouvernement." Elle a, également, déclaré que "l'opposition a besoin de plus de temps pour relater les préoccupations du peuple". Des constituants représentant des partis qui n'appartiennent pas à des groupes parlementaires (Mouvement Echaab, POCT et PMP) ont dénoncé, dans un communiqué distribué dans le hall de l'Assemblée nationale, ce qu'ils ont considéré comme étant "une mauvaise gestion" des séances plénières de la part du président de la Constituante et ont protesté contre leur exclusion des réunions de coordination préparatoires de ces séances. Ils ont appelé à être représentés dans ces réunions afin de pouvoir communiquer leurs vues. D'autres constituants parmi ceux qui se sont retirés de la séance-débat ont proposé d'accorder trois minutes au minimum à chaque représentant du peuple pour relater les problèmes de leurs régions. Le président de l'Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaafar a précisé que le temps proposé a été accepté par tous les groupes parlementaires, à l'exception du groupe démocrate, accusant les constituants qui se sont retirés de la séance de vouloir imposer ce qu'il a qualifié "de dictature de la minorité". Il a rappelé que l'Assemblée nationale est régie par un règlement intérieur et que l'organisation des séances plénières relève du Bureau de l'Assemblée. Le président de l'Assemblée a tenu à poursuivre la séance-débat vu que le quorum le permettait et ce en dépit de la demande du constituant Khemaïes Ksila démissionnaire du parti Ettakatol) de la reporter.