Tweet Share TUNIS (TAP) - Des membres de l'Assemblée nationale constituante (ANC) ont mis en garde contre une constitution restreignant les libertés d'opinion, d'expression et de création. Ces derniers participaient à une rencontre organisée, vendredi soir , à l'initiative du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) sur le thème « la constitutionnalisation de la liberté de l'information et les instances de régulation». Les constituants ont évoqué le désaccord qui existe entre les députés du mouvement Ennahdha et ceux appartenant à d'autres groupes au sein de l'ANC sur, justement, les articles relatifs à la presse et à l'information. Un membre de la commission des droits et des libertés, du «Mouvement du peuple» Mourad Amdouni, a confié que l'article relatif à l'information a été le plus débattu par la commission, représentée en majorité par la Troïka. A travers leur suggestion, les députés d'Ennahdha cherchent à limiter la liberté d'information et d'expression, sous prétexte de protéger l'ordre public et les bonnes moeurs, a-t-il relevé. Il a ajouté que, malgré avoir voté majoritaire pour une liberté illimitée d'information, d'expression et de création, il est possible que cette donne change au profit du groupe Ennahdha lors de la séance plénière qui sera consacrée à la discussion du projet de constitution. Amdouni a exprimé la crainte de voir les médias manipulés à travers l'ANC au profit de la Troïka, parlant de l'apparition de signes de régression du rendement du secteur public, citant, en particulier, les chaînes nationales 1 et 2. Un représentant de la Pétition populaire (Al Aridha) Skander Allagui, a exprimé sa foi en le rôle des médias, en cette phase de transition, dans la préservation des acquis de la révolution. Le plafond des libertés doit être fixé par les journalistes eux même, a-t-il appuyé. Un membre de la commission des instances constitutionnelles (Ettakatol) a affirmé que la commission a proposé de confier à une instance publique et indépendante, l'organisation et la réforme du secteur de l'information. Composée de 9 membres indépendants élus par le législatif pour un mandat de 5 ans non renouvelable, cette structure aura également pour mission, de défendre la liberté d'expression et d'accès aux sources d'information. Mustapha Letaif, juriste a indiqué que le fait de procéder à l'élection des membres de l'instance indépendante de l'information est de nature à exclure les journalistes en exercice et les propriétaires d'institutions médiatiques et à ouvrir le champ devant les appartenances politiques étroites, d'autant que le pays n'a pas encore choisi son système politique. Il a ajouté que le mandat des membres de cette instance varie, dans la plupart des pays, entre 4 et 5 ans avec renouvellement du tiers. La durée du mandat peut atteindre six ans non renouvelables. Le constituant, Hichem Hosni du parti du militantisme progressif a souligné que l'opposition en Tunisie mène "un vrai combat pour instaurer une démocratie réelle fondée sur la liberté de la presse et l'indépendance de la justice", appelant les professionnels du secteur de l'information et les membres de la société civile à soutenir les forces progressistes dans leur lutte pour la liberté d'expression et d'information. Les professionnels présents ont fait part de leur détermination à défendre avec force la liberté d'expression et d'information. Mohamed Bechir Chakakou a estimé, à cet égard, que la non application des décrets-lois 115 et 116 suscite certaines craintes quant aux véritables intentions à l'égard de ce secteur vital. Hichem Snoussi a critiqué la méthodologie suivie par la commissions "Droits et liberté" et "Instances de régulation" dans l'écriture des projets proposés. Il a précisé, à cet égard que ces commissions auraient du auditionner des experts du domaine et des professionnels du secteur pour prendre connaissance de leurs suggestions et préoccupations. De son côté, Mongi Khadhraoui a indiqué que le gouvernement provisoire a dérogé à la loi dans le secteur de l'information au vu et au su de l'Assemblée nationale constituante puisque les décrets-loi 115 et 116, parus au Journal officiel de la République Tunisienne sont restés lettre morte. "Il n'existe pas de volonté politique visant à consacrer la liberté d'expression et d'information", estime Mongi Khadhraoui en évoquant la position du groupe parlementaire du parti Ennahdha concernant cette question, s'interrogeant sur la manière de définir ce qui est sacré de ce qu'il ne l'est pas. Il convient de souligner que les membres de l'ANC qui ont participé à cette veillée ramadanesque appartiennent, notamment, au groupe démocratique et au groupe "Wafa", outre des indépendants. Les représentants du parti Ennahdha se sont excusés de ne pas pouvoir prendre part à cette rencontre, a indiqué Najiba Hamrouni, présidente du syndicat des journalistes Tunisiens. Tweet Share Suivant