«Si vous voulez faire une œuvre durable, soyez patients, soyez bons, soyez vivables, soyez humains !», Amadou Hampâté Bâ Durant deux jours, la commission des Droits et des Libertés a tenu deux réunions-débats au sein du siège de la Constituante. Les 23 et 24 avril 2012, les membres de ladite commission se sont entretenus avec deux représentants de la Société civile pour traiter de deux sujets totalement différents mais dont l'objectif est le même : constitutionnaliser les libertés et les droits. Effectivement, il s'agissait, tout d'abord, de l'organisation non gouvernementale Article 19, qui milite pour la liberté d'expression et le droit à l'information. M. Hichem Snoussi, président du bureau Article 19 Tunis a débattu de la situation actuelle des médias. Après une brève et riche présentation de l'organisation Article 19, M. Hichem Snoussi, expert en journalisme, a montré l'urgence de la constitutionnalisation de la liberté d'expression et du droit à l'information comme les garants de la démocratie en Tunisie. Il a, notamment, souligné que le plan d'Article 19 est de visiter les régions qui ont le plus été touchées par le régime défunt dans le but de partager avec eux l'élaboration de la Constitution et de donner la voix aux jeunes et moins jeunes de ces villes. Après un séminaire à Sbeïtla (gouvernorat de Kasserine) et au Kef, en la présence d'experts, de juristes, de journalistes et de défenseurs des droits de l'Homme, des recommandations des deux régions et deux rapports finaux co-rédigés par les habitants du Kef et de Kasserine, que les responsables d'Article 19 ont remis à la commission des Droits et des Libertés. Par ailleurs, M. Hichem a rappelé que le droit à l'information doit être sacré pour tous les Tunisiens, un droit inscrit dans le texte des Nations-Unies où une loi entière lui est consacrée, mentionnée avant même le texte relatif à la liberté d'expression. Dans ce modèle évoqué par le directeur d'Article 19 Tunis, le texte de loi donne la primauté à la corruption financière et au rôle du droit à l'information dans la divulgation des dessous louches de corruption. «La liberté d'accès à l'information est le meilleur outil de dénonciation de la décrépitude, a rajouté M. Snoussi ». Ce n'est qu'après que ledit texte formule que le droit d'accès à l'information facilite le travail du journaliste. Les médias publics, contre-pouvoir contesté Poursuivant, le directeur d'Article 19 Tunis, soutient que cette loi qui milite pour le droit à l'information a été plus promulguée pour lutter contre la corruption que pour donner la liberté d'expression aux médias. C'est dans se sens-là que ce droit est plutôt bénéfique au citoyen qu'au journaliste. Le citoyen sera désormais au courant en matière de marchés, d'appels d'offres, de marchés et de concours. Continuant dans le même axe, M. Snoussi a cité l'exemple de l'Afrique du Sud, qui « dont l'expérience devrait (nous) servir de modèle sur ce plan-là. C'est un pays a recouru au droit d'accès à l'information pour lutter contre la corruption.» Dans le cas de la Tunisie, M. Snoussi a évoqué la mise en place précipitée du décret de la loi 41 qui a sacralisée le droit à l'information afin de lutter contre les affaires de corruption. Il rajoute : «Je tiens à rappeler que dans le gouvernement précédent, on a refusé les décrets 115 et 116. Il a fallu qu'il y ait deux manifestations devant le Premier ministère et au sein du SNJT (Syndicat national des journalistes tunisiens). Par contre, le décret 41 a été promulgué vu que c'est plus décisif et qu'il y avait eu des négociations avec la Banque Mondiale. Les présents à la commission ont été d'accord à l'unanimité sur le rôle fondamental du droit d'accès à l'information que ce soit sur le plan économique, social ou médiatique. Sur la question de la réforme des médias publics et la guerre déclarée à la chaîne nationale, M. Snoussi a insisté que cela ne devrait pas se passer hors du circuit médiatique lui-même. Le secteur, et pour garantir son indépendance et sa neutralité, devra être seul maître de son destin. «En tant que 4ème pouvoir, les médias représentent le contre-pouvoir non pas dans le sens péjoratif, les médias doivent être réformés et assainis, mais cela ne devrait pas se passer de manière abusive et anarchique. Je tiens à rappeler que dans les régimes démocratique, la garantie de la démocratie s'exerce dans l'équilibre entre les pouvoirs et les contre-pouvoirs. Les médias publics, telle que la chaîne nationale a le droit à la neutralité, l'objectivité et l'indépendance. Un média public doit être du côté du peuple et non au service du pouvoir en place ou de la Gauche. Limoger les médias revient à dire, accepter de nouveau l'installation de la dictature et le retour de la censure. » Aujourd'hui, M. Snoussi soutient que l'urgence, est à la réforme positive des médias. Le processus de réforme a déjà été entamé. Des sessions de recyclage des journalistes, des formations continues assurées par des experts sont les meilleurs outils de réforme. C'est dans ce sens que l'Instance indépendante pour la réforme de l'information, dont notre interlocuteur est membre, travaille.