Tweet Share Barcelone T(AP) - Plus de 5,2 millions de Catalans sont appelés à se rendre aux urnes dimanche pour renouveler les 135 sièges du parlement de cette région autonome du nord-est de l'Espagne pour des élections, très suivies en Espagne et en Europe, en raison du climat de vive tension qui règne entre le gouvernement catalan, dirigé par la coalition nationaliste "Convergencia i Unio" (CiU), et l'exécutif central du conservateur Mariano Rajoy. Le président sortant de la Catalogne et candidat pour un second mandat, Artur Mas, en conflit ouvert avec Madrid depuis le refus du gouvernement central d'accorder à cette région l'autonomie fiscale, à l'instar du Pays-basque et de la Navarre, a appelé fin septembre à des élections anticipées, deux ans avant la date prévue, et promis d'organiser, en cas de victoire, un référendum sur l'autodétermination de la région durant la prochaine législature. Le refus du gouvernement central de négocier un nouveau "pacte fiscal" avec la Catalogne qui s'estime lésée par le système de répartition des recettes fiscales, a consommé la rupture entre les deux parties. La Catalogne, confrontée à une grave crise économique et financière avec une dette record de près de 44 milliards d'euros, affirme souffrir d'un déficit fiscal annuel de 16 milliards d'euros, et accuse le gouvernement central d'être responsable de ses difficultés financières. Le projet d'Artur Mas d'organiser une consultation en vue de permettre aux Catalans de s'exprimer "librement et démocratiquement sur leur avenir", a été dénoncé par le gouvernement de Mariano Rajoy comme une "menace pour l'"unité" de l'Espagne. Faisant fi des mises en garde du gouvernement espagnol qui ne cesse de souligner qu'il fera tout pour empêcher la tenue de ce référendum, le président catalan réaffirme que cette consultation se fera "avec ou sans" l'accord de Madrid. "Nous nous battons pour le principe de la liberté et le principe de démocratie. Nous essayons d'obtenir une large majorité dimanche prochain pour construire l'avenir de notre nation", a souligné le candidat de CiU vendredi soir à Barcelone lors de la clôture de la campagne électorale. Toutefois, comme lors de toutes ses interventions depuis le lancement du débat électoral, le dirigeant catalan n'a à aucun moment utilisé le terme "indépendance". Depuis Bruxelles où il participait vendredi à un conseil européen, le chef de l'exécutif espagnol a encore une fois mis en garde Artur Mas. Les élections anticipées convoquées par ce dernier ont causé une "grande division", selon les propos de Mariano Rajoy. "Je ne sais pas à quoi va servir tout cela" (élections), s'est-il interrogé, appelant à faire prévaloir "la sagesse et le sens commun". "Sinon, a-t-il prévenu, les choses vont être très compliquées". Les plans d'Artur Mas inquiétent aussi une partie de la communauté d'affaires en Catalogne. Plusieurs groupes espagnols et multinationales ont annoncé récemment qu'ils comptent quitter la région pour s'installer ailleurs en cas de séparation avec le reste de l'Espagne. Selon Mariano Ganduxer, fondateur de Fem Pinya, une organisation patronale regroupant 170 entreprises, une éventuelle indépendance signifierait une sortie de l'Union européenne et des conséquences "dramatiques" sur la balance commerciale. "Artur Mas n'ira pas jusqu'au bout dans son projet. Ce qui paraît logique, c'est que des négociations vont avoir lieu sur le pacte fiscal et que tout cela est une stratégie pour se positionner chacun comme le plus fort", estime de son coté Joaquin Molins, professeur de Sciences politiques à l'Université de Barcelone. Plusieurs responsables européens se sont invités au débat électoral en soulignant qu'en cas de séparation avec le reste de l'Espagne, la Catalogne serait exclue de l'UE, un scénario que redoute la majorité des Catalans. Selon un récent sondage publié dans le quotidien El Pais, 46 pc des Catalans seulement répondraient oui à une question sur l'indépendance, mais ce pourcentage tomberait à 37 pc si la Catalogne devait sortir de l'UE. Selon plusieurs sondages, publiés dimanche dernier par la presse espagnole et catalane, les nationalistes de CiU sont donnés vainqueurs des élections anticipées du 25 novembre, mais sans majorité absolue. La coalition catalane obtiendrait entre 62 et 64 sièges sur les 135 sièges que compte l'assemblée régionale. Tweet Share Précédent Suivant