TUNIS, 10 mai 2010 (TAP) - Le système financier maghrébin, gagnerait à avancer davantage sur la voie de l'harmonisation des réglementations, de la restructuration de ses établissements, d'ancrage des bonnes pratiques de la gouvernance et de libéralisation des monnaies de la région, afin de pouvoir jouer pleinement son rôle de catalyseur de l'intégration économique maghrébine. Ces propositions ont été développées par les participants au troisième panel du deuxième forum des hommes d'affaires maghrébins, ayant pour thème «le système financier: moteur de l'intégration économique maghrébine». Pour M. Idriss Fares, secrétaire général de l'Union des banques maghrébines (UBM), «le système financier Maghrébin est un espace à géométrie variable qui est confronté à une absence de communications institutionnelles dédiées aux opérateurs et entrepreneurs maghrébins désireux de se développer dans cet espace régional. Il a recommandé, à cet effet, de s'orienter vers les marchés internes, qualifiant ces derniers de gisements de croissance à moyen et long termes et d'inciter les entreprises financières y compris les postes, à compléter le paysage concurrentiel, de part leur poids et la qualité de leurs prestations de services. Evoquant le rôle du secteur bancaire dans l'accompagnement des échanges et des investissements inter-maghrébins, M. Fares a indiqué que les banques maghrébines sont les seules à pouvoir identifier les besoins de financement des investisseurs locaux (clients, importateurs et exportateurs), compte tenu de leur maîtrise totale des produits, des services et des mécanismes de l'international pour assurer un dénouement sécurisé des transactions. Il a passé en revue les problèmes rencontrés par les investisseurs désireux de s'implanter dans un autre pays maghrébin, dont, notamment, le manque d'avantages spécifiques et d'encouragements incitatifs en comparaison avec ceux offerts aux investisseurs non maghrébins, les difficultés d'accès au marché maghrébin du travail pour faciliter la migration des expertises et l'absence de structures officielles d'accueil et d'orientation pour assister le potentiel investisseur. M. Fares a recommandé d'accélérer le lancement de la Banque Maghrébine d'investissement et de commerce extérieur (BMICE) afin de lui permettre de jouer pleinement son rôle en la matière. Analysant "les alternatives à l'union monétaire maghrébine", M. Ahmed El Karam, vice-président d'Amen Bank, a indiqué que la réalisation du projet de l'union monétaire maghrébine demeure tributaire de plusieurs conditions. Il s'agit essentiellement de l'ancrage des pratiques de bonne gouvernance dans la région, la libéralisation progressive des monnaies maghrébines et l'adoption d'une politique monétaire basée sur l'offre et la demande de la monnaie, l'objectif étant de fixer un taux d'intérêt d'équilibre. Au cours du 4ème panel, M.Slimane Echhoumi, président du conseil du marché financier libyen et secrétaire général de l'Union des bourses arabes, a mis l'accent sur la faiblesse de l'apport des bourses maghrébines. Le nombre des entreprises cotées en bourse en Libye, Tunisie, Algérie, Maroc (sans compter la Mauritanie qui n'a pas de bourse), précise le responsable, ne dépasse pas les 138 avec un volume de transactions estimé à 87 milliards de dollars, sur un total de 1500 entreprises cotées au niveau arabe avec un volume de transactions qui atteint les 900 milliards dollars. Le responsable a indiqué que le volume des investissements libyens dans les bourses maghrébines ''est le plus faible''. Il a mis l'accent sur l'absence d'incitations au profit des hommes d'affaires pour investir dans les différentes bourses de la région. Toute croissance économique dans la région passe obligatoirement par la bourse, souligne encore le responsable libyen. D'autres hommes d'affaires ont proposé de créer "un guide d'investissement maghrébin unique", d'unifier les législations réglementant l'investissement dans les pays de la région, notamment dans les secteurs prometteurs (technologies de l'information et de la communication, énergies renouvelables..). Ils ont également souligné la nécessité d'adopter les critères de la qualité européens eu égard aux relations étroites établies entre les économies du Maghreb arabe et l'Union européenne (UE).