TUNIS, 12 mars 2011 (TAP) - L'association de vigilance et d'engagement pour la révolution tunisienne et son immunité(AVERTI) organise les 12 et 13 mars à Tunis, un colloque international sur le thème ''Passions, pouvoirs et institutions''. Fondateur d'''AVERTI'', le Pr Youssef Seddik a indiqué, lors de la présentation du colloque, que cette association part du constat que la parole et la pensée sont des outils parfois oubliés de la révolution. ''L'on n'agit pas que par les manifestations, les sit-in, les protestations et les cris de ''dégage!''", a-t-il expliqué, soulignant la nécessité d'accompagner cela par une pensée élaboratrice et constructive autour d'un discours clair et cohérent. Invité à intervenir dans ce colloque, l'ancien diplomate, militant pour les libertés et écrivain français Stéphane Hessel, a lancé un ''Bravo'' au peuple et à la jeunesse tunisienne, soulignant '' l'importance de continuer à donner l'exemple à l'ensemble des sociétés arabes dont le renouvellement sera un signe prometteur pour l'ensemble du monde''. Dans une déclaration à l'agence TAP, Il a invité les Tunisiens à ''savoir raison garder et de ne pas se laisser emporter par l'enthousiasme et les émotions'', les incitant à '' agir avec stratégie et intelligence''. ''Les problèmes à long terme ne peuvent se régler d'un battement d'aile'' a-t-il noté, comme pour appeler à la patience. Il a préconisé l'importance de mettre les valeurs de la démocratie, de la liberté et de la dignité des personnes à la base de la reforme politique souhaitée. L'éditorialiste français et co-fondateur de l'hebdomadaire ''Le Nouvel Observateur'', Jean Daniel, a souligné pour sa part la nécessité de passer de l'émerveillement et de la fierté à la construction, ''en faisant preuve du même enthousiasme pour remplacer l'ancienne dictature par une démocratie véritable''. ''Il ne faut pas céder à la division'' a-t- lancé, mettant en garde les jeunes contre toutes les formes de récupération. Pour Yacine Essid, ancien doyen de la faculté de Lettres de Sfax, les Tunisiens doivent rester extrêmement vigilants à l'égard de la politique du gouvernement provisoire.'' Notre avenir en dépend'' a-t-il estimé. ''Les mois qui succèdent à la révolution sont les plus importants, non seulement pour le succès et l'aboutissement des revendications de celle-ci, mais également pour tout l'avenir du pays. Il ne faut pas que la révolution tunisienne soit récupérée par n'importe qui'' a-t-il prévenu, appelant à ''envisager un autre modèle économique, culturel et éducatif''. Les travaux se sont poursuivis, l'après midi, avec une communication du Pr Mohammed Ali Halouani, intitulée ''Passion de vie, naissance d'un peuple: autour du poète Abou Al Kacem Chebbi'', dans laquelle il a évoqué, en philosophe qu'il est, la poésie de Chebbi, notamment son poème ''la volonté/ passion de vie''. Revenant sur la nouveauté radicale de cette oeuvre, il a mis en exergue, à la lumière de la révolution tunisienne, son aspect prophétique, voire performatif. La poésie de Chebbi est portée par l'émergence du peuple comme sujet fondateur et exclusif d'une nation moderne, a-t-il fait remarquer. Elle est également l'expression de l'affirmation du peuple libre comme sujet autonome, libéré du poids de la providence et de la prédestination, a-t-il ajouté. M.Ezzeddine Bach Chaouch, ministre de la Culture, a assisté à la séance d'ouverture de ce colloque, marquée par la participation de nombreux hommes de culture, étudiants et journalistes. Le colloque reprendra dimanche, au siège de l'Ecole nationale d'administration (ENA), avec, au programme, les communications du psychanalyste et professeur de littérature (Montréal) Michel Peterson sur ''Le corps déshumain'', du philosophe et anthropologue Youssef Seddik sur ''L'islam: passion et représentation'', et du psychiatre et psychanalyste Essedik Jeddi sur ''Pouvoir être, pouvoir savoir''.