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Interview de Azzam Mahjoub, économiste, expert auprès d'organismes nationaux et internationaux
Publié dans TAP le 18 - 04 - 2011

Revoir le modèle économique sur la base d'un compromis national
TUNIS, 18 avr 2011 (par Nedra Boukesra)- L'économie tunisienne minée par une corruption systémique, a besoin, à moyen terme, de revoir sur la base d'un compromis national, son modèle de développement, de manière à atteindre la convergence et éliminer les disparités, estime M. Azzam Mahjoub, économiste, expert auprès d'organismes nationaux et internationaux, dans une interview à l'Agence TAP.
Pour ce consultant international, le pays a plus que jamais besoin de consensus, pour mener sa transition à bon port. Il doit, également, établir avec l'Union européenne (UE), de nouveaux rapports de convergence dans les domaines institutionnel et économique.
Vous avez contribué à l'élaboration de plusieurs rapports sur la situation économique et sociale en Tunisie et dans le monde arabe.
Quel regard portez-vous sur le développement humain actuellement, dans le pays ?
La Tunisie sensée être un pays développé, présente une image totalement différente, quand on raisonne au niveau régional.
Une des raisons expliquant le faible niveau de développement humain dans le pays, réside dans le taux d'analphabétisme des adultes, estimé à 18% à l'échelle nationale. Ce taux double et même plus, dans les régions rurales.
Il est inadmissible aujourd'hui, que la Tunisie, après 60 ans d'indépendance, ait un taux aussi important d'analphabétisme des adultes, surtout en milieu rural.
Si j'ai une recommandation à faire aujourd'hui, c'est d'éliminer d'ici deux à trois ans au maximum, l'analphabétisme, talon d'Achille du développement de la nouvelle Tunisie. L'objectif est à la portée, si nous arrivons à mobiliser la jeunesse et les étudiants.
Le développement local et la démocratie locale constituent également, des chantiers prioritaires à mon avis, basés que la dynamisation du rôle des municipalités et des structures régionales.
Aujourd'hui, le citoyen est appelé à participer au processus de développement, qui ne peut être décidé d'en haut par un responsable résidant à Tunis, pour des régions où il n'a jamais mis les pieds. Il faut, en outre, se préoccuper des disparités régionales sur les questions de développement majeures.
Dans le domaine de la santé, il faut remédier aux insuffisances notoires en matière d'infrastructure et d'encadrement médical.
Pour ce qui est de l'enseignement, il importe de s'attaquer aux problèmes de l'abandon scolaire, du redoublement et de la qualité de l'enseignement. Bien sûr, nous avons gagné en terme d'espérance de vie, mais au niveau des régions, les disparités restent énormes.
Nous devons donc, nous atteler à l'amélioration de toutes les composantes de l'indicateur de développement (santé, éducation, emploi et revenu) outre la révision de tous les filets sociaux.
L'économie doit être au service du citoyen et de l'équité. La croissance n'est pas une fin en soi, mais un moyen permettant d'aller vers l'essentiel, en l'occurrence le bien-être de l'être humain.
Nous sommes dans une phase de transition, il n'est pas question de remettre en cause d'une manière fondamentale le modèle de développement mais à l'avenir, on aura de grands débats sur ce modèle.
Il faut concevoir véritablement ensemble, le modèle de développement que nous voulons pour le pays, sur la base d'un compromis national.
Quelles doivent être les priorités de la Tunisie actuellement, dans ce domaine ?
La convergence régionale consiste à faire en sorte que l'intérieur rattrape le littoral sur plusieurs indicateurs (infrastructure routière, services de santé..) et ce dans un délai raisonnable.
Il s'agit de planifier à moyen terme (10 ans par exemple), pour réaliser ce rattrapage, au demeurant à notre portée, en mettant en place tout l'arsenal nécessaire, en termes d'investissement et d'infrastructure.
Il y a des schémas de développement qui peuvent être élaborés par des techniciens dans ce domaine, pour éviter les dérapages au niveau macro-économique et préserver les fondamentaux de l'économie. J'estime que l'approche par les droits est intéressante dans ce domaine.
Toutefois, nous pouvons être originaux et éviter de copier les expériences d'autres pays.
Le même objectif de convergence doit être ciblé au niveau des relations de la Tunisie avec l'UE, pour que le Sud puisse rattraper le Nord. C'est ce qui s'est passé pour les Portugais et les Espagnols, qui ont réussi leur convergence avec l'Europe.
Cette convergence passe autant par l'économique que l'institutionnel. Nous devons débattre avec l'Europe sur le modèle de coopération qu'elle nous propose. Est-il adapté à nos besoins après cette révolution? Ou bien, faut-il changer de paradigme d'autant que le pays est en train d'évoluer?
Vous avez parlé de l'approche de développement par le droit, pouvez-vous nous éclairer davantage sur cette approche ?
Le droit au développement a été consacré par une conférence internationale depuis déjà plusieurs années. Il matérialise et consacre la jouissance effective des droits économiques, sociaux et culturels (santé, éducation), autant que des droits politiques et des libertés civiles.
Ceci rejoint les premiers slogans de la révolution tunisienne, revendiquant les droits au travail, au développement équitable, à la justice sociale et à la lutte contre la corruption.
Par conséquent, il est difficile de concevoir le respect des droits économiques et sociaux fondamentaux, sans le principe de démocratie, donc de la participation effective des citoyens à l'exercice du pouvoir.
En effet, nous avons assisté à ce grand soulèvement populaire car la corruption s'est systématisée au cours des dernières années. La prolifération de cette pratique passe en fait par trois stades.
Au départ, la corruption est épisodique. Elle devient, ensuite, systématique puis systémique quand l'ensemble de l'édifice politique économique, social et institutionnel est dévoyé et miné par des pratiques de corruption. Lequel terme désigne également, le clientélisme et les situations de rente.
En Tunisie, nous avions un système économique «pseudo-libéral». Il était, en fait perverti, par une corruption systémique, d'ou la difficulté aujourd'hui de reconstruire. Nous ne pouvons pas parler de reconstruire l'économie sans prendre en compte tout l'édifice politique, social et institutionnel.
La question centrale qui se pose actuellement est la suivante: Comment peut-on aller véritablement vers un système où la transparence est la règle, l'Etat de droit, effectif et la justice, indépendante ?
En ce qui concerne le monde des affaires, il faut être conscient que par-delà les difficultés actuelles, il reste perverti par la corruption et la compromission dans le cadre d'un système quasi mafieux.
Quelle est votre appréciation de la situation actuelle de l'économie tunisienne ?
A court terme, la situation est difficile certes mais c'est le prix de notre liberté, il n'y a aucune révolution au monde ou la post-révolution ne se traduise pas, par des difficultés. Nous avions un système qui tenait par la force, la dictature, la perversion et la corruption. La déstabilisation est donc, inévitable.
Les difficultés dans ce domaine sont réelles avec des manques à gagner en matière de production et d'exportation outre les pertes subies du fait des pillages et des actes de destruction orchestrés et organisés.
Cependant, si nous examinons les fondamentaux de l'économie (inflation, déficit budgétaire, endettement et opérations courantes), ils ne sont pas au rouge mais plutôt à l'orange.
La déstabilisation en Tunisie n'a rien à voir avec celle constatée au Portugal et en Espagne après leurs révolutions. Je pense que la situation actuelle est tributaire de la relative stabilité du pouvoir provisoire.
Certes, les réserves de changes sont en baisse mais cette situation n'a rien à voir avec la crise que le pays avait traversée en 1986. La Tunisie, était alors, au bord de la faillite.
Concernant l'endettement, la Tunisie est considérée comme étant moyennement endettée, mais il faut toujours rester vigilant.
A l'avenir, la Tunisie sera même, capable, d'avoir des croissances à deux chiffres si la période de transition est bien gérée et si elle parvient à un compromis historique sur son modèle de développement avec une stabilité politique et une justice indépendante.
La reconstruction du pays n'est pas une affaire de semaines ni de mois. Il s'agit d'un processus long, constitué de plusieurs étapes dont l'issue est incertaine. La révolution peut être dévoyée, déstabilisée et confisquée.
Nous risquons alors de voir émerger de nouveau, des formes d'autoritarisme tempérées par quelques niches de liberté formelle.
La reconstruction de la Tunisie est possible, si nous adoptons des objectifs réalisables. Il suffit de voir la manière avec laquelle la jeunesse se déploie, pour reprendre confiance.
Il ne faut pas parler des Tunisiens à la troisième personne. Au lieu de s'interroger, est-ce qu'ils (Tunisiens) sont capables de réussir? il faut poser la question autrement: Est ce que moi, là où je me trouve et dans ce que je fais, je peux m'en tirer ?
La réponse doit être: Oui nous pouvons (Yes we can).
Qu'en est-il des revendications sociales?
Le climat social est entre les mains des partenaires sociaux, d'où l'importance de l'esprit de compromis et de la négociation véritable. Il s'agit d'examiner les moyens de tempérer la demande sociale dans l'étape actuelle, en tenant compte des contraintes économiques et en oeuvrant à répondre aux demandes sociales urgentes, compte tenu de notre modèle économique inéquitable.
Pour résumer, une solution doit être apportée aux revendications urgentes mais l'amélioration substantielle du pouvoir d'achat, doit être ajournée et tempérée, en attendant la création des conditions d'une véritable reprise. Il revient aux partenaires sociaux d'assumer leur responsabilité historique, laquelle est fondamentale pour la gestion du court terme.
A moyen terme, il faut engager de véritables négociations et parvenir à de véritables compromis, auxquels la Tunisie n'est jamais parvenue.
Les hommes d'affaires doivent avoir en tête, à mon avis, qu'ils sont partie prenante dans la construction démocratique, et doivent, par conséquent, se remettre eux aussi, en cause. Il faut, surtout, sortir d'un système clientéliste, pervers et corrompu.
Il importe, aussi, d'avoir un climat des affaires sain et transparent, une justice indépendante et une administration non corrompue.
Cette révolution a pour ultime objectif de construire les fondements d'une autre société et d'une autre économie.
Il s'agit d'être productif, d'assurer une distribution équitable des richesses, d'éviter les situations de précarité manifestes dans l'entreprise et d'y consacrer un minimum de démocratie.


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