TUNIS, 27 avr 2011 (TAP)- "Les problématiques de la transition démocratique en Tunisie" a été au centre d'une rencontre organisée, mercredi, à la faculté de droit et des sciences politiques de Tunisie. Cette rencontre s'inscrit dans le cadre d'une série de conférences-débats organisée par "forum des juristes" de la faculté. "La notion de la démocratie" a été l'intitulé développé par Pr Hamadi Rdissi, spécialiste en sciences politiques, qui a analysé les liens entre cette notion et les principes de liberté et de citoyenneté. Il est nécessaire, a-t-il estimé, de distinguer entre la liberté comme procédure (libertés individuelles et politiques sans distinction) et la liberté en tant que valeur. La démocratie, a-t-il encore soutenu, ne peut être appréhendée dans un cadre idéologique ou dans une approche ou en fonction d'une théorie dans la mesure où cette notion dépasse la dimension politique pour englober la cohésion autour d'un pacte social qui permet de reformuler chaque fois que la situation l'exige. De son côté, l'ancien doyen de la faculté de droit et des sciences politiques de Tunis Chafik Essaïed a, de son coté, évoqué "les dangers de la démocratie". Il a expliqué que les principaux risques pour la démocratie sont "la confiscation de la démocratie" à travers la prise du pouvoir par des méthodes démocratiques, en particulier le référendum populaire déguisé, le soutien de l'armée et de l'église (dans les pays occidentaux). il s'agit aussi du processus visant à étouffer la démocratie à travers une mainmise sur le projet démocratique en cours, citant le cas de la révolution algérienne en 1988 qui a conduit à l'intervention de l'armée, afin d'empêcher la prise du pouvoir par le Front islamique de libération. La démocratie, a-t-il soutenu, se heurte à deux principaux problèmes à savoir l'exercice du pouvoir et la question de la sécurité, qui représentent une véritable menace pour le processus démocratique. Passant en revue les différents courants idéologiques dans le monde arabe, Morched Kobbi, professeur de civilisation islamique a analysé les différentes étapes qui ont marqué la pensée arabe. La première étape, a-t-il précisé, concerne les années 50 et 70 marquées par la construction de l'Etat de l'indépendance, période marquée par la compétition de trois courants (nationalistes, de gauche et islamique). La deuxième étape est intervenue au lendemain de la chute du bloc communiste et l'adoption d'un régime libéral, en tant modèle de démocratie. "les modes de scrutin et les listes électorales" a été la thématique développée par M.Chafik Sarsar, juriste, qui a affirmé que tout mode de scrutin est l'émanation des choix d'un régime politique donné. Le vote à la majorité, a-t-il précisé, donne des résultats inattendus dans la mesure où ce modèle encourage la candidature d'individus qui ne disposent pas de programmes politiques et favorise l'émergence d'hommes d'affaires. il a précisé que le mode de scrutin qui a été adopté pour l'élection de la constituante le 24 juillet prochain, reflète un souci de représenter les différentes régions et de consacrer le principe de la parité entre hommes et femmes.