Des médias libres et indépendants représentent un contre pouvoir nécessaire dans toute société démocratique. En l'absence de cette liberté et de cette indépendance, le jeu démocratique est faussé et laisse la place au retour d'un régime autoritaire. La Télévision Nationale, premier de ces médias, joue un rôle primordial, au vu de son audience et de l'influence qu'elle a sur l'opinion publique. Nous, citoyens animés par la volonté de consolider la démocratie naissante en Tunisie, constatons l'absence d'indépendance des médias en général et de la télévision en particulier et lançons le présent appel pour une télévision de service public. L'état du paysage télévisuel public en Tunisie Depuis le 15 janvier, les médias nationaux, et plus particulièrement la Télévision Nationale (ex TV 7), sont loin des aspirations des Tunisiens à une rupture totale avec la propagande, la manipulation et la main mise du RCD. La télévision continue, depuis, à bafouer le droit des citoyens à une information crédible, c'est-à-dire vérifiée et équilibrée: 1-Au niveau de la hiérarchie de l'information : les Journaux Télévisés (JT) de la Télévision Nationale continuent à accorder la priorité au gouvernement intérimaire au détriment des mouvements sociaux acteurs de la révolution. Depuis le 15 janvier 2011, tous les JT de 20h ont été ouverts sur une actualité officielle calquée sur le modèle unanimiste. 2-Au niveau du traitement de l'information : les JT de la Télévision Nationale sont passés du silence complice sur les massacres programmés des manifestants à la compassion humiliante envers les habitants « des régions défavorisées » et la distribution des liasses de billets aux familles des martyrs. Depuis le Vendredi 28 janvier la rédaction du JT de la Télévision Nationale a franchi un pas supplémentaire en privilégiant la thèse du ministère de l'Intérieur au sujet de la répression des « moôtasimoun » de la Kasbah. 3-Au niveau des responsables de l'information : le remplacement de Chawki Aloui, ancien fonctionnaire du ministère de l'Intérieur, par Béchir Lahmidi, ancien gouverneur est de nature à susciter des interrogations et des craintes malheureusement confirmées par la ligne éditoriale partialement sécuritaire. Appel pour une télévision de service public Tout en saluant les différentes initiatives entreprises aux seins des rédactions pour s'affranchir des directives de tout ordre, les signataires de cet appel exigent l'abolition de toute tutelle sur la Télévision nationale par la création d'une commission indépendante qui sera chargée de : - Nommer immédiatement un nouveau directeur des télévisions nationales qui soit reconnu pour ses compétences professionnelles et son indépendance par rapport à l'ancien régime. - Recomposer des équipes de rédaction selon les critères de non appartenance politique -Mener une enquête sur les liens et les financements de l'audiovisuel public et privé / Présidence, ministère de l'Intérieur, ex ministère des Communications et ATCE. - Mettre en place une autorité de régulation des médias qui aura pour mission, dans l'immédiat, de rompre avec le système de propagande, de la censure et de veiller au respect des obligations de tous les diffuseurs. Enfin, nous demandons l'ouverture d'un débat national sur l'audiovisuel de service public pour développer un journalisme démocratique et une culture de bonne gouvernance associant les acteurs de la société civile, les initiatives personnelles et les acteurs de la scène politique. Pétition rédigée le 3 février 2011 Signataires (liste mise à jour le 19 février 2011) : Adel Abid, Universitaire, Président de la Fédération Tunisienne des Cinéastes Amateurs - Houeida Anouar , Experte en TIC - Baccar Jalila, comédienne-Taoufik Baccar, Universitaire -Mohamed Bouabdelli, Président de la Fondation Bouabdelli -Nejib Belkadhi, Cinéaste -Hichem Ben Ammar, Cinéaste documentariste -Sami ben Gharbia, Rédacteur, Nawaat.Org -Noura Borsali, Journaliste et universitaire -Lina Ben Mhenni, Bloggeuse -Ali Ben Salem, Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme- Sihem Ben Sedrine, Journaliste Radio Kalima -Néji Bghouri, Président du syndicat des journalistes Tunisiens - Hasna Bjaoui, Chanteuse - Amel Chahed, Productrice TV/ Juriste - Chouikha Larbi, professeur à l'IPSI – Rachida Ennaifer, Juriste, ancienne Présidente de l'association tunisienne des journalistes - Nadia Feni, Cinéaste - Riadh Ferjani, Sociologue des médias, Université de Tunis-Manouba - Zakiyya Hadiji, Journaliste - Amel Hamrouni, Chanteuse - Abdesslam Hidouri, UGTT, Sidi-Bouzid - Fadhel Jaziri, Artiste - Aderrazak Kilani, Bâtonnier de l'Ordre des Avocats - Nouri Lejmi, Communicateur, Université de Tunis-Manouba - Abdelwahab Meddeb, écrivain - Thameur Mekki, Journaliste - Racha Mezrioui, Sémioticienne, Université de Manouba - Malek Sbaï, Danseuse - Alia Sellami, artiste lyrique - Nawel Skandrani , chorégraphe - Hichem Snoussi, Journaliste TV - Hamadi Rdissi, Universitaire, Professeur en sciences Politiques - Mohamed Talbi, Penseur musulman et écrivain- Mokhtar Yahyaoui, Juge - GASTELI Jellel, photographe -