Les faux salafistes qui sévissaient sur le web, et qui appelaient à réduire au silence les voix discordante de la culture tunisienne, étaient en réalité de vrais agents de Zaba. L'affaire du «moubid el facebooki» est encore dans les mémoires. Or ce type de manœuvres n'a peut-être pas disparu après la fuite de Zaba. Une vidéo circule en ce moment sur Facebook. Il s'agit d'un extrait d'un programme de la chaîne d'infos en continu France 24. La vidéo en question confirmera ce que les internautes tunisiens savaient déjà : le régime de Zaba agitait l'épouvantail barbu pour faire peur à la population. Les derniers mois du règne de Zaba, les facebookeurs tunisiens ont eu un moment l'impression de faire face à une armada d'extrémistes salafistes, déterminés à trancher dans le vif dans la sphère virtuelle. Ainsi a-t-on assisté à des appels à la vengeance, et même, parfois, au meurtre, qui ciblaient des hommes de culture. Seulement voilà : la parole s'est libérée depuis la chute de Zaba. Et bon an mal an, les masques tombent, un à un. Et il apparait que les obscurantistes religieux qui sévissaient sur le web, et qui appelaient à réduire au silence les voix discordante de la culture tunisienne, étaient en réalité de vrais agents de Zaba. Comme quoi Facebook servaient aux deux camps en Tunisie. Les uns l'ont utilisé comme un mégaphone, un média de mass à la portée de tous, les autres pour semer le trouble, et diviser la population. L'idée étant de séparer les franges conservatrices de la population des militants de gauche. La sinistre opération du «moubid el facebooki» est encore dans les mémoires. Or ce type de manœuvres n'a peut-être pas complètement disparu avec la déchéance de Zaba. Une situation qui n'est pas sans rappeler la brûlante actualité récente et le déchaînement de violence et de barbarie du dimanche dernier, à l'AfricArt. Le scénario se répéterait-il, mais en grandeur nature, cette fois-ci, passant du monde virtuel au réel, des méandres de Facebook à nos ruelles ? Difficile de trancher à ce stade. Il n'empêche. De trop nombreuses anomalies apparaissent, et nos facebookeurs se font du reste un plaisir de les mettre en évidence. A cet égard, M. Samir Bettaieb, du parti Ettajdid, a déclaré, lors d'une réunion de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, que «ce qui se passe en Tunisie, ces derniers temps est une conspiration contre la sécurité du pays qui menace le processus de transition démocratique». Selon l'agence Tunis Afrique Presse (Tap), le président d'Ennadha, Rached Ghannouchi a tenu pour «probable que des personnes qui appartenaient au RCD dissous et à la police politique soient derrière les actes de violence et d'agressions commis mardi contre des avocats devant le palais de la justice et des participants à une rencontre culturelle à la salle "Afric'Art" par un groupe de salafistes dimanche dernier». En d'autres termes, rien ne devrait diviser les Tunisiens dans leur lutte acharnée pour la liberté et la dignité retrouvée. N'en déplaise aux Benalistes qui s'accrochent aux ruines du système.