La dernière livraison de Wikileaks sur la Tunisie a mis le pied dans un plat, pas tout à fait au goût de Microsoft. Et il y parait même que la firme de Redmond a trahi sa propre image, en prêtant main forte au régime de Zaba dans le blocage des fenêtres de la cyber-cité. Nos internautes auront d'ailleurs remarqué, depuis le martyr de Bouazizi l'aspect volatil des vasistas de Bill Gates. Et les rapports de l'officine de Julian Assange ont abondamment cité pour l'occasion, Mme Salwa Smaoui, ex directrice de Microsoft Tunisie, et fraichement promue au poste de Manager de la région MENA de la société éponyme. L'objet du contrat visant à «renforcer les droits de propriété intellectuelle et à développer les technologies de l'information en Tunisie» n'était visiblement qu'un trompe l'œil. La partie cachée de l'iceberg couvrant un projet de surveillance cybernétique dirigé par le ministère de l'intérieur, avec l'appui logistique de Microsoft a été savamment occultée. «L'accord porte également sur la sécurité Internet. Grâce à un programme sur la cybercriminalité, Microsoft formera les représentants du gouvernement au sein des ministères de la Justice et de l'Intérieur à l'utilisation des ordinateurs et d'internet pour lutter contre la cybercriminalité. Dans le cadre de ce programme, Microsoft fournira au gouvernement tunisien les codes source originaux de ses programmes» pouvait-on lire sur les documents de Wikileaks. Mais qu'on se le dise : La myopie du régime despotique avait fait que ses mouchards, pourtant formés par le mastodonte américain, ont pris la «cyber-dissidence» pour de la cybercriminalité. Les infos divulguées par Wikileaks révèleront que le gouvernement tunisien aurait même réclamé un contrat «personnalisé». «Smaoui a également noté que le Gouvernement Tunisien souhaitait un accord «sur mesure» plutôt qu'un programme préemballé qui serait «imposé» à la Tunisie. Cette attitude lors des négociations imposait à Microsoft de se concentrer attentivement autant sur la forme que sur le fond» rapporte le document traduit par Fhimt.com. Le câble de Wikileaks relève entre autres : «Elle a rapporté que certains ministres du GT lui avaient demandé à plusieurs reprises pourquoi, en tant que Tunisienne, elle «travaillait pour les Américains», et que des soupçons frôlant souvent l'hostilité posaient sur les négociations». La note est accompagnée d'un commentaire on ne peut plus explicite sur la vraie nature de l'accord de partenariat entre Microsoft et notre ministère de l'intérieur : «La réticence de Microsoft quant à la divulgation intégrale des détails de l'accord met l'accent sur le fait que le GT fait prévaloir le secret à la transparence. En théorie, augmenter la capacité du gouvernement à appliquer la loi à travers la formation en TI est positif, mais étant donné la lourde interférence du GT en matière d'Internet, il est à se demander si cela ne va pas accroître la capacité du GT en matière de surveillance de ses propres citoyens. Finalement, pour Microsoft les bénéfices l'emportent sur les coûts».