La DCRI et le Raid ont procédé à dix-neuf interpellations vendredi matin, dont celle du leader du groupe salafiste radical Forsane Alizza. La police a saisi des armes et interpellé 19 personnes vendredi à l'aube dans les milieux islamistes radicaux en France, plus d'une semaine après la mort de Mohamed Merah, le tueur au scooter, a-t-on appris de sources proches de l'enquête. Parmi les interpellé figure Mohamed Achamlane leader de Forsane Alizza ("Les cavaliers de la fierté"), un groupe salafiste radical dissous en février par le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, qui l'accusait de préparer à la lutte armée. Sur Europe 1, Nicolas Sarkozy a expliqué que ce coup de filet n'était pas lié "simplement à Toulouse", mais qu'il était "en lien avec une forme d'islamisme radical". Ce type d'opérations "va continuer", a-t-il prévenu au lendemain de l'inhumation de Merah, le "tueur au scooter", qui a assassiné de sang-froid, au nom d'al-Qaida, trois parachutistes, puis trois enfants et un père juifs, les 11, 15 et 19 mars à Toulouse et à Montauban. Réalisé dans le quartier toulousain du Mirail, dans l'agglomération de Nantes, mais aussi en Ile-de-France, à Marseille, à Lyon et à Nice, ce coup de filet n'est "pas directement lié" à l'enquête sur les crimes de Merah, a toutefois confirmé une source policière. Des armes ont été saisies, notamment des kalachnikovs. C'est le cas au domicile d'Achamlane, où les enquêteurs ont retrouvé trois de ces fusils automatiques ainsi qu'un pistolet Glock et une grenade, a précisé une source policière tandis que les perquisitions se poursuivaient en début de matinée. "Nous recherchons surtout des soldats !" Cette opération a été menée par les enquêteurs de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) et de la section antiterroriste (SAT) de la police judiciaire parisienne avec, pour certaines cibles, l'appui de l'unité d'élite de la police nationale, le Raid. Les forces de l'ordre ont agi sur commission rogatoire de la juge antiterroriste parisienne Nathalie Poux dans le cadre d'une information judiciaire pour association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme, selon une source proche de l'enquête. Quand il l'avait dissous, Claude Guéant avait accusé Forsane Alizza de vouloir former ses sympathisants à la lutte armée, de porter "atteinte aux principes républicains" et de vouloir "le règne de l'islam" en France. Son leader, Mohammed Achamlane, avait démenti toute dimension violente de son mouvement, mais sur son site, depuis fermé, le groupuscule affirmait : "Notre organisation prend de l'ampleur et nous avons besoin de main-d'oeuvre fissabililah ("sur le chemin d'Allah", NDLR). Nous recherchons toutes sortes de compétences, mais surtout des soldats !" Interrogé par l'Agence France-Presse au moment de la dissolution de son groupe, Mohammed Achamlane, qui se fait appeler Abou Hamza par ses sympathisants, avait alors prévenu qu'il n'excluait pas la lutte armée à l'avenir : "C'est possible, si l'islamophobie s'intensifie de jour en jour." Des salafistes aux obsèques de Merah Ces interpellations interviennent au lendemain de l'inhumation de Merah au cimetière de Cornebarieu en banlieue toulousaine, en présence d'une trentaine de jeunes de son quartier et en l'absence de membres de la famille du tueur au scooter. Selon Abdallah Zekri, conseiller du recteur de la Grande Mosquée de Paris, qui organisait les obsèques, parmi les jeunes participants à la cérémonie, "il y en avait quelques-uns de corrects, d'autres, quatre ou cinq, qui voulaient crier Allah akbar, des salafistes". Merah avait été tué le 22 mars, au terme de 32 heures de siège par le Raid de l'appartement toulousain où il s'était retranché. Son frère aîné, Abdelkader Merah, 29 ans, figure connue à Toulouse de l'islamisme salafiste radical, a été mis en examen et écroué, soupçonné de complicité dans ces assassinats. Sans qu'il soit mis en examen, son nom était apparu dans l'enquête qui avait conduit au démantèlement en 2007 d'une filière d'acheminement de djihadistes en Irak.