"Nous, Al-Qaida, annonçons cette opération bénie". Dans une vidéo, enregistrée jeudi 17 janvier janvier, l'Algérien Mokhtar Belmokhtar a revendiqué au nom de la nébuleuse islamiste la responsabilité de la prise d'otages du site gazier de Tiguentourine, au Sahara algérien, rapporte dimanche le rapporte dimanche le site internet d'information mauritanien Sahara Media. Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Aboul Abbas ou "Le Borgne" ou encore "Mister Marlboro", a créé en décembre dernier sa propre brigade Al-Mouthalamin ("Les enturbannés"), après avoir fait dissidence ou avoir été exclu d'Al-Qaida au Maghreb islamique — AQMI. Il s'était alors rapproché du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest — Mujao, mouvement qui contrôle une partie de l'est de la région du Mali. Dans cette vidéo que le site n'a pas mise en ligne et dont l'authenticité reste ainsi difficile à vérifier, l'émir de la brigade des "Enturbannés" et fondateur de la brigade de "Ceux qui signent par le sang", qui a revendiqué dès mercredi la prise d'otages, apparaît en treillis militaire, sans turban. Il y fait part de ses revendications. "Nous sommes prêts à négocier avec les Occidentaux et le gouvernement algérien à condition qu'ils mettent un terme à leurs bombardements des musulmans du Mali, en particulier du territoire de l'Azawad et respectent leur choix que la charia islamique gouverne la loi dans l'Azawad", affirme-t-il. DES REPRESAILLES CONTRE L'INTERVENTION AU MALI Le djihadiste algérien affirme par ailleurs que la prise d'otages a été lancée en représailles contre le régime algérien "qui a permis hier aux coloniés d'utiliser notre terre et notre ciel pour tuer notre peuple et nos frères au Mali", selon Sahara Media. L'intervention militaire française au Mali a bénéficié d'un soutien logistique d'Alger, qui a autorisé le survol de son espace aérien par la France. Cela aurait précipité la mise en œuvre de cette opération, préparée de longue date. Un porte-parole de la brigade des Moulathamine ("Enturbannés") a indiqué,à l'agence mauritanienne ANI, que le commando était prêt pour l'opération depuis près de deux mois parce "qu'on savait d'avance que le régime allait bien être l'allié de la France dans la guerre contre l'Azawad". Et d'ajouter : "tout en tenant compte des souffrances du peuple algérien, nous promettons au régime en place plus d'opérations". "En ce qui concerne les Américains, nous disons que nous sommes prêts à échanger l'ensemble de vos otages quand nous aurons obtenu la libération du cheikh Omar Abdel-Rahman et qu'il sera rendu à sa famille en Egypte (...) et notre soeur Aafia Siddiqui (...)", poursuit-il dans la vidéo. Ils sont emprisonnés aux Etats-Unis à la suite d'accusations liées au terrorisme. A ces revendications, diffusées auparavant par l'agence mauritanienne ANI, le département d'Etat américain avait rétorqué que "Les Etats-Unis ne négocient pas avec les terroristes". 40 COMBATTANTS, SELON BELMOKHTAR Commanditaire de l'attaque, Mokhtar Belmokhtar ne faisait pas partie du commando qui a pris d'assaut le complexe gazier de In Amenas, mercredi. Il serait, selon toute vraisemblance, encore au nord du Mali. Dans cette vidéo, il affirme que l'opération a été "menée par quarante combattants immigrés et des membres de différents pays islamiques, dont certains de pays occidentaux au nom de la brigade des signataires par le sang." Au terme de quatre jours d'une prise d'otages spectaculaire, ponctuée par les assauts des forces spéciales algériennes, le ministère de l'intérieur algérien a indiqué samedi soir que les 32 militants appartenant au commando djihadiste qui a mené la prise d'otages ont été tués. "Le groupe terroriste, qui a accédé au territoire national à partir de pays limitrophes, à bord de plusieurs véhicules tout terrain, était constitué de 32 criminels, dont trois Algériens, avec des spécialistes en explosifs", a indiqué le ministère de l'intérieur, ajoutant que "les autres criminels sont de différentes nationalités". Le porte-parole du gouvernement algérien a indiqué dimanche matin que les militants islamistes étaient originaires de six pays et étaient armés de façon à créer des dégâts massifs. En outre, six djihadistes ont été capturés vivants dimanche par l'armée algérienne sur le site gazier de Tiguentourine, a indiqué une source proche des services de sécurité algériens. La chaîne privée algérienne Ennahar avait indiqué plus tôt que les forces spéciales algériennes ont arrêté cinq assaillants dans l'usine gazière, tandis que trois autres étaient en fuite. Depuis le lancement de l'opération militaire, quatre importants chefs djihadistes participant au commando ont été tués, indique le quotidien algérien El Watan. Il s'agit de Abdelrahmane, dit "le Nigérien", du chef "des fils du Sahara pour la justice islamique ", Lamine Moucheneb, alias Taher, de l' Algérien Abou Al-Baraa et du mauritanien Abdallahi Ould Hmeida. D'après les sources djihadistes citées par ANI, le commando était dirigé par Abdelrahmane, dit "le Nigérien" et est composé d'une quarantaine de personnes originaires d'Algérie, d'Egypte, du Niger, du Tchad, de la Mauritanie, du Mali et du Canada qui se seraient infiltrés en Algérie depuis le Niger. Les autorités algériennes avaient, dans un premier temps, indiqué que les preneurs d'otages étaient venus de Libye. Une information aussitôt démentie par les autorités libyennes. L'ensemble de la raffinerie a été miné par le commando, a indiqué la Sonatrach, la compagnie pétrolière nationale algérienne qui exploite le site de Ain Amenas avec BP et Statoil. "Ils étaient décidé à réussir dans leur opération telle qu'elle avait été planifiée, à faire exploser le complexe gazier et tuer tous les otages", a affirmé le ministre de la communication algérien, Mohammed Said, lors d'une interview à la radio publique algérienne. DE NOUVELLES MENACES Dans un communiqué publié dimanche par l'agence mauritanienne ANI, la brigade des Moulathamine ("Les enturbannés") dirigée par Mokhtar Belmokhtar a annoncé "que la prise d'otages d'In Amenas était une opération planifiée à l'avance qui ouvre une série d'attaques visant les 'Croisés'". Dans ce communiqué, le groupe islamiste relate sa version de la prise d'otages sur le complexe gazier de In Amenas et souligne que "la préparation à l'avance de l'opération a pu mettre à profit des renseignements collectés sur différents sites dans différentes régions". "Nous rappelons à nos frères musulmans la nécessité de se tenir à l'écart des sites des sociétés étrangères, notamment françaises, pour protéger leur vie. Enfin nous promettons plus d'opérations pour tous les pays ayant pris part à la croisade contre l'Azawad s'ils ne reviennent pas sur leur décision", conclut le communiqué.