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La version de la famille sur le décès du Dr Selim Gharsallah
Publié dans Tuniscope le 15 - 09 - 2020

Après le décès de Selim Gharsallah des suites de la maladie Covid-19, nous avons entendu différentes versions pour raconter les conditions de sa mort. Face à ce qu'elle a considéré comme des rumeurs, la sœur du défunt médecin, Lilia Gharsallah, a trouvé judicieux de relater les faits réels tels qu'elle les a vécus.
Voici le long message de Lilia Gharsallah la sœur de Selim pour rétablir la vérité :
Bonjours à tous
Par ce message, la famille de notre cher défunt Selim Gharsallah voudrait s'exprimer sur le déroulement de ce terrible drame qui emporta la vie de notre fils, frère et ami.
Mon frère Selim a commencé à avoir des symptômes grippaux et a donc consulté son médecin traitant qui lui a diagnostiqué une grippe et lui a prescrit des antibiotiques sans l'orienter vers un test de dépistage du COVID-19.
Mon frère est resté 3 jours avec des symptômes inquiétant. Malgré la prise d'antibiotique prescrit par son médecin traitant les symptômes persistaient et continuaient même à s'aggraver malgré la prise des médicaments.
Il a donc de lui-même, ainsi que nos parents, essayé de joindre le service s'occupant du dépistage du COVID-19 via les numéros verts mis à la disposition de la population par l'Etat.
Je dis bien « essayer » car en effet, cela a été le parcours du combattant pour réussir à les joindre. Après maintes et maintes tentatives d'appel qui n'aboutissent à rien, c'est plus de 24h plus tard qu'enfin le service décroche. Leur seule réponse est qu'ils ne peuvent pas procéder au test de dépistage sans une prescription de son médecin traitant.
Nous avons donc rappelé le médecin traitant qui s'étonne de cette demande de procédure. Il nous répond qu'il n'y a pas besoin d'une lettre du médecin traitant pour faire le test covid et que le service de dépistage est bien censé se déplacer afin d'effectuer un test covid si une personne présente les symptômes.
Nous revenons donc au point de départ et rebelote, encore le parcourt du combattant pour joindre le service de dépistage et encore une fois c'est au bout de 24h qu'il décroche le téléphone.
Nous avons donc de nouveau demandé une intervention de leur part mais sans prescription du médecin traitant car cela n'était pas une obligation et en leur précisant que les symptômes devenaient de plus en plus inquiétants.
Ce n'est que là qu'ils nous ont répondu qu'ils allaient venir mais personne n'est venu et 24h après cette appel, soudainement et très rapidement, les symptômes de Selim se sont considérablement aggravés. Il était alors en détresse respiratoire et mon cher frère commençait à perdre conscience car il n'arrivait plus à respirer correctement et son cerveau n'était plus assez oxygéné.
Là, mes parents ont réussi à joindre un médecin urgentiste qui est immédiatement venu chez nous et au vu de la gravité de l'état de Selim, a appelé l'équipe médical spécialisé COVID-19 afin de venir chercher d'urgence mon frère et le conduire à l'hôpital. Sauf que l'équipe COVID-19 en question n'a d'abord pas pris au sérieux cette demande du médecin urgentiste qui se trouvait auprès de mon frère, car pour eux c'était un cas qui pouvait se soigner à domicile.
Il aurait fallu poser le téléphone sur la bouche de mon frère qui suffoquait pour leur prouver qu'il était bel et bien dans un état critique et urgent ?
C'était AFFREUX
Après cette malheureuse réaction hallucinante de la part de l'équipe COVID-19, c'est après 2 longues heures qu'ils sont enfin venus chercher mon frère et qu'ils l'ont mis sous oxygène. Il a alors immédiatement ouvert ses yeux, et c'était hélas son dernier regard vers mes parents.
Une fois à l'hôpital, il n'y avait pas de place en réanimation, mais je remercie le médecin urgentiste qui a pu le mettre malgré tout au service d'urgence à l'hôpital Rabta. Merci pour le médecin de ce service qui l'a pris en charge malgré le fait que ce n'est pas le service COVID-19 et qui a fourni tous les efforts pour lui trouver un lit de réanimation très vite.
Mais hélas le cœur de mon frère a lâché quelques heures avant son éventuel transfert en réanimation.
Merci à tous les médecins et personnels soignants de l'hôpital qui ont fait tout leur possible pour permettre à mon frère de rester parmi nous. Merci aussi à ses collègues et amis qui ont remué ciel et terre pour débloquer un lit de réanimation pour Selim.
Mon message est long je le sais mais il est néanmoins nécessaire pour expliquer le plus exactement possible le déroulement de ce drame, au vue des fausses rumeurs qui circulent à son sujet.
Selim est mort et en cette période de deuil, voir autant de fausses rumeurs circuler ne fait qu'augmenter notre peine et notre chagrin. Et un grand merci pour tous les messages de soutient que nous avons pu lire et recevoir, merci à tous.
Allah yarhmak khouya Selim, ton cœur a lâché devant les ravages du covid mais désormais il vit dans mon cœur et dans nos cœurs à tous.


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