Dr Samir Abdelmoumen, membre du Comité national de lutte contre le virus Corona est revenu sur la situation épidémiologique du pays. Dr Addad propose un confinement de quatre afin de casser la chaine de transmission interhumaine. Le seuil de 150 000 nouveaux cas (2605 morts) vient d'être franchi chez nos frères marocains. Il lutte aussi contre ce virus depuis le 2 mars 2020, avec des mesures similaires aux nôtres. Cependant leurs usines ont continué à travailler à un rythme élevé (, notamment pour la fabrication des masques) et leur système de santé public est très délabré. Mais le nombre de cas continue à grimper avec un nombre record hier et un nombre de décès journalier culminant entre 30 et 40 par jour. Ces chiffres certes dans une population 3 fois plus importante que la nôtre, nous montre le drame qui nous attend si nous continuons avec la même vitesse de circulation du virus. L'idée de l'ancien ministre de la Santé et Professeur en Anesthésie Réanimation si Mohamed Salah Ben Ammar de profiter du 15 octobre et du pont automatique des tunisiens pour en faire 4 jours de confinement général est à étudier très sérieusement. C'est une façon intelligente de casser la chaine de transmission interhumaine sans retentissement sur notre économie. Le gouvernement semble plutôt se diriger vers un seuil de morts et de lits saturés pour annoncer le confinement général. La question alors c'est combien de morts faudra-t-il pour que l'Etat réagisse ? Les modèles mathématiques sont là pour anticiper. Nous aurons 500 morts mardi et 1000 morts fin du mois avec les mesures barrières actuelles préconisées. Nous pouvons démentir ces chiffres avec des mesures plus fortes même par à coup et en alternance tout en essayant de sauver le pays de la faillite. D'un autre côté le grand public découvre avec stupeur l'état de nos hôpitaux publics, et même les plus prestigieux et les plus proches du ministère de la santé. Cet état de fait date depuis des années dans l'indifférence totale des différents dirigeants qui se sont succédé. L'hôpital public a été lâché depuis l'époque de Ben Ali et c'est uniquement grâce au dévouement des soignants, que ces hôpitaux malgré tous continuent à donner des soins de qualité dans une hôtellerie médiocre voire inexistante et de réaliser des exploits médicaux reconnus dans le monde entier. C'est aussi ces mêmes hôpitaux qui forment des médecins prisés dans le monde entier. Je veux rendre hommage à tous les soignants qui se battent dans des conditions très difficiles mais qui ont fait le serment de n'abandonner aucun Tunisien. Ceci dit, il y a encore de nombreux problèmes dans nos hôpitaux plus importants que les locaux, ce sont les ressources humaines qui à l'instar du monde entier sont épuisées et manquent de valorisation. La ligne rouge est très proche et je ne souhaite vraiment pas qu'elle soit franchie. Nous devons tous être positif malgré les difficultés à venir, car tous les indicateurs sont en faveur d'une épidémie qui va durer dans la longueur. Le vaccin miracle est attendu mais avec encore beaucoup d'interrogations. 2 urgences à venir, on doit garantir la fabrication continue des bavettes et notre industrie pharmaceutique locale doit s'adapter et se réorganiser pour éviter une pénurie de médicaments annoncée vu le taux automédication. Restons tous solidaire, corps médical, dirigeants, citoyens car l'heure est grave et corrigeons ensemble les problèmes. Nous vaincrons cette épidémie sans aucun doute.