Iyadh Benn Achour, professeur de droit et ancien président de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, a exprimé aujourd'hui, vendredi 11 décembre 2020, sa surprise que certains hommes de loi se soient lancés dans l'idée de faire dissoudre le Parlement par le président de la République en utilisant l'article 80 de la Constitution en considérant cette option d' « erreur grave et inacceptable» . Achour a expliqué dans son intervention sur Radio Monastir que l'article 80 de la Constitution, et contrairement à ce que certains ont soutenu, exige la présence d'un parlement, notant que l'article indique explicitement que le parlement doit être en session permanente si jamais il est appliqué. Il a ajouté que l'article 80 de la constitution exige des conditions essentielles pour que le président de la république puisse y avoir recours et le mettre en œuvre. Il a souligné que ces conditions ne sont pas disponibles maintenant et que la crise actuelle ne relève pas de la situation décrite au premier paragraphe de l'article 80 de la constitution, considérant que ce qui se passe actuellement ne constitue pas le danger qui est évoqué par le texte de l'article ce qui fait qu'il n'est pas applicable maintenant. Le professeur de droit a déclaré que «la scène parlementaire actuelle est malheureuse, ne représente pas l'humeur tunisienne et franchit toutes les lignes rouges». Il a ajouté que nous assistons à des choses très malheureuses et misérables qui déforment l'image du pays dans le monde et perturbent le chemin de l'Etat et les équilibres entre les pouvoirs publics et constitutionnels, soulignant l'existence d'une crise à cet égard qui a intensifié la crise globale que traverse le pays. Il a souligné que les solutions dont certains discutent aujourd'hui en appelant le président de la République à dissoudre le parlement sont de mauvaises car les conditions de dissolution du Parlement sont très spécifiques dans les articles 89 et 99. Achour a souligné la nécessité d'aller vers d'autres solutions et l'importance de poursuivre le dialogue dans la résolution des crises. Evoquant l'initiative présentée par l'Union générale tunisienne du travail, il a estimé que le problème de cette initiative est le fait de l'adresser au président de la république Kais Saied considérant que la présidence de la république n'est pas qualifiée pour superviser le dialogue national.