Flottille Al Soumoud, Iran, Egypte…Les 5 infos de la journée    Avis d'appel d'offres N°20/2025: Vente immobilière    Déclaration conjointe de Mohamed Ali Nafti et Abbas Araghchi, ministres tunisien et iranien des Affaires étrangères : La Tunisie et l'Iran expriment la convergence de leurs positions sur les questions régionales    Tunisie Egypte : signature de plusieurs accords de coopération lors de la 18e session de la Commission mixte    Albanie - « Diella », premier ministre généré par IA pour lutter contre la corruption    La vague de soutien à l'avocat Nafaâ Laribi se poursuit    Flottille « Global Sumud » : Départ prévu aujourd'hui depuis Sidi Bou Saïd    Le futur champion tunisien Rami Rahmouni sur le point d'être naturalisé en Arabie Saoudite    Natation – probable naturalisation : Rahmouni, un cas à régler    Le CAB se réinvente : Enfin des recrues    Le ministère de la Santé ordonne le retrait des produits contenant du TPO    Tunisie : lancement d'un projet majeur pour protéger 32 km de littoral entre Beni Khiar et Yasmine Hammamet    57e édition du Festival International du Sahara : Douz au cœur des traditions    Première sélection du Goncourt 2025 : Une rentrée littéraire aux couleurs vibrantes et engagées    Cinéma Jet 2025 : Quand l'image prend la route    CMR Tunisie : 25 % des exportations vers les Etats-Unis, un gage de qualité tunisienne    Partenariat tuniso-égyptien pour élargir les opportunités dans l'agriculture, le tourisme et la technologie    Tunisie : 5,7 milliards de dinars envoyés par les Tunisiens de l'étranger    Kaïs Saïed a-t-il déployé 90 navires de guerre à la suite des événements de Sidi Bou Saïd ?    Une source précieuse : Encyclopédie de Science politique    Mabrouk Korchid dénonce une mascarade judiciaire après son renvoi devant la chambre criminelle    Les deux promesses de Salwa Hamrouni à Chawki Gaddes... (Album photos)    Du ciel à la terre : découvrez le festival international de montgolfières 2025    La FIFA donne raison à la Fédération tunisienne : les joueurs avertis !    Dr Devyani Khobragade : L'Inde et la Tunisie sont deux cultures cousines, prêtes à se rapprocher    Les audiences pour les affaires à caractère terroriste se tiendront à distance à Tunis    Fournitures scolaires : coup de filet contre la spéculation à Tunis, Sousse et Ben Arous    Flottille Soumoud : départ de Bizerte prévu vendredi    Ostéoporose : une stratégie nationale pour protéger nos os    Météo : pluies éparses et vents forts attendus    Ministre de l'Education : suivi des préparatifs de la rentrée scolaire dans le gouvernorat de l'Ariana    Alerte météo : vents forts sur l'Est tunisien et le golfe de Gabès    Plus de 12 millions de cahiers subventionnés disponibles dans les librairies tunisiennes    Flottille Soumoud : « le report du départ jugé nécessaire face au mauvais temps »    Championnat arabe des équipes de tennis de table: la Tunisie participe avec six athlètes    En marge de sa visite au Caire : La Cheffe du gouvernement rencontre des Tunisiens établis en Egypte    Report des traversées du navire Carthage entre Tunis et Gênes    À partir du 12 septembre, la navigation sera plus sûre pour la flottille Al Soumoud, selon Hamdi Hached    Investissement industriel : l'optimisme affiché ne masque pas les fractures    Clôture de l'OPA simplifiée sur la Sits : Partner Investment renforce sa participation à 89,20 %    72 Tunisiens naviguent avec la Flotte de la Résistance    Dix penseurs du XXIe siècle pour décrypter le monde contemporain    La Tunisie décroche son billet pour le Mondial 2026    Les Rencontres Internationales de la Photographie de Ghar El Melh font leur grand retour    Les films tunisiens The Voice Of Hind Rajab et Promised Sky concourent au BFI London Film Festival    Toutes les chaînes pour suivre le match des Aigles de Carthage    « La Voix de Hind Rajab » bouleverse Venise et rafle six prix parallèles    Violences dans les stades : le gouvernement muscle son jeu, le Parlement sur la touche ?    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Mr le Président : Votre projet de la cité médicale à Kairouan risque de ne pas voir le jour
Publié dans Tuniscope le 20 - 05 - 2021

Ilyes Bellagha, Président de l'association Architectes Citoyens addresse une lettre ouverte à Kais Saied à propos de la cité médicale à Kairouan
Monsieur le Président,
En tant qu'Architecte Urbaniste et citoyen concerné par la problématique de l'aménagement du territoire, permettez-moi de traiter de ce sujet afin que vous puissiez vous et le gouvernement, revoir la gestion de notre pays sous cet angle.
Monsieur le président, l'aménagement du territoire a deux objectifs majeurs, il consiste en l'accompagnement du développement économique des territoires et en la réduction des inégalités spatiales en termes économiques ou sociaux. C'est l'action volontaire et réfléchie d'une collectivité sur son territoire, soit au niveau local, soit au niveau régional, soit au niveau national.
Trois niveaux sont ainsi répertoriés : le local, le régional et le national. Chose qui ne peut que nous rappeler les strates d'une pyramide, image que vous avez souvent utilisé dans vos discours. Pour ces trois niveaux, des éléments de logistique sont nécessaires, un des plus primordial est ce qu'on nomme « le marketing du territoire » et ceci quel que soit l'échelle du territoire, une chose qui nécessite paradoxalement une certaine modestie et aussi une fierté et les deux sont nécessaires pour établir un répertoire qui deviendra un guide pour établir une attractivité du lieu.
L'attractivité du lieu n'est point totalement rationnelle. C'est une valeur perçue qui correspond en effet à la valeur que revêt l'offre territoriale dans l'esprit des cibles de ce territoire à « ses clientèles ».
Cette valeur perçue est composée d'au moins trois éléments :
- La valeur d'usage : exemple d'une ligne de train à grande vitesse qui dessert le lieu, une faculté prestigieuse, etc.
- La valeur hédonique : ce terme barbare n'est que celui d'un site qui peut dégager du plaisir, surprise, excitation, amusement…, un site peut dégager du plaisir par des sensations diverses ; sensation physique, odorante, visuelle, auditive, architecturale, etc.
- La valeur de signe : c'est la valeur symbolique de l'usage/utilisation, …j'étais à cet endroit…
Oui Monsieur le Président, n'en déplaise à certains, dont moi, le territoire est un produit et ceux qui y sont comme ceux qui veulent s'y établir sont ses clients, oui le libéralisme aussi bien politique qu'économique a dicté ses lois.
Le marketing territorial n'est ni une fin en soi, ni une recette magique pour des territoires en mal d'attractivité, il est un état d'esprit qui nous permet de « vendre ». Nous pouvons rebuter idéologiquement cette idée mais elle reste d'une réalité outrancière.
On ne gouverne pas comme on veut en ignorant ce qu'on peut.
Monsieur le Président, la situation financière de notre pays ne nous permet pas pour l'instant d'entamer des projets grandioses et volontaristes, nous sommes trop endettés et le spectre de 1881 est présent à nos esprits.
Ainsi, s'il arrive que ces projets se feront, ils risquent d'être un danger pour notre souveraineté.

Monsieur le Président, je vous invite de mesurer les éléments de la valeur d'attractivité pour le projet, la cité médicale à Kairouan, qui vous tient à cœur (la valeur d'usage ; la valeur hédonique ; la valeur de signe). Ces trois paramètres sont faibles ce qui nous mets devant deux scénarios :
Le premier est que l'état s'en charge.
- la valeur d'usage, confier à l'état cette besogne et vous savez plus que qui conque que l'état est presque en faillite pour assurer la construction de ces valeurs d'usage.
- la valeur hédonique, le mépris que les autorités locales, régionales et nationales vouent aux architectes et aux aménageurs d'espaces de nos villes. (pour preuve les horreurs qui ornent nos rond points ne nous présage d'aucun espoir).
- la valeur de signe, quelle valeur de signe que celle de s'établir à Kairouan ?

Le second paramètre est d'intégrer ses trois éléments dans le projet et les confier au secteur privé, ce qui dénature votre idée si généreuse au départ celle d'un soin de qualité octroyé à tout citoyen quel que soit ses revenus. Ce vœux pieu est une chimère dans le monde des finances ; un investisseur privé ne cherche que le gain d'argent et n'installera son projet que là où il est sûr de faire du profit, son timing est différent de celui de l'état.
Monsieur le Président, un projet nous oblige à une grande modestie, une stratégie et une logistique ce que le vôtre est loin d'avoir. Vous semblez compter sur le génie militaire mais l'époque où les armées traçaient les villes remonte à l'époque romaine, une époque révolue, aujourd'hui l'urbanisme est un savoir-faire d'une équipe pluridisciplinaire.
Monsieur le Président, mesuriez-vous l'impact de ce grand projet sur les espaces alentours ? Avez-vous à l'esprit que pour une centaine d'hectares planifiés, des centaines et des centaines d'hectares d'habitats spontanés sur des terrains agricoles vont voir le jour ?
Je ne suis pas certain qu'économiquement, en dehors des salaires qui iront aux tunisiens que ce projet ne sera pas par un effet pervers une hémorragie de devise car sans que je ne sois un économiste, les capitaux investis seront étrangers ce qui implique que les dividendes vont s'expatrier.
Monsieur le Président, tout projet est normalement une réponse issue d'un diagnostique global, sinon il devient le fait du prince. Un projet comme vous nous le présentez devrait être normalement le centre d'un réseau déjà existant, un citoyen dans sa région ne se déplace vers ce centre névralgique que si le besoin se fait sentir, les premiers soins doivent être servis à proximité, vous n'avez fait Monsieur le Président que transférer le centre existant vers un autre centre projeté, ce qui est contraire à une politique de décentralisation.
Aujourd'hui, on conçoit les réseaux comme des nœuds et des vecteurs où chaque nœud offre un rôle, une spécialité hospitalo-universitaire à la pointe de la technologie. Les déplacements entre les croisements de ces vecteurs se font par des voies ferroviaires ou autoroutières, selon une distances qui de nos jours ne se calcule plus en kilométrage mais en temps consenti, les avantages sont multiples car on rapproche les points cardinaux du pays et on facilite en même temps le déplacement des biens et des personnes.
Alors que votre programme politique se conjugue à la perfection avec « le marketing du territoire » puisque cette notion s'intéresse au trois niveaux du territoire.
- Le niveau local : une échelle humaine de la société où la meilleure des décisions ne peut se prendre que d'une manière directe, c'est la définition même de la démocratie directe doublée d'une instance technique qui se charge du marketing de ces localités.
- Le niveau régional : une échelle médiale, il est le nœud du réseau des localités, il a plutôt un rôle de modérateur et de synchroniseur entre ceux qui décident au niveau local. Pour cela, il comprendra des représentants de localités (élus ou désignés par tirage au sort) et lui-même doublé d'une instance technique qui se charge du marketing de la région, c'est la démocratie participative.
- Enfin le niveau national qui regroupe des représentants des régions (élus ou désignés par tirage au sort) doublé lui aussi d'une instance qui n'est que le ministère des plans et de l'attractivité des territoires, c'est la démocratie représentative.
Monsieur le Président, notre régime politique vous empêche de prendre de telles décisions et le gouvernement en place, pour lui ce sujet est le dernier de ses soucis, mais rien ne nous pousse à s'avouer vaincus, il y a surement dans notre constitution une philosophie qui nous permet d'aboutir à créer des instances de démocratie directe et de démocratie participative.

J'ai l'honneur, Monsieur le Président de la République, de vous prier d'agréer l'expression de ma très haute considération.

Ilyes Bellagha
Président de l'association Architectes Citoyens


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.