La France recense actuellement 184 de ses ressortissants parmi les combattants des groupes armés islamistes en Syrie, a indiqué, jeudi 5 décembre, à Bruxelles, le ministre de l'intérieur Manuel Valls, qui participait à un conseil européen. Quatorze autres combattants seraient morts dans les combats, 80 ont regagné la France, une centaine seraient désireux de partir et 80 seraient « en transit » - rentrés et susceptibles de regagner les zones de combat. Le ministre français a plaidé, en compagnie de sa collègue belge Joëlle Milquet, pour une meilleure coopération au niveau européen en vue d'analyser ce phénomène et de renforcer les mesures de protection lors du retour des djihadistes. D'autres ministres, allemand et britannique notamment, appuient un plan d'action qui est également discuté avec les Etats-Unis, l'Australie et leCanada. « La somme des individus concernés est, en soi, potentiellement dangereuse », estime M. Valls. Mme Milquet chiffre « entre 1 500 et 2000 » le nombre de jeunes Européens présents dans les rangs des groupes islamistes en Syrie. Parmi eux, on trouverait 20 % de convertis. ENDIGUER LA RADICALISATION EN LIGNE « Les pays européens sont confrontés à des phénomènes très identiques et nous avons donc besoin d'un meilleur échange d'informations », ont estimé les deux ministres. Ils comptent notamment dialoguer avec les grands acteurs de l'Internet pour tenter d'endiguer la radicalisation en ligne. Ils espèrent également définir un catalogue de mesures pratiques destines à favoriser la coopération avec les Vingt-Huit, par l'entremise du coordinateur européen de la politique antiterroriste, Gilles de Kerchove. Malgré les difficultés traditionnelles que rencontre celui-ci pour centraliser une information détenue par les différents services des Etats, jaloux de leurs prérogatives et méfiants quant à l'usage des renseignements qu'ils pourraient transmettre. Les ministres européens entendent également mieux coopérer avec des pays tiers, comme le Maroc ou la Turquie. Ils veulent définir une stratégie européenne contre le radicalisme – dans les limbes depuis des années-, mieux utiliser le système centralisé d'informations Schengen (SIS) et impliquer davantage le service Europol. Ils lancent également un appel pressant au Parlement européen pour qu'il rende possible la mise au point d'un système commun d'information sur les passagers des compagnies aériennes (PNR).