Quand le terrorisme sévit, la ligne entre la sécurité et la répression devient fragile et la dépasser s'avère aisé puisque l'on peut facilement justifier les dépassements. L'angle sous lequel on voit les choses rétrécit et l'on n'a plus le recul nécessaire, ni la clairvoyance pour trouver un bon équilibre, les choix deviennent alors limités, voire réduits à deux options uniques: sécurité ou liberté ! Benjamin Franklin disait : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre et finit par perdre les deux ». L'idée est donc de ne sacrifier ni l'une ni l'autre des deux variables de l'équation, oui mais comment ? Nous sommes aujourd'hui face à un fléau qui est de plus en plus réel et qui gagne du terrain. En effet, dimanche dernier, le terrorisme faisait la première victime civile parmi les Tunisiens, atteignant ainsi un nouveau palier. Et même si dans la panique, cette mort est quasiment passée sous-silence puisque l'objectif des médias a été braqué uniquement sur les martyrs des agents de sécurité, occultant cette nouvelle tournure dangereuse. L'autre fléau auquel nous faisons face et qui avance insidieusement dans le sillage du premier est le recul des libertés dûment gagnées. Deux dépassements des agents de l'ordre ont été notés ces 2 derniers jours et les victimes sont des citoyens innocents, le spectre de l'Etat policier se montre doucement, encouragé par la peur qui entraîne un manque de discernement. Car, voyez-vous, ces pratiques auraient dû être enterrées depuis 3 ans dans le même tombeau que la dictature. Si l'on ajoute les accusations ouvertes envers les journalistes qui s'interrogent ou remettent en question certaines déclarations, notamment du ministère de l'intérieur, l'état des lieux n'est pas rassurant et menace d'un retour à la censure non pas par le fameux ‘404' mais via d'autres moyens comme la diabolisation ou la sanction juridique. La critique est souvent mise sur le compte de l'apologie ou de l'empathie avec le terroriste donnant à ceux qui la tiennent une image d'agitateurs qui se soucient peu du bien de la communauté. Mettre les citoyens entre le marteau et l'enclume étant devenu le sport favori des politiques et des institutions sécuritaires qui appuient ce sentiment subjectif de la peur et vont jusqu'à faire du chantage aux Tunisiens... Si vous nous critiquez, alors vous cautionnez le terrorisme. Ben Ali avait déjà usé de cette méthode : moi ou les islamistes avait-il dit. Georges W.Bush n'avait-il pas déclaré dans sa soif de guerre : ceux qui ne sont pas avec moi, sont contre moi. En sommes-nous vraiment arrivés là ? Pourquoi opposer la sécurité à la liberté ? Pourquoi faire de la sécurité l'antonyme des droits humains et de la dignité, principales revendications du peuple tunisien, Tout le peuple tunisien. Sécurité et liberté étant deux besoins essentiels, voire fondamentaux, le rôle de l'Etat et des gouvernements qui se succèdent est de les fournir toutes les deux, mais il semblerait que nous en soyons loin…