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Un triptyque bancal ou plaidoyer pour une nouvelle devise (1ère partie)
Devise de la République : Liberté-Ordre-Justice


Par Khaled TAHINTI
Le constituant de 1959 avait choisi comme devise de la République naissante : Liberté-Ordre-Justice. Ce choix des valeurs fondamentales de la Tunisie indépendante n'avait suscité, à ma connaissance, aucun débat, bien que la question mérite à l'époque qu'on s'y penche. Au vu du parcours de notre république durant ces cinquante dernières années, on se rend compte, après coup, que ce choix était loin d'être hasardeux et qu'il reflétait une vision et un projet qui se révèlent être aujourd'hui aux antipodes des aspirations de la révolution.
Le choix de l' "Ordre" comme devise de la République était un choix inapproprié, pour ne pas dire malheureux, que rien ne justifiait ni sur le plan de l'opportunité ni sur celui du principe. En effet, aucune circonstance historique, sociale ou politique ne peut expliquer ce choix. Le peuple tunisien, et bien qu'il ait vécu, à différents égards, sous dominations ou tutelles étrangères durant sa longue histoire institutionnelle de Carthage jusqu'au protectorat, était toujours socialement structuré et politiquement soumis à un pouvoir étatique organisé. Le sens de l'Etat était, et il est toujours, ancré dans les esprits, ce qui inclut forcément le sens et la nécessité de l'"Ordre". Prescrire l' "Ordre" comme valeur de la République tend à faire abstraction de l'histoire tunisienne de l'organisation politique et passe sous silence sa longue histoire sociale. Faut-il rappeler, pour n'évoquer que l'histoire récente, que le peuple tunisien, alors qu'il était sous domination beylicale, demandait, déjà, une Constitution et avait obtenu en 1857 le Pacte de paix et en 1861 une Constitution, la première dans le monde arabe. Il voulait donc se soumettre à un "Ordre" consenti et accepté. Or, voilà que le premier pouvoir national érige l' "Ordre" comme valeur républicaine, comme si cette valeur était inconnue au peuple tunisien à qui il fallait inculquer et imposer.
Faut-il alors chercher les raisons de ce choix dans des considérations qui trahissent un dessein de main mise sur la volonté du peuple ? Sans aucun doute, l'"Ordre" était la pierre angulaire de la Constitution : Tous les articles qui reconnaissent des droits aux citoyens renvoient leur mise en œuvre et leur organisation à des lois qui, au nom de l'"Ordre", ont vidé ces droits qu'elles devaient régir de tout contenu. L' "Ordre" primait et allait même à l'encontre de l'esprit républicain tant il lui était antinomique et étranger. Ainsi, à l' "Ordre" républicain s'est substitué l'ordre tout-court, au nom duquel tout était permis à l'Etat, et sur l'autel duquel les droits fondamentaux des citoyens ont été sacrifiés. Et, à cause de cet ordre qui s'apparente plus à une soumission forcée, le peuple tunisien s'est vu spolié de sa République durant toutes les années de l'indépendance.
Sur le plan des principes, prescrire l'"Ordre" comme une valeur de la République est un pléonasme et une superfluité à plusieurs titres : D'une part, une République sans "Ordre" n'en est pas une. L'"Ordre" est une notion intrinsèque au régime républicain. La garantie de la souveraineté du peuple et ce qui en découle comme droits et obligations et organisation des pouvoirs et des institutions sous-tend l'"Ordre" qui est le ciment qui tient tout l'édifice. Cet "Ordre" démocratique est différent de l'ordre stricto-sensu qui évoque la soumission imposée et qui est la panacée des régimes autoritaires. L' "Ordre" républicain est volontairement consenti par le peuple, pour le peuple. D'autre part, la liberté prescrite comme première valeur de la République se suffit à elle-même pour garantir l'ordre : Qu'est-ce qu'une liberté sans ordre si ce n'est de l'anarchie ? Exiger la liberté et vous aurez nécessairement l' "Ordre", parce que la sécurité est la première des libertés.
En fait, le constituant de 1959, avait privilégié le besoin de sécurité sur l'exigence de liberté. Et bien que la sécurité, qui légitime l'impériosité de l'ordre, soit une condition sans laquelle la liberté serait un vœu pieux, celle-ci a été compromise par un souci extrême d'ordre. Benjamin Franklin disait qu'"un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre et finit par perdre les deux". Le constituant de 1959 avait, à dessein, sacrifié la "Liberté" au profit de l' "Ordre", pensant même que celui-ci prémunira le pouvoir naissant contre une liberté affranchissante, donc non . En fait, l'indépendance ne s'est réalisée que vis-à-vis de l'étranger et le peuple spolié de sa souveraineté s'est trouvé soumis à la domination d'un pouvoir national qui a continué à le priver de sa liberté. Ainsi, sacrifiant la "Liberté" pour l' "Ordre", le peuple tunisien a fini par perdre les deux, confirmant la citation de Benjamin Franklin.
Enfin, il est curieux de distinguer "Ordre" et "Justice". Celle-ci n'est-elle pas une exigence de celle-là ? Peut-on instaurer l'"Ordre" sans consacrer la "Justice" ? L'"Ordre" républicain et démocratique, qui est forcément un "Ordre" juste, ne sous-tend-il pas la "Justice" comme vecteur principal de la sécurité ? Prescrire la "Liberté" et la "Justice" comme valeurs républicaines suffisait à garantir l' "Ordre", sans tomber dans l'excès du surdimensionnement et de l'omnipotence de celui-ci.
Le triptyque "Ordre-Liberté- Justice" était donc bancal, la longueur des jambes étant inégale, parce que le choix était biaisé dès le début. La domination de l'"Ordre" était criante, et cet "Ordre" représentait la jambe de loin la plus longue, ce qui rendait l'édifice boiteux. Il devient la pièce maîtresse de la devise, et la "Liberté" et la "Justice" ont été reléguées au rang de supplétifs qui n'ont de légitimité et de consistance que sous la tutelle d'un "Ordre" omnipotent et envahissant. Ainsi, il s'avère que l'édifice de la devise de la République était non seulement bancal, mais ne pouvait simplement pas tenir debout. Le triptyque ne pouvait supporter l'œuvre de la devise avec des jambes tellement inégales.


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