Mustapha Ben Jaâfar semble continuer à naviguer contre le vent ! En tout cas contre les courants qui commanderaient les principes de base de son parti et contre le reste d'une armée déjà engagée, pour la majorité, dans d'autres rangs. D'aucuns pensent que, semblable à un poulet de basse-cour, il ne fait que s'accrocher à quelques plumes qui tiennent à peine à son corps, le reste du plumage ayant été perdu dans de faux combats, de toutes petites glorioles, mais de bien graves déchéances. Pourtant, à plusieurs occasions, le premier responsable d'un « Takattoul » (bloc ? Sic !) démantelé aurait pu sauver la mise aux moindres frais, en allant jusqu'au bout de positions plus en conformité avec la nature première de son parti. Cependant, il a toujours fini par donner, autant aux observateurs neutres qu'à ses détracteurs, l'idée de plus en plus confirmée d'un responsable politique en manque de fermeté et de cohérence. Depuis qu'il s'était mis à avancer des dates et à annoncer des décisions pour les voir bafouer sans broncher, la quasi-totalité de ceux qui lui accordaient un préjugé favorable, même nuancé, se sont détournés de celui qui avait, un jour, fait figure de personnalité vouée, éventuellement, à un avenir politique correspondant à une part importante des attentes des Tunisiens. Aujourd'hui encore, Mustapha Ben Jaâfar paraît dans la peau de celui qui a perdu jusqu'à ses moyens de négocier honnêtement avec ses partenaires, les vrais maîtres de céans. A peine a-t-il pu se maintenir en place, dans un statut qui lui tient le plus à cœur même s'il l'assume le plus souvent par délégation à un suppléant, et sauver les postes ministériels de son équipe la plus rapprochée ! Pourtant, objectivement, ses ministres maintenus sont peut-être parmi les plus compétents et les plus crédibles, s'ils parlaient moins pour éviter les pièges d'un surplus de communication ! Encore une fois donc, M. Ben Jaâfar se retrouve au plus mal dans son équipe puisque plusieurs membres du Conseil National d'Ettakatol ont décidé, à Gafsa, de former une coordination du courant réformateur d'Ettakatol, appelant à ce que soit retirée la confiance aux dirigeants du parti. Cependant, le secrétaire général d'Ettakatol continue de crier à qui veut l'entendre que les militants démissionnaires de son parti (ceux qui sont partis ou ceux qui s'apprêtent à le faire ?) n'avaient pas le sens du sacrifice et qu'ils n'avaient pas bien compris la mission de leur parti. Le temps que ces militants prendront pour «s'apercevoir qu'ils ont eu tort », selon les propos de M. Ben Jaâfar, ce dernier aura le temps de se pavaner, en bon figurant complice d'une transition démocratique compromise, dans le siège à moitié vide du président de l'assemblée nationale constituante.