Ce qui est devenu courant chez certaines figures politiques de la troïka tunisienne, c'est, à chaque moment de crise et de menace d'éclatement, et contre toute raison de bon sens, leurs déclarations qui sonnent comme une fausse noteet qui dénotent, au moins d'une sorte defrivolité irréfléchie, sinon d'une défaillance intellectuelle franche et d'un défaut d'intelligence en maîtrise de gouvernance. Sincèrement, ce n'est pas par manque de respect que ces termes sont employés, mais par souci d'appeler justement les choses par leurs noms. Je ne reviendrai pas sur le dernier épisode du feuilleton de l'incitation à la violence, en l'occurrence les propos de Sahbi Atig (ès qualité), considérés par certains comme un élément de la stratégie ayant conduit aux meurtres politiques, comme dans un passé proche les propos de Chourou et d'Ellouz, entre autres figures du discours de fer et des airs d'acier dont jaillissent des étincelles à mettre le feu dans les arbres de tous les printemps. Je dirais juste qu'il me paraissait maladroit, de la partd'une télévision de la place, de lui donner la parole à chaud à propos du meurtre de Mohamed Brahmi (D'aucuns pensent qu'il est même moralement indécent de sa part d'accepter de le faire), à moins de lui poser les questions qu'il faut et de le mettre en vraie confrontation avec ses propres propos. En tout cas, cela a été perçu par certains comme une provocation caractérisée. J'évoquerais néanmoins la déclaration de Slim Ben Hamidane, ministre des Domaines de l'Etat et apparemment promu au statut de porte-parole d'un CPR qui n'a plus rien de sensé à dire, le jour même de l'assassinat de Mohamed Brahmi. Rappelons toutefois que S. Ben Hamidane a été considéré comme l'un des pires ministres du gouvernement de HamadiJbali ; il n'en a pas été moins reconduit dans le gouvernement d'Ali Larayedh. Il était donc évident qu'un maître absolu du pouvoir de la troïka (qui n'est pasforcément son premier responsable de tutelle partisane) tenait à lui, comme à d'autres, pour des rôles autres que ceux rattachés à leur fonction officielle. Ainsi, le jour-même de l'assassinat, Ben Hmidane accuse explicitement, sur un plateau de télévision, les amis de Mohamed Brahmi d'avoir liquidé leur camarade. Par ailleurs, comme un disque rayé, RachedGhannouchi justifie l'assassinat du député par l'intention de certains (comprenez : « les restes de l'ancien régime ») de faire obstruction à la « loi pour l'immunisation de la révolution », faisant abstraction du fait que le défunt était opposé à ladite loi. Un autre disque rayé, celui de Mohamed Abbou, n'hésite pas à nous chanter son éternelle litanie, depuis qu'il a décidé de devenir le défenseur inconditionnel du parti Ennahdha tout en prétendant le contraire (Avec lui, on n'est plus à cette contradiction près !), en insistant : « Mohamed Brahmi a été assassiné pour accuser Ennahdha de son assassinat » ! La belle trouvaille ! Il faut vraiment avoir l'esprit rempli d'absurdités pour réussir à sortir de telles félonies ! Force est de reconnaître que le ridicule ne tue plus dans la Tunisie moderne d'après janvier 2011 ! Mais il tourne au ridicule tragique quand, de fait, ces propos aberrants de nos « responsables » (le sont-ils vraiment ?) sont confrontés à la vérité annoncée officiellement par le ministre de l'Intérieur, pointant du doigt les protégés du Cheikh (comme l'est le fameux ministre) dans la responsabilité du crime commis sur Mohamed Brahmi, comme c'est le cas pour celui commis sur ChokriBelaïd,il y a six mois. Le comble, dans tout cela, c'est que ces mêmes personnes continuent d'envenimer l'ambiance par leurs balivernes salivées, comme quelqu'un se vantant de monnayer ses services contre une devise de grande valeur, mais ne se rendant pas compte qu'il est sur le point de découvrir qu'il n'a en main qu'une fausse monnaie, savamment trafiquée par un champion faussaire. Du coup, contrairement à Abbou qui s'en va se faire chanter des berceuses par son endormeuse, Ben Hamidane nous sort une autre trouvaille : L'assassinat de Mohamed Brahmi est un accident de la route ! Quant au Cheikh, (après un nouveau réarrangement avec AnsarEchariaa, disent ses adversaires) il a trouvé un nouveau coupable : le sionisme israélien ! Pourquoi pas puisque son président du gouvernement tient bon encore contre toutes les voix de la rue, en attendant de libérer ses propres voix de la rue, précise-t-il dans une conférence de presse où tout a tangué à la surface comme une épave en déroute ? Pourquoi pas puisque le président joue au charmeur avec une armée qu'on semble honorer d'une victoire qu'elle n'a pas encore emportée (Si elle accepte vraiment de la mener contre ses principes fondamentaux et son éthique de base). En attendant, voilà que la crise de Chaambi reprend, pour le bon malheur de la conjoncture !ET VOICI QUE DES SOLDATS VAILLANTS ET INNOCENTS DE NOTRE ARMEE NATIONALE ONT ETE SAUVAGEMENT ASSASSINES, A L'HEURE DE LA RUPTURE DU JEÛNE, PAR DES MAINS CRIMINELLES QUI SE PRETENDENT ETRE DES ÂMES DIVINES !!! Puisse Dieu prêter main forte à la Tunisie et puisse-t-il le faire surtout sans des intermédiaires ! Ahmed Gacem