Beaucoup de tunisiens qui commémorent aujourd'hui, 9 avril 2014, le 76ème anniversaire de la fête des martyrs, n'ont pas vécu cette période coloniale et ont une vague idée de ce qui c'est passé ce jour-là, à partir de 11 heures du matin précisément, lorsque les étudiants de l'Université Zitouna qui ont déjà manifesté devant la résidence du Bey à Hammam-Lif, se sont rassemblés à la Kasbah de Tunis, où une délégation est allée à la rencontre du ‘'grand vizir'', tandis que le reste des manifestants s'est rassemblé devant Dar El Bey. Et au moment ou les manifestants prirent la direction de la maison de Bourguiba pour y recevoir des instructions, Ali Belhouane fût convoqué par le juge d'instruction et une foule immense s'était rassemblée devant le Palais de justice. Les forces de l'ordre accoururent pour disperser la foule, à coups de bâton d'abord, afin d'ouvrir un passage à la voiture cellulaire qui devait emmener Belhouane. Feignant de se retirer dans un premier temps vers la médina, les manifestant étaient revenus plus nombreux, et les femmes occupèrent les terrasses desquelles elles s'étaient mises à pousser des youyous en jetant aux manifestants tous les instruments qui pouvaient leur servir d'armes. A ce moment-là, les forces coloniales composées de policiers, de gendarmes et de zouaves repoussèrent les manifestants qui venaient de Bab Menara à coup de crosse, quant à ceux qui arrivaient de Bab Souika ils étaient accueillis par des coups de feu. Et quand ils s'étaient aperçus que les émeutiers tentaient de renverser et d'incendier le tramway et d'attaquer des automobileses, les forces de l'ordre finirent par tirer à l'automitrailleuse, et les heurts sanglants s'étaient arrêtés le 9 avril à 18 heures avec un bilan de 22 morts pour la patrie et près de 150 blessés. Mais, 73 ans plus tard, d'autres générations du même peuple ont vécu également une journée mémorable, c'était le 14 janvier 2011, une journée qui s'est soldée par la fin d'un dictateur ayant choisi de prendre la fuite pour finir exilé quelque part en Arabie Saoudite, après avoir dirigé le pays pendant 23 ans en usant de l'oppression, de l'abus de pouvoir, et de la corruption. A noter qu'entre le 17 décembre 2010, début du soulèvement populaire, et le 14 janvier 2011, jour de la fuite de Ben Ali, bien des citoyens sont tombés en martyrs pour la Dignité, pour défendre les libertés, et pour l'instauration de la Démocratie. Un décompte toujours provisoire, fait état de 321 martyrs morts pour la dignité, l'emploi, et la démocratie et de 3727 blessés !