Désigné Chef du Gouvernement à la faveur d'un consensus entre les grandes sensibilités politique du pays, H. Essid a raté sa première sortie avec une équipe hétéroclite, incolore et fortement controversée. Les observateurs avertis sont intrigués par cette approximation, cette volonté de privilégier l'aspect politique et cette tendance à reléguer les aspects économique au second plan. En scrutant les fuites et les éventuelles nominations du gouvernement Version 2, nous avons l'impression que H. Essid, présenté comme homme providentiel, n'a pas le contrôle sur le casting final et ce sont les sherpas du président qui mènent le bal en tenant compte uniquement de considérations politiciennes et de calculs arithmétiques pour obtenir une majorité confortable à l'Assemblée. Tous les yeux sont braqués sur les ministères de souveraineté et la bagarre fait rage pour l'Enseignement, le Tourisme et la Jeunesse et Sport. Mais qu'en est-il des portefeuilles techniques et stratégiques ? C'est le dernier des soucis d'Essid et des Sherpas du Président si l'on croit la volonté affichée de garder un ingénieur agronome à la tête d'un ministère hautement stratégique comme l'Industrie, l'Energie et les Mines. Décidément, Il y a des attitudes dont on ne peut expliquer les motivations et il est du devoir de tous les observateurs d'alerter sur ces anachronismes et d'avertir des répercussions fâcheuses de reléguer les questions économiques au second plan. On ne peut pas réussir la révolution économique avec de telles attitudes et il va de l'intérêt suprême du pays de placer les bonnes personnes aux bons postes. Et confier ce Ministère stratégique qui requiert de l'expertise technique et un background scientifique à un ingénieur agronome alors que la Tunisie regorge de polytechniciens, de géophysiciens, et d'experts en énergie, relève de l'amateurisme politique, témoigne de l'étroitesse de vision stratégique et démontre si besoin est , l'horreur de l'insulte que nos politiques infligent à l'intelligence et à la méritocratie tunisienne.