Après tant de manœuvres stratégiques, de tractations politiques, de concertations et de mystérieux conciliabules, la nouvelle équipe gouvernementale est enfin annoncée avec son lot de surprise, d'étonnement et de suspicion. Et autant la nomination de monsieur Habib Essid comme premier ministre, autant l'architecture de son gouvernement et sa composition suscitent déjà débat, déception et même suspicion. Les CV des nouveaux ministres sont passés au peigne fin et chaque formation politique va de son analyse et de sa lecture avant le vote de confiance qui semble hypothétique du fait de l'absence d'un large consensus national l'entourant. En choisissant d'exclure le Front Populaire, Afek et Al Mobadara ses alliés des présidentielles, en rejetant l'appel d'Ennahda, 2 éme force au sein de l'assemblée, en privilégiant l'allégeance à la compétence et en s'alliant avec l'UPL, Nidaa surfe sur les vagues de la suspicion et le nouveau gouvernement nous semble porteur des germes d'une méfiance programmée et d'un échec inéluctable. Le nouveau gouvernement hétéroclite d'Essid apparait comme un gouvernement de récompense pour certains du parti au pouvoir, de compromis pour l'allié de circonstance et d'ajustement pour les indépendants issus de la société civile. Certaines de ses nominations interpellent et imposent prudence et scepticisme. Ainsi si les mélanges de genres intriguent avec le portefeuille des Sports qui est attribué au vice-président d'un club de foot de la capitale , la banalisation des secteurs hautement importants pour l'économie tunisienne inquiète avec l'attribution du portefeuille du Tourisme à un néophyte sans connaissance du milieu et celui de l'Industrie et de l'Energie à un novice sans expérience et sans expertise du secteur. Les dernières élections ont fait de BCE un héros mais le casting du nouveau gouvernement Essid risque porter préjudice à son capital sympathie et sans mâcher les mots, il convient de rappeler que Nidaa est tombé dans le piège de l'isolement et de la compromission car si le choix de certains ministres reste incontestable et rassure tant ils incarnent la compétence, l'indépendance, l'expérience, l'intégrité et la jeunesse tant le choix d'autres intrigue et n'augure rien de prometteur tant ils incarnent le clientélisme, l'amateurisme et le tape à l'œil car même s'il est permis de rêver grand , il n'est pas aisé d'endosser l'habit ministériel.