Chez Nidaa, les fêtes riment désormais avec défaites et les joies sont de courtes durées. La jubilation de la victoire aux dernières élections législatives est synonyme de désillusion avec l'alliance contre nature avec Ennahda et la joie de la tenue du premier congrès consensuel de Sousse rime avec cauchemar et catastrophisme à la vue de ces querelles intestines et de ces combats de coqs. Les militants regrettent cette tournure et estiment qu'il sera difficile au parti de rebondir après un tel déballage médiatique. Tous sont unanimes, le parti est frappé par le syndrome de la personnification et gravement atteint par la crise de valeurs. De part et d'autres, on cherche un bouc-émissaire pour fuir ses responsabilités et pour ne pas assumer ses erreurs. Chacun veut se la jouer cavalier seul pour assouvir son propre égo exacerbé et pour se donner une caution morale à son ambition démesurée. L'un et l'autre ont oublié que personne ne va gagner cette bataille et que l'un et l'autre vont tout perdre : l'estime, le respect et surtout l'empathie. C'est un château de carte qui s'écroule car la victoire de Nidaa ne doit rien à son histoire ni à sa philosophie. Elle est la résultante de la volonté d'un homme qui s'est entouré de jeunes loups pour rétablir un rapport de force d'égal à égal avec un mouvement conservateur qui menaçait le modèle sociétal tunisien et ses acquis de modernité et de progrès. L'homme n'avait pas de structures mais avait un projet. Il n'avait pas de programme mais connaissait son adversaire. Il n'avait de stratégie mais avait des femmes et des hommes de bonne volonté. Toutes et tous ne voulaient pas que leur belle Tunisie sombre dans le conservatisme moyenâgeux et la violence barbare. Ensemble, ils se sont opposés courageusement aux desseins scabreux des intégristes et des « révolutionnistes » mais très vite, ils se sont divisés pour briser l'espoir de millions de tunisiens et ruiner la maison de la « tunisianité ». Nidaa est fini et les militantes et militants broient du noir en constatant ce spectacle désastreux offert par des personnes avides de pouvoir et plus préoccupées par leurs légendes personnelles que par la légende du pays. L'intronisation de BCE à la présidence de la république a tout changé. Elle a aiguisé les appétits de ses enfants légitimes et adoptifs qui se disputent âprement sa succession de son vivant en alignant une stratégie de dénigrement et de partition. Il est désormais écrit que les militantes et militants vont se prendre encore des claques car les volte-face se multiplient et le curseur de la victoire vacille entre les 2 camps. Est-il nécessaire de rappeler à tous les protagonistes et leurs parrains qu'ils jouent leur va-tout et que quel que soit le résultat, personne ne sera gagnant car en seulement à cause de ces querelles intestines Nidaa a tout perdu : son capital confiance, sa crédibilité et son vivier électoral mais les protagonistes auront-ils assez de lucidité pour apprendre de leurs erreurs, éviter une débâcle annoncée et placer la Patrie avant le Parti ?