Avec le rachat de 20 magasins Batam, Magasin Général fait une incursion dans le monde de la distribution spécialisée. Ce ne sera pas la dernière. Explications de Tahar Bayahi. Webmanagercenter: Vous avez récemment conclu le rachat d'une partie des actifs de Batam. Le fait que vous ayez pris un certain temps pour vous décider veut-il dire qu'il y avait du pour et du contre dans cette opération? Tahar Bayahi: Nous sommes partis d'une idée très simple qui consiste à dire: aujourd'hui les clients ont besoin d'un niveau de services à la hauteur de leurs attentes dans le commerce spécialisé. Nous pensons que les magasins généralistes n'en ont ni la capacité ni la vocation. Il y a donc un besoin réel pour la mise en place d'un acteur spécialisé dans l'électroménager. Il faut dire également qu'à Magasin Général nous avons trouvé une tradition dans ce domaine qui représente une part intéressante de notre activité. Nous nous sommes donc mis à la recherche d'une opportunité et elle s'est présentée à nous avec Batam. Mais l'affaire a été compliquée. Batam est une entreprise qui a été reprise en 2007, qui n'a pas fonctionné et est restée à l'arrêt. Les magasins n'ont pas été rouverts. La problématique est aussi devenue très lourde. Nous avons donc pris le parti de ne pas nous engager dans une opération compliquée, parce que nous avons été assez bien servis par la complexité de la reprise de Magasin Général. Par conséquent, nous n'avons repris que des fonds de commerce. Sur les 44 ou 45 magasins de la chaîne, nous avons repris les 20 plus intéressants. C'est pour cette raison que la transaction a été longue à conclure. Reprendre une enseigne dont le nom a une connotation négative ne vous inquiète-t-il pas? Nous nous sommes trouvés devant un dilemme, et il nous a fallu évaluer les aspects positifs et négatifs. Nous sommes arrivés à la conclusion que les premiers l'emportent de loin, et que l'image de cette enseigne est positive dans le conscient et l'inconscient du client. Car elle a contribué, qu'on le veuille ou pas, à équiper bon nombre de foyers tunisiens. Que l'aventure économique de Batam ait tourné court, cela c'est une autre histoire. Mais la perception qu'a le client de Batam est positive, et les études que nous avons menées le démontrent. Par conséquent, faire revivre Batam pouvait avoir du sens. Sincèrement, nous trouvons que transformer le négatif en positif est un exercice extrêmement intéressant et porteur de valeurs. Nous voulons corriger un peu les choses, les améliorer et contribuer à construire. C'est la caractéristique de notre action: nous n'aimons pas casser, nous préférons construire en rectifiant les choses. Comment allez-vous procéder pour relancer les 20 magasins repris et à quelle cadence? Le premier point de vente a déjà ouvert à l'avenue de Paris. Nous pensons en ouvrir 5 ou 6 autres d'ici fin février et terminer les 20 points plus un 21ème que nous avons acquis récemment- pour la fin 2011. Qui va faire fonctionner ces magasins? Nous sommes en train de constituer les équipes en puisant dans les 320 diplômés de l'université que Magasin Général a recrutés et formés dans le cadre du programme CIDES. Nous n'avons donc pas de problème de ce côté-là, grâce à l'effort continu de recrutement et de formation entrepris depuis la reprise de la chaîne de supermarchés. Outre l'électroménager, vous intéressez-vous à d'autres créneaux de la distribution spécialisée? Notre démarche consiste à nous rapprocher du client pour mieux le connaître afin de mieux répondre à ses besoins. Cette connaissance du client nous apportera d'autres idées et nous offrira d'autres opportunités. Peut-on faire coexister deux cultures commerciales généraliste et spécialisée- au sein d'une même entité? La distribution spécialisée constituera une division à part au sein de Magasin Général, dirigée par un responsable d'enseigne.