Le marketing politique est une branche très importante du Marketing. Car en politique, souvent, il ne s'agit pas de convaincre, mais de vendre. Il faut véhiculer l'image d'un homme politique humain, qui a une femme et des enfants, qui rigole parfois, qui fait du sport dimanche, etc. Quelqu'un qui est proche des gens. Super Mourou sera des nôtres pendant ce mois saint, et à un timing très important, la rupture du jeûne, heure de la réunion familiale, juste après la prière et avec les premiers mets, les dattes, la soupe, etc. Il est là mais il ne parle pas politique, il parle religion. Il est charismatique, il retient l'auditeur, comme savent le faire les profs les plus doués et les plus dévoués. Il rigole aussi, il fait de l'humour avec des expressions bien de chez nous, d'où il renforce un lien affectif qu'il est en train de tisser entre nous Mon frère a voulu changer de chaîne, ma mère à criée «non, laisse, je veux entendre les paroles de Dieu klem rabbi à la rupture du jeûne !» «mais c'est pas la parole de Dieu maman, c'est son interprétation à lui, de la parole de Dieu!», lui répond mon frère. Je trouve que c'est très représentatif de l'essence de l'affaire, dans l'inconscient collectif, et dans les occasions chargées affectivement, et chargées de rituels, comme c'est Ramadan, on ne fait plus trop la différence. En marketing, on a compris cela depuis un moment. Ca s'appelle l'association, autrement dit on associe l'image d'un chanteur, par exemple Nancy Ajram, à un produit (Coca Cola). Chanteur et produit qui peuvent effectivement ne rien avoir de commun. En effet, il s'agit de créer une association, surtout en termes conatif, ou affectif. Les mêmes émotions qu'on aurait à la vue de la beauté ou des rondeurs de Nancy Ajram (ou autres, à vous de voir ), on va les ressentir à la vue du produit. Pour acheter Coca plutôt que Sprite, ça peut passer; en politique, ça peut poser problème, car il en va de l'avenir du pays, et on est en train de créer un capital sympathie, avec des personnages, assez impliqués dans la vie politique. A moins qu'il y ait aussi un «saha chribtkom» signé Pr. Mohamed Talbi sur une autre chaîne. Et où lui va véhiculer ses idées. J'ai la certitude que si les choses se déroulent ainsi, il aura un capital sympathie beaucoup plus élevé que celui d'après la gaffe sur Chams FM. Encore une fois, à la limite, peu importent ses idées car l'espace débat d'idées dans la politique reste réservé à une élite, qu'on le veuille ou pas. Pour la majorité, pour le citoyen lambda, l'affect décide avant, d'où l'intérêt de faire du marketing politique, et ça, les majors des finances/médias l'ont bien compris.