Depuis longtemps, la notation fait partie intégrante des préceptes du système financier mondial. D'après mes récentes lectures, le gouvernement américain et la Commission européenne s'agitent pour les remplacer par des standards généraux de crédibilité. Autrement dit, en faire un simple indicateur, tout en déclassant la notation à un niveau inférieur, dans la réglementation bancaire et boursière. Alors, utopie ou réalité? L'avenir nous le dira! A vrai dire, il faut trouver les procédures pour mieux repositionner les agences de notation et reconsidérer leur position dominante.
Seconde alternative, c'est de les filialiser pour devenir des structures rattachées directement aux instances internationales comme par exemple le FMI. La problématique, c'est que depuis des longues années, gouvernements, banques, organismes de crédit, agences de surveillance, ont utilisé les critères des classements des agences de notation pour transférer la responsabilité finale de leurs actes d'investissement à l'égard du public. Ainsi, la sécurité sera étroitement liée aux hypothèses développées par la notation affichée par telle société ou tel emprunt. Le jargon des références, les AAA, les AA, les A, etc., ont été intégrés dans toute la structure de l'analyse du risque de contrepartie. Les écarter de toute analyse prospective est extrêmement difficile.
Mais a-t-on pensé se poser quelques questions: qui finance les agences? Comment peuvent-elles prospérer? 1. - Avant les années 80, les investisseurs payaient directement les agences pour obtenir des renseignements. 2. - Depuis, ce sont les émetteurs, les Etats, les sociétés cotées, les fonds d'investissement, les emprunts, qui payent les agences. 3. - Ces soutiens donnaient des ailes aux agences qui sont devenues du même coup des sociétés cotées très prospères. Ceci étant, tous ceux qui se voyaient dotés du AAA ou même du AA, qui représentent plus que la moitié des instruments financiers existant sur les marchés, trouvaient que leur abonnement à l'agence était largement justifié. Le plus éloquent, c'est de voir une entreprise de notation faire souffler le vent de panique générale dans la sphère économique et financière mondiale, alors qu'elle lui arrive de ne pouvoir apprécier les complexités au sein desquelles nous vivons et les conséquences de ses notations éphémères. Trop souvent, au cours des mois écoulés, on a observé une dégradation des dettes des pays, même les plus nécessiteux! Pour faire face, il est indispensable que les gouvernants s'opposent à la publication unilatérale des notations sur les dettes des Etats. Puisqu'il est plus complexe, un Etat ne peut guère se comparer à une entreprise et, par ricochet, les chefs de gouvernement doivent s'atteler à la tâche évidente de réduire le déficit budgétaire, qui doit figurer dans la Constitution pour interdire la disproportionnelle des dépenses publiques et de mettre en place une véritable politique socioéconomique pour redonner confiance, d'abord et avant tout à leurs concitoyens. Car voilà que les agences de notation qui avaient, pendant des années, donné le 'AAA' aux hypothèques de subprimes américains en fermant les yeux sur le risque éventuel de ces instruments qui ont entraîné le monde entier dans une crise financière sans précèdent.