Conjoncture économique: La Banque centrale européenne écarte tout risque de nouvelle récession Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a écarté tout récemment tout risque de nouvelle récession, alors que ce scénario inquiétait les marchés la semaine dernière. « Je ne le crois pas du tout», a-t-il déclaré, en marge des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence «Au niveau mondial, il est clair que nous sommes en phase de reprise, confirmée particulièrement dans le monde émergent, mais aussi dans le monde industrialisé», a-t-il ajouté. Dans ce dernier, la croissance dépendra cependant «de la capacité [des pays] à renforcer la confiance», ce qui passe, selon lui, par le redressement des finances publiques. La BCE devrait profiter de sa réunion mensuelle de jeudi pour maintenir son principal taux directeur à 1% et adresser des rappels à l'ordre aux gouvernements dans le sens de la rigueur budgétaire. • Notation: tandard & Poor's menace de dégrader Moody's Ce n'est pas une première, mais cela surprend toujours. L'agence de notation Standard & Poor's (S&P) a annoncé la semaine passée qu'elle plaçait sous surveillance «avec implication négative»… sa propre concurrente, Moody's. Cette dernière est actuellement notée A-1 sur l'échelle de S&P, la deuxième meilleure note. Mais la mise sous surveillance signifie que Moody's a plus de 50% de chances de voir son «rating» abaissé dans les semaines à venir. Un tacle d'autant plus surprenant contre sa consœur que S&P justifie cette décision par le projet de régulation du système financier aux Etats-Unis, qui devrait mettre à mal l'activité de toutes les agences de notation. Le projet, approuvé par le Sénat américain la semaine dernière, devrait en effet permettre aux investisseurs de poursuivre en justice les agences de notation s'ils parviennent à démontrer qu'elles ont prononcé des appréciations erronées en attribuant leurs notes. S&P précise que l'entrée en vigueur de cette loi «devrait accroître les frais judiciaires» de Moody's. Image écornée Les agences de notation sont mises au banc des accusés depuis plusieurs mois pour n'avoir pas su prévenir la crise, que ce soit pour l'effondrement des produits financiers liés aux crédits «subprimes» ou pour la montée de l'endettement des Etats européens. Il leur est également reproché leur manque d'indépendance parce qu'elles sont financées par les entreprises et les Etats qu'elles notent. L'ensemble de l'activité de notation est mise en difficulté par ce projet de loi. S&P et Fitch, qui se partagent le secteur avec Moody's, devraient donc être exposés aux même risques. Mais Moody's sera effectivement plus vulnérable aux conséquences de la réforme, puisque la notation constitue 90% de son activité. Des frais de justice mineraient son bilan de façon plus dangereuse que celui de ses concurrentes. Standard & Poor's fait, elle, partie du groupe diversifié McGraw-Hill, qui n'est pas coté en Bourse. De plus, c'est Moody's qui figure actuellement dans le collimateur de l'opinion publique. La dégradation de la dette grecque en catégorie «spéculative» par l'agence de notation, mi-juin, qui a pesé sur les marchés financiers, a suscité des commentaires agacés de plusieurs dirigeants européens. Lors de récentes auditions devant la commission d'enquête du Congrès sur la crise financière, des anciens salariés de l'agence ont par ailleurs déclaré qu'ils avaient subi des pressions pour attribuer des notes favorables à des produits financiers risqués. Ils ont dépeint une «population d'analystes dociles», écornant un peu plus l'image du groupe. Moody's peut cependant espérer un sursis quant à son exposition aux risques de poursuites judiciaires : la réorganisation du système financier pourrait en effet se heurter au 1er Amendement, cher aux citoyens américains, qui garantit la liberté d'expression et d'opinion. (Source: Les Echos) Finances publiques: Lagarde lance le concept de la «rilance» Devant le gratin des économistes réunis récemment à Aix-en Provence, la ministre de l'Economie a plaidé pour la mise en place d'une politique économique à cheval entre rigueur et relance. La France pratique une politique économique de «rilance» a déclaré à Aix-en-Provence, Christine Lagarde. Ce mot-valise, contraction de «rigueur» et de «relance», évite d'avoir à prononcer l'un et l'autre. Nous ne sommes pas face à «un nœud gordien», dont on sait que la seule solution consiste à le trancher, a expliqué la ministre de l'Economie, qui participait à la journée de clôture des rencontres annuelles du Cercle des économistes. Elle s'est toutefois montrée plus prolixe sur l'aspect relance de ce qu'elle qualifie de «subtil dosage ». Christine Lagarde a avancé comme exemple la réforme de la taxe professionnelle (un allégement de charge pour les entreprises) et le maintien du crédit impôt-recherche. De même a-t-elle souligné que le gouvernement maintiendrait les crédits du plan de relance qui restent à débloquer (4 milliards d'euros). Quant au volet «rigueur» elle a mentionné «les réformes de fond» (comme les retraites) et les «coupes dans les dépenses», sans préciser lesquelles. Si l'expression même de «rilance» apparaît comme un oxymore, l'association d'une chose et son contraire, il était habile de l'instaurer devant le Cercle des économistes, autre forme d'oxymore. Ce club de trente personnalités, présidé par Jean-Hervé Lorenzi, précise dans sa charte qu'il faut concilier un enseignement universitaire et une activité privée en entreprise, le plus souvent bancaire. Initialement, les rencontres 2010 ne devaient traiter que de problèmes de croissance à long terme. Mais la conjoncture boursière désastreuse a obligé à rectifier le tir. Grand emprunt européen Bertrand Jacquillat, professeur à Sciences Po et fondateur d'Associés en Finances, a ainsi rappelé que les cours actuels des actions sur les marchés signifiaient que les entreprises ne retrouveraient pas avant 2012 leurs bénéfices nominaux de l'année 2007 et qu'il faudrait attendre 2020 à 2028 pour que ce qui est des résultats réels (ce raisonnement considère qu'un cours boursier n'est que l'actualisation des bénéfices à venir des entreprises). C'est dire combien les marchés broient du noir. (Source: Le Figaro)