Ils étaient suspendus comme autant d'épées de Damoclès au-dessus de la rencontre de la commission Ben Ismail avec les médias; les 15.000 emplois des entreprises confisquées des clans Ben Ali et Trabelsi dont la continuité est en jeu. A un certain moment, il faut appeler un chat un chat... et le juge Adel Ben Ismail l'a fait courageusement, alors qu'il rencontrait les journalistes ce mardi 16 août pour leur dire, en substance, que derrière les dizaines des entreprises des clans Ben Ali se trouvait un enjeu capital pour notre pays: la préservation de ces 15.000 emplois directs menacés. Président de la Commission nationale de la confiscation des biens mobiliers et immobiliers acquis illégalement, le juge Adel Ben Ismail a tenu à rappeler que 285 sociétés ont été confisquées sur un total de 320 ex-propriétés du président déchu, de ses proches et du clan des Trabelsi. Sur ce gros gâteau, "Princess Holding", ex-propriété de Sakher Materi, fait office de cerise car représentant à elle seule 32 entreprises. Le juge Ben Ismail rappelle aussi les décrets-lois qui intéressent la commission et ses actions, il rappelle encore la nécessité de faire progresser ces textes qui en ont bien besoin; il rappelle que des textes complémentaires sont nécessaires... avant d'en venir au fait. En un mot, c'est l'histoire de l'enclume et du marteau. D'un côté, l'esprit de revanche de la Révolution, de l'autre le pragmatisme qui nous empêche d'en perdre trop pour être capables d'assurer la continuité de l'Etat. Ben Ismaïl l'a dit clairement car la campagne de dénigrement qui vient de le prendre pour cible sur Facebook et certains journaux a pris appui sur le fait que la commission s'est érigée contre la nomination d'un administrateur judiciaire sur l'un des ces entreprises à double dilemme: les assurances GAT. Le propos de M. Ben Ismail, c'est que l'entreprise va à sa perte si elle est placée sous administrateur judiciaire. En vérité, il ne faut surtout pas chercher qui a tort et qui a raison car on deviendrait tout simplement cinglé à tenter de le faire... Le tout c'est de choisir sa logique (nous allions dire, son camp) entre les 15.000 emplois directs menacés et une revanche qui n'a d'ailleurs aucun sens vu que ces entreprises appartiennent désormais à l'Etat!