A partir du lundi 5 septembre, de nouveaux règlements de pêche en Méditerranée sont entrés en vigueur, dont l'objectif visé est la sauvegarde des habitats en eau profonde et la réduction des captures accessoires. Ainsi, dorénavant, ces mesures, convenues entre l'ensemble des 24 membres de la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM), sont appliquées au niveau national par tous les Etats membres de cette Commission. Entre autres de ces nouvelles mesures, l'interdiction formelle d'utiliser des chaluts et dragues remorqués à des profondeurs supérieures à 1.000 mètres. Dans la logique de ce que la FAO (Fonds des Nations unies pour l'alimentation) appelle l'«approche de précaution appliquée à l'aménagement des pêches», cette interdiction a pour objet de protéger les habitats fragiles des grands fonds marins ainsi que les poissons à croissance lente qui y vivent -et qui sont souvent eux-mêmes une source importante de nourriture pour les espèces de poissons les plus demandées qui vivent dans les eaux moins profondes. Les pays de la Méditerranée soulignent aussi la nécessité «que les chalutiers utilisent des filets dont les mailles ont une ouverture minimale de 40 mm à l'extrémité inférieure du chalut pour permettre aux poissons plus jeunes et plus petits de s'échapper, et conserver ainsi les stocks reproducteurs». Une mesure qui devrait contribuer à réduire les captures accessoires des espèces non ciblées. Pour y parvenir, les membres de la CGPM ont convenus de mettre en place un registre centralisé de tous les navires de plus de 15 mètres de long autorisés à pratiquer la pêche et inscrits dans leurs registres nationaux. De ce fait, tout navire de cette classe de taille, non inscrit au registre, sera considéré comme non autorisé à pêcher dans les eaux de la CGPM et donc, dans le cas échéant, sujet à d'éventuelles amendes dans le cadre des lois nationales des membres de la CGPM s'il est observé en train de pêcher. Le Secrétaire exécutif de la CGPM, Alain Bonzon, souligne que «cette mesure serait à même de permettre de prévenir la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, de garantir que les pêcheries observent les règles de la CGPM et d'améliorer le suivi de la pêche dans la région ». Un suivi et les comptes-rendus Mais les membres de la CGPM veulent aller plus loin puisqu'ils «ont convenus de prendre une série de mesures destinées à renforcer le suivi et les comptes-rendus des opérations d'engraissement du thon, connues aussi sous le nom d'aquaculture fondée sur les captures, dans le cadre de laquelle de jeunes poissons sont capturés en pleine mer puis relâchés dans des enclos et engraissés selon les méthodes de l'aquaculture», souligne-t-on du côté du Secrétariat de la CGPM. C'est en ce sens que ces mesures ont été conjointement adoptées par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA) incluant des contrôles plus stricts de la taille des thons rouges capturés, qui, indique-t-on, doivent peser au moins 10 kg. Rappelons que la FAO, dans son dernier rapport sur la Situation mondiale des pêches et de l'aquaculture (SOFIA), se dit «préoccupée de l'impact des captures de poissons immatures sur les stocks sauvages et de la nécessité d'avoir recours à des aliments manufacturés pour nourrir les poissons dans les enclos plutôt que d'utiliser des poissons crus importés». Pour la population halieutique, ces mesures sont salutaires, mais qu'en sera-t-il pour les petits pêcheurs des pays du Maghreb ? Quelle aide vont-ils bénéficier de la part de leurs gouvernements respectifs et de l'Union européenne ? En tout état de cause, ces questions et bien d'autres doivent trouver des réponses immédiates, car l'activité pêche occupe une importante main-d'uvre et nourrit plusieurs centaines de familles. Les membres de la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM) sont: l'Albanie, l'Algérie, la Bulgarie, Chypre, la Communauté européenne, la Croatie, l'Egypte, l'Espagne, la France, la Grèce, Israël, l'Italie, le Japon, le Liban, la Libye, Malte, le Maroc, Monaco, la Roumanie, la Serbie-et-Monténégro, la Slovénie, la Syrie, la Tunisie et la Turquie. Peuvent en être membres les pays du littoral méditerranéen et ceux qui pêchent dans les eaux méditerranéennes.