Lors d'une conférence de presse tenue, vendredi 25 avril à Tunis, la battante ministre du Tourisme, Amel Karboul, a démontré, de manière éloquente, deux grandes qualités, celles d'une excellente communicatrice et d'une responsable innovante. Gros plan sur cette rencontre avec la presse. S'agissant du volet communication, son discours était certes succinct mais comportait l'essentiel. Il présente l'avantage de couper avec la langue de bois et l'autosatisfaction de ses prédécesseurs. Sa tendance à associer de manière significative ses collaborateurs à la conférence de presse et au débat est également à son actif. Elle démontre que la ministre croit fermement en le travail d'équipe et en la responsabilité collective, deux facteurs connus pour être des garants déterminants de la pérennité des structures et institutions. La ministre devait, de prime abord, présenter la stratégie de son département. Celle-ci s'articule autour de quatre grands axes. Le premier a trait à la promotion de la qualité avec mention spéciale pour la formation et la propreté et leur ancrage dans les traditions. Une importante enveloppe budgétaire sera affectée à cette fin. Vient ensuite la diversification de l'offre touristique. Une attention particulière sera accordée à la valorisation des produits-régions (tourisme archéologique, Sahara ). L'idéal, pour elle, serait de promouvoir toutes les régions et villages du pays en zones touristiques. Le troisième volet porte sur la promotion pour laquelle un budget de 60 MDT est alloué annuellement. L'accent sera mis sur l'évaluation et l'audit en vue de leur révision sur de nouvelles bases, des politiques suivies, jusque-là, en la matière. Un intérêt particulier sera donné au marketing ciblé, à l'image de marque, au tourisme digital et aux dessertes aériennes. Le quatrième volet concerne l'amélioration de la gouvernance du secteur. Au programme, figurent la modernisation du cadre institutionnel, le financement du secteur, la création d'un observatoire du tourisme et un nouveau programme pour la mise à niveau des unités hôtelières. Amel Karboul est une ministre innovante. Ses initiatives coupent avec l'autosuffisance de ses anciens prédécesseurs et l'éloge des acquis et réalisations accomplis. Forte d'une spontanéité positive, elle a évoqué des zones sinistrées et la situation difficile par laquelle passent, actuellement, certaines stations touristiques comme Ain Draham-Tabarka, Tozeur et d'autres dans le sud du pays. Attachée à la diversification de l'offre, elle n'a pas manqué de saluer l'initiative de l'administration régionale et de la société civile du Kef de prendre en charge la promotion de la ville du Kef, l'héritière de Cirta, capitale du royaume de Numidie de Massinissa, en site touristique prometteur au regard de la position géostratégique de la cité et du potentiel des vestiges archéologiques qu'elle recèle. Amel Karboul a été également innovante en mettant en relief la place que doit jouer le tourisme intérieur dans la pérennité de l'industrie touristique. «Toute destination touristique digne de respect doit être appréciée, avant tout, par ses autochtones», a-t-elle-dit. Autre innovation, l'engagement du ministère du Tourisme à effectuer un audit pour évaluer les stratégies de promotion dans les pays émetteurs lesquelles se sont avérées, au regard des résultats enregistrés, peu rentables. Dans l'ensemble, par delà ces éclairages sur la nouvelle politique touristique, et après 80 jours au gouvernement de Mehdi Jomaa, la prestation de la sympathique ministre Amel Karboul a été, en toute objectivité, bonne, et ce en dépit des coups bas des députés illégitimes et véreux. Nous estimons, quant à nous, qu'elle est sur la bonne voie, notamment en ce qui concerne l'offre produit-régions, le tourisme intérieur, la qualité de l'environnement et le ciblage des marchés.