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Maghreb:
Le "oui mais plus tard" de l'Algérie à l'OMC!
Publié dans WMC actualités le 08 - 11 - 2014

«Rien ne presse l'Algérie d'adhérer à l'OMC. Il n'y a pas le feu. Nous devons d'abord nous préparer. Notre pays va devoir relever d'importants défis économiques avant d'accéder au statut de membre de cet organisme et accroître son poids économique à l'échelle nationale, régionale et mondiale. Nous en avons le potentiel et les moyens».
C'est la position défendue, hier, au forum Economie d'El-Moudjahid par le conseiller du SG de l'UGTA chargé des affaires économiques, Mohamed Lakhdar Badreddine et par le professeur Chemseddine Chitour ainsi que par l'économiste Chafik Ahnine, le représentant de l'UGTA n'a pas manqué de mettre en garde contre les répercussions négatives qui découleraient de cette adhésion.
Arguant de la mauvaise expérience avec l'Union européenne, Lakhdar Badreddine indique qu'avec les normes imposées par l'OMC, nous n'aurons plus aucune chance de préserver la production nationale et le pouvoir d'achat des Algériens qui demeure la priorité de l'UGTA. Dès lors, il est plus que nécessaire, a-t-il insisté, de valoriser le produit national, à commencer par le tissu industriel, aussi bien public que privé, sous peine de le voir périr.
L'intervenant cite de manière particulière la filière du textile et l'agro-alimentaire, dont la relance est indispensable. Mohamed Lakhdar Badreddine souligne qu'en affichant une grande détermination à faire entrer l'Algérie dans cette organisation commerciale internationale.
Dans ce sens, il précise que la confiance de l'UGTA en la personne du Président Bouteflika reste intacte, dans la mesure où il ne prendra jamais une décision sans tenir compte de l'intérêt de notre pays et ce nonobstant qu'il est demandé au gouvernement d'étudier l'ensemble des aspects liés à cette adhésion et les intérêts de l'économie nationale seront pris en considération.
À ce sujet, l'orientation du Président de la République était très claire: accélérer le processus d'adhésion à l'OMC tout en sauvegardant les intérêts économiques du pays. Ce processus qui est caractérisé par sa longueur et sa complexité, le sera sans doute plus, particulièrement pour l'Algérie, pour laquelle un véritable parcours du combattant semé d'embûches est imposé, relève de son côté le professeur Chitour, qui insiste sur la nécessité d'aller très rapidement vers une stratégie de développement nationale.
Ainsi, si certains considèrent l'adhésion de l'Algérie comme étant la voie royale permettant de rendre son économie compétitive et ouverte à la concurrence internationale, les opposants, à leur tête l'UGTA, estiment qu'une intégration à l'OMC provoquerait la déliquescence de l'industrie nationale algérienne peu à même de rivaliser avec ses grands concurrents internationaux et soumettra le pays à la domination des grandes puissances économiques.
D'aucuns craignent également que l'ouverture du marché algérien à la concurrence étrangère ne provoque un afflux de produits étrangers qui asphyxierait la production nationale, fait remarquer le conseiller du SG de l'UGTA.
Revenant un peu à l'histoire de la création du Gatt après la deuxième guerre mondiale et l'OMC ensuite, il rappelle que l'objectif assigné à l'organisation est d'occuper le marché des pays qui adhérent. «Nous n'avons pas le même poids qu'eux.
Le plus important est donc de savoir comment aller à l'OMC. Nous avons une protection sociale extraordinaire en Algérie, si on va à l'OMC, l'électricité c'est 3,80 le kv, au Maroc c'est 10 fois plus et en France c'est six fois plus. On va nous obliger à vendre l'électricité au prix réel.
Aujourd'hui, Sonatrach vend le gaz pour le fonctionnement des centrales électriques à un prix symbolique, même pas 1/10 du prix international et la Sonelgaz le vend à perte, en plus c'est un service public. Il est précisé dans les conditions de l'OMC qu'il n'y a pas de disparité dans les prix. Nous invitons ceux qui pensent que cela va être le paradis pour l'Algérie à un débat devant tout le monde», a-t-il lancé.
L'invité du forum Economie d'El Moudjahid a évoqué le cas de la Tunisie, dont l'adhésion à l'OMC a fait perdre au pays 380.000 postes d'emplois dans le textile. «Si on ne protège pas notre production nationale, l'adhésion à l'OMC se traduira par la disparition des emplois», a-t-il averti.
Le professeur Chemseddine, relève, pour sa part, que l'OMC, c'est secondaire, une petite partie d'une problématique d'ensemble et que ce qui est important c'est l'avenir de ce pays. Il enchaîne par une série de questions en se demandant où est-ce que nous allons et qu'a-t-on fait pour préparer le futur quand on sait que nous serons 55 millions d'Algériens en 2030?
Pour lui, il faut faire d'abord un état des lieux. Il faut mettre tout à plat, pour se donner une stratégie et un cap. Ainsi, il estime qu'il est grand temps de briser notre dépendance totale et entière au seul pétrole, ajoutant que le patriotisme économique consiste surtout à créer ses propres défenses immunitaires, à l'image de l'Inde, qui produit chaque année près de 2 millions d'informaticiens et exporte pour 25 milliards de dollars de logiciels.
Pour le professeur Chitour, «nous avons une fenêtre d'opportunités pour aller vers une transition multidimensionnelle. Il faut aussi trouver les mécanismes pour protéger ceux qui n'ont pas le pouvoir d'achat», a-t-il indiqué.
S'agissant de la problématique de l'exploitation du gaz de schiste, il estime que ces forages et fracturation sont performantes. Ce qu'il faut faire, ce sont des forages d'exploration pour savoir ce que nous avons en attendant que la technologie soit mature.
De son côté, l'économiste Chafik Ahnine a livré une analyse concernant les conditions d'adhésion d'un pays à l'OMC et les avantages que cela induit, prévues notamment dans la charte de cette organisation. Il s'intéresse particulièrement à la notion de libre-échange, un chapitre important de théories économiques de nombreux économistes depuis David Ricardo au 19e siècle. «Adhérer à l'OMC c'est accepter de s'ouvrir et de lever toutes les barrières douanières, qui entravent les échanges. La finalité de l'OMC c'est de libéraliser le commerce», a-t-il souligné d'emblée. Ainsi, le débat ce n'est pas d'adhérer ou non à l'OMC ?
Le débat c'est de savoir est-ce que le fait de libéraliser les échanges, d'ouvrir les frontières aux échanges avec le monde extérieur, sera dans l'intérêt de l'économie nationale, en termes de croissance, de création de richesse et d'emploi, et de compétitivité…
L'économiste Chafik Ahnine explique que ce débat, qui est aussi international, n'est pas tranché du point de vue théorie économique, ou de la pratique et que le libre-échange n'a jamais dominé le monde. Il démontre ensuite qu'historiquement, les grands pays industriels n'ont pas suivi le libre-échange pour se développer, mais qu'au contraire, ils ont eu recours à des pratiques protectionnistes.
Ricardo, qui soutenait la bourgeoisie anglaise, a milité pour le libre-échange, soutenant que l'ouverture des frontières induira une baisse des salaires qui est utile pour la bourgeoisie.
Son deuxième argument est que le pays qui produit plus et exporte plus, c'est lui qui prône le libre-échange.
Il a développé la théorie des avantages comparatifs, par laquelle il préconise que l'application de la libéralisation du commerce serait au bénéfice de tous les pays.
D'autres théories soutiennent le contraire, indique l'économiste Chafik Ahnine, dont la théorie des industries naissantes, défendue par l'Allemand Frediric List au cours des années 1840/1850, selon qui, les entreprises nationales ne peuvent se développer si le marché est déjà occupé par les entreprises de pays étrangers économiquement plus avancés.
Le protectionnisme a pour objectif de protéger sur le moyen terme le marché national afin de permettre sur le long terme un libre-échange qui ne soit pas à sens unique. Son but est industriel.
Sa théorie est applicable donc particulièrement aux pays en voie de développement. L'économie allemande au milieu du 19e siècle était faible.
Il propose de protéger les industries naissantes, en les aidants sur tous les plans. Il faut soutenir les forces productives, la recherche scientifique, et la protection de l'économie. L'américain Alexander Hamilton, lui a emboîté le pas, en insistant sur l'importance de soutenir par des aides les industries naissantes, explique le conférencier.
Il a également trouvé intéressantes les considérations keynésiennes sur le libre-échange et le protectionnisme, lors de la crise de 1929.
Des considérations qui militent en faveur d'une alternative au libre-échange intégral, à savoir la voie de la protection des économies nationales et c'est au nom de la priorité à l'emploi que Keynes va révéler son penchant pour les mesures protectionnistes.
Sa défense du protectionnisme n'est plus guidée par son souci de faire sortir l'économie britannique de la crise dans laquelle elle se trouvait au début des années 1930, mais bien par celui de lui éviter le retour des crises auxquelles la livrerait un système économique autorégulé.
Pour ce faire, la régulation des échanges commerciaux lui paraît indispensable.
Le conférencier soutient à partir de là que c'est grâce au protectionnisme que les pays développés ont réussi leur développement. «Le libre-échange est un leurre. Il y a des périodes où le libre-échange prend le dessus sur le protectionnisme. Les périodes de prospérité. Dans le sous-développement c'est le protectionnisme qui prend le dessus. Les Anglais ont pratiqué le protectionnisme pendant 3 siècles, pour réussir la révolution industrielle», a-t-il rappelé, ajoutant que «les USA et l'UE sont en train de négocier un accord de libre-échange parce qu'au sein de l'OMC, les négociations multilatérales sont bloquées, depuis 2001, il y a une crise au sein de l'OMC, ils veulent sortir du cadre OMC pour contrecarrer les BRICS. Ils sont conscients que c'est déterminant pour leur avenir».
L'occasion a été pour lui aussi d'invoquer la contribution de Paul Krugman, prix Nobel d'économie, sur les stratégies commerciales. L'analyse de Krugman a porté sur l'impact des économies d'échelle dans le commerce international, alors qu'avant lui, la théorie dominante est celle de l'avantage comparatif de David Ricardo.
En conclusion, il indique que ce qui détermine le développement et la croissance d'un pays c'est sa stratégie interne, sa politique de développement. Une politique solide pour développer les entreprises et ce n'est pas l'adhésion à l'OMC.


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