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Tunisie - Elections :
«Un million de femmes ont voté BCE, c'est le plus grand parti de la Tunisie», Hassen Zargouni
Publié dans WMC actualités le 25 - 12 - 2014

WMC : Le rôle des femmes a été déterminent lors des élections parlementaires et présidentielle. Elles ont été un million à voter pour Béji Caïd Esssebsi au deuxième tour. Elles ont incontestablement fait la différence. Comment expliquez-vous cela?
Hassen Zargouni : Ce que je veux relever est plus que cela et pour l'histoire, il faut reconnaître que nous avons la preuve scientifique et statistique que, globalement, les femmes n'ont pas voté comme les hommes et ceci est en soi-même une victoire pour le gender humain, le gender tunisien et la singularité tunisienne. La graine semée, il y a plus de 60 ans, et pas particulièrement par les femmes, est devenue un grand arbre qui protège notre pays: ce sont les femmes.
Cette modernité que les femmes se sont appropriées et devenue aujourd'hui acquise, elle n'est pas donnée ou livrée à elle-même. Les femmes ont exercé leurs droits pour que les choses aillent autrement en Tunisie par un vote différent des hommes. Et c'est ce qui est exceptionnel. Même en Occident les femmes votent comme leurs maris parce que les sympathies politiques y sont presque de famille. En Tunisie, cela n'a pas été le cas.
Nous avons la preuve statistique que les femmes ont voté différemment des hommes, peu importe le candidat. C'est cette émancipation féminine qu'on envie souvent à la Tunisie et qui se traduit aujourd'hui par des actes d'indépendance sur le plan décisionnel.
Quelle est la démonstration la plus expressive de l'idée de l'émancipation? C'est l'émancipation citoyenne. C'est le libre arbitre et le choix. C'est ce qui est à relever.
Au-delà de l'idée de l'émancipation et de l'indépendance au niveau du choix du candidat, pourquoi d'après vous les femmes ont-elles été aussi nombreuses à voter Caïd Essebsi, est-ce l'expression d'une maturité politique que n'ont pas les hommes?
En fait, nous ne pouvons ignorer la lecture «gender», le vote en lui-même étant orienté «gender». La lecture de ce qui s'est passé ces 4 dernières années n'est pas la même chez les hommes que chez les femmes.
Revenons aux fondamentaux. Pendant 4 ans, la Tunisie a vécu des problèmes d'ordre sécuritaire et social. Soit un chaos visible, une liberté débridée, généralisée et irresponsable, à commencer par l'amoncellement des poubelles et des saletés devant nos maisons et dans nos cités jusqu'à l'incivilité en passant par la délinquance et les menaces sur les biens et les risques sur l'intégrité physique des personnes.
Un simple exemple: auparavant, partout sur le territoire national, les femmes sortaient le soir sans avoir peur d'être agressées et célébraient les mariages parées de leurs plus beaux bijoux. Aujourd'hui les mariages sont organisés en plein été à partir de 18 et les femmes évitent de porter leurs parures de peur d'être brutalisées et dépouillées. Et là, nous évoquons l'importance de la dimension sécuritaire et de la présence de l'Etat de droit pour les femmes, mais plus que cela, ce qui a motivé leurs choix c'est la peur pour leurs enfants, pour leurs familles.
En fait, c'est le sentiment naturel de vouloir se protéger, protéger la famille, la nation et la patrie. Ce sont les femmes qui ont le plus pâti du manque de sécurité et du chaos ambiant tout au long de ces dernières années et ça n'est pas une particularité tunisienne. Ce sont les enfants et les femmes qui, généralement, souffrent de tout désordre que traverse leur pays. En Tunisie, l'instrument de lutte des femmes a été éminemment civilisé, c'est le bulletin de vote et elles en ont usé pour rectifier le tir, pensant, à juste titre ou pas, que le message et le discours de l'un des deux candidats, en l'occurrence Béji Caïd Essebsi, était plus en phase avec leurs attentes, leurs besoins et leurs ambitions de plus de sécurité, plus d'ordre, plus de présence de l'Etat pour que la société tunisienne soit préservée. Ailleurs, ses paires n'ont pas eu cette chance, les femmes Kurdes ont porté les armes pour se protéger.
Combien de femmes ont voté pour Marzouki?
Elles sont un peu plus de 300.000.
La différence est de taille.
La différence est plus du double de l'écart des voix entre les deux candidats qui est de 350.000. Lors des législatives, c'était à peu près la même chose avec une différence: ce ne sont pas les femmes qui ont permis au Parti Nidaa d'être le premier, elles lui ont permis d'être majoritaire et ont conforté sa prépondérance, puisque le vote des femmes lui a permis d'avoir 20 sièges de plus. Cette fois-ci elles ont été à l'origine de la victoire du président actuel. Son message à lui correspondait à leurs attentes.
Est-ce le fait qu'il les sécurisait pour ce qui est de la préservation du modèle sociétal qu'elles ont toujours connu?
Je ne me limiterais pas à la raison que vous venez d'évoquer, j'ajouterais la dimension sécuritaire fondamentale car toutes nos études ont montré que le souci majeur des femmes est d'ordre sécuritaire, elles se sentent les plus menacées.
Vous avez dit que les femmes qui ont aujourd'hui été déterminantes dans le choix du président de la République sont le produit d'un choix effectué il y'a plus de 60 ans mais en fait, il y a quand même une dimension culturelle, les femmes tunisiennes ont été, à travers l'histoire de tous les combats, elles n'ont jamais baissé les bras.
C'est juste mais les exploits féminins que vous évoquez sont anecdotiques, ce que nous observons aujourd'hui c'est une présence massive des femmes sur la scène publique. Un million de femmes, c'est énorme: c'est le plus grand parti de Tunisie.
D'après vous, quel impact aura ce vote sur les projets, les programmes, la vision des partis politiques et la place des femmes en tant que facteur déterminent pour leur succès dans l'avenir?
Les femmes qui ont voté massivement pour Béji Caïd Essebsi et majoritairement pour Nidaa Tounes s'attendent à ce que leurs attentes soient satisfaites: à savoir des efforts pour consolider leurs acquis, le Code du statut personnel, l'article 45 et ses applications, aller le plus possible dans tout ce qui est discrimination positive. Et à ce propos, je dois préciser qu'il s'agit pour moi tout juste de donner le premier coup de pouce pour que les femmes occupent les places qu'elles méritent dans la société et assurer naturellement la parité. Ceci pour ce qui est de renforcer leur présence dans l'aire socioéconomique, et faire en sorte que notre mode de vie en tant que Tunisiens évolue positivement.
Un autre élément important -et j'y suis revenu fréquemment lors de cet entretien- est celui de la sécurité. Une femme qui se promène dans la rue ne doit pas être victime de harcèlement sexuel ou celle d'un pickpocket. Il faut qu'elle soit rassurée quant au sort de ses enfants qui sont dans les écoles. Pour ce, l'Etat doit être présent pour qu'il n'y ait pas de ventes de drogues à des enfants ou des adolescents ou des délinquants pour les enrôler dans des pratiques malsaines.
Tout cela peut paraître être les revendications de la droite mais elles sont indispensables pour les femmes. Nous ne pouvons vivre avec la peur au ventre dans notre propre pays et c'est cette conscience de la peur qui a été portée par les femmes parce qu'elles sont les plus menacées et les plus attaquées. C'est à ces attentes que le prochain gouvernement doit répondre.
J'ai comme l'impression que vous parlez d'un seul parti, il y a d'autres partis comme Ennahdha. Qu'en est-il de la place des femmes dans ce parti?
Ennahdha ne pourra jamais récupérer le pouvoir si, en tant que parti, il continue à être le parti des hommes. Il y a un marché électoral, pour le gagner, il faut qu'il y ait des hommes et des femmes. Nous sommes en Tunisie et les femmes votent. Pour accéder au pouvoir, les femmes doivent être au centre des partis et de leurs programmes.


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