Lucrative malgré les aléas de la pluviométrie, fiscalement encouragée, l'agriculture attire de plus en plus de groupes. Parmi les plus grands, UTIC (Taoufik Chaïbi) est le dernier en date à s'y être laissé attirer. Ceux qui en ont déjà en redemandent, et ceux qui n'en ont pas s'y mettent : l'agriculture est de plus en plus prisée, notamment parmi les grands groupes qui y voient un moyen fort lucratif en raison des avantages fiscaux qui y sont associés- d'investir, en particulier pour diversifier leurs activités. Le phénomène n'est certes pas nouveau, mais tend à s'accentuer avec l'arrivée dans ce secteur d'importants et nouveaux opérateurs privés qui y étaient absents. Parmi des nouveaux venus, on peut citer le groupe Ulysse Tranding and Industrial Companies (UTIC), de M. Taoufik Chaibi, qui vient de se doter d'une première société agricole (Société Ulysse Développement Agricole), au capital de 100.000 dinars et dont la direction a été confiée au tandem constitué de MM. Néjib Ben Debba (président du conseil d'administration) et Chiheb Malek (directeur général) qui font partie de la force de frappe managériale du groupe. Le groupe Sogef (Béchir Ben Amor) en a fait de même récemment en créant la «Société Générale de Gestion et des Services Agricoles» «El Filaha Services», dotée elle aussi d'un capital de 100.000 dinars. Nejmeddine Frikha, qui a récemment cédé «Jasminal» à Heinkel, a investi dans ce secteur. Saïd Néji en a fait de même après la cession de la chaîne de supermarchés «Touta» au groupe Mabrouk. D'autres créations récentes de sociétés agricoles ont été l'uvre de groupes opérant déjà dans ce secteur. La preuve est l'uvre du groupe Doghri qui a ajouté une deuxième société agricole Agri-Pack ayant pour activité la «production, le conditionnement, et l'entreposage frigorifique de produits agricoles- à un groupe pour qui l'agriculture constitue un prolongement naturel de ses activités dans la production et la commercialisation exercées par trois sociétés du groupe- de produits, notamment chimiques (insecticides, fongicides, herbicides, mais aussi graines de semence, aliments vitaminés) et d'équipements (construction, montage, assemblage de tous matériels agricoles) liés à l'agriculture. Le deuxième à consolider sa branche agricole est celui de Hédi Ben Ayed (Ennagham Magic, Société Tunisienne de Levure, Ets Hédi Ben Ayed «Confort Ménager», etc.) et a mis sur pied une «société de mise en valeur et de développement agricole (SMVDA)» baptisée «El Amal», cette fois-ci avec un capital de 600.000 dinars. De nombreux autres groupes ont, depuis plus ou moins longtemps, une activité agricole plus ou moins importante. Pour certains, l'agriculture n'a aucun rapport avec leur activité principale. C'est le cas notamment pour Chakira, spécialisé dans la fabrication de fils et câbles électriques, téléphoniques, spéciaux, d'énergie, compound PVC, télécommunication, et automobiles, et qui est présent dans l'agriculture depuis près de vingt ans, au travers de trois sociétés (Stifen -production de fruits et légumes frais et surgelés-, Stifen Bio - agriculture biologique- et Errouki), complétés par une quatrième spécialisée dans la préparation, fabrication, congélation, traitement, et commercialisation de fruits et légumes pour les industries alimentaires et agroalimentaires. Les groupes El Kateb (hôtellerie) et, à un degré moindre Makni (prêt-à-porter et immobilier) sont dans la même configuration. Pour d'autres groupes, au contraire, l'agriculture est d'autant plus importante qu'elle vient en complément de leur activité principale -groupes Horchani (agroalimentaire), Bellagha (biscuits) et Mellouli (pâtes) - et constitue parfois un pôle à part entière. Dans ce dernier schéma, on trouve en particulier «Poulina» l'un des plus importants opérateurs agricoles en Tunisie avec une bonne vingtaine de sociétés.