Il a 32 ans, vit en France, est docteur en économie-gestion et enseigne dans une école de commerce française. Après des études au Canada où il a passé une dizaine d'années, Walid Kelibi choisit de s'installer à l'étranger où les opportunités de travail sont plus grandes et plus intéressantes au regard de sa formation et de ses diplômes. De retour au pays pour des vacances estivales, Walid, originaire de la région de Bizerte, atterrit le 24 août au matin au siège du guichet unique de l'Agence de promotion des investissements agricoles. La veille, il avait appris la tenue de la semaine «portes ouvertes» organisée par l'Apia au profit des Tunisiens résidents à l'étranger (TRE), dont l'objectif est d'encourager l'investissement agricole en Tunisie par ceux qui en ont les moyens et surtout la volonté de le faire. Pour Walid, après la révolution et le climat de confiance retrouvé par la plupart des Tunisiens de l'intérieur et de l'extérieur du pays, l'occasion semble propice en vue d'essayer de réaliser son projet agricole : la création et l'exploitation à Mateur d'une plantation d'oliviers à huile, une variété grecque, rare en Tunisie, mais très appréciée en Europe où la demande est très importante et offre par conséquent des perspectives d'exportation très prometteuses. «Je suis venu à l'Apia chercher des informations, des conseils et de l'aide pour pouvoir monter ce projet, mon travail d'enseignant universitaire en France me permet de faire la navette chaque semaine et même de m'installer en Tunisie pour suivre mon projet qui est un investissement d'avenir s'il aboutit», explique le jeune universitaire plus confiant, certes, que par le passé mais toujours agacé par la lourdeur de l'administration tunisienne. Incitations insuffisantes Comme Walid, beaucoup d'autres Tunisiens résidents à l'étranger ont répondu à l'appel de l'Apia et fait le déplacement jusqu'à son guichet. L'espoir étant bien sûr de trouver l'assistance et l'aide souhaitées, mais sans doute également un traitement différent, plus rapide, plus humanisé, plus performant en cette période exceptionnelle propice à la réconciliation du citoyen avec l'administration et les institutions. «En effet, pour cette année du moins, nous n'avons pas de nouveau à leur proposer en termes d'avantages spécifiques, des mesures fiscales douanières très avantageuses existent déjà; toutefois, nous voulons leur accorder plus d'attention, plus de temps, plus d'effort pour mieux les écouter et les aider à résoudre leurs problèmes en un minimum de temps», explique Mme Dalila Dalhoumi, directrice du guichet unique, précisant que c'est la raison pour laquelle la semaine portes ouvertes de cette année, tenue du 22 au 26 courant, compte pour la première fois de l'histoire de l'administration une séance nocturne. L'Apia n'en est pas, en effet, à sa première semaine portes ouvertes, la manifestation est annuelle et existe depuis 1998 ; ni à sa première action d'incitation en direction des TRE, et des autres Tunisiens d'ailleurs. C'est la mission de l'agence, qui s'adresse à tous les investisseurs tunisiens potentiels et vise l'accroissement de la production et l'amélioration de la productivité dans les domaines de l'agriculture, de la pêche et des services liés à ces secteurs. Comme tous les pays qui aspirent au développement économique et social et à une croissance économique en constante évolution, la Tunisie mise entre autres sur la sécurité alimentaire et l'amélioration de la qualité de ses produits agricoles pour pouvoir conquérir les marchés extérieurs. C'est dans cette perspective que des avantages fiscaux spécifiques ont été accordés aux TRE, en plus de l'assiette des incitations fiscales communes dont bénéficient tous les investisseurs tunisiens de l'intérieur du pays. Créneaux multiples et porteurs Les avantages spécifiques, prévus par le code des investissements, prévoient l'exonération des droits de douane et la suspension de la taxe sur la valeur ajoutée et du droit de consommation dus à l'importation des équipements et matériels agricoles nécessaires aux projets, y compris un matériel usagé à condition que l'âge ne dépasse pas cinq ans. En d'autres termes, les TRE sont les seuls à avoir le droit de bénéficier d'avantages fiscaux sur du matériel d'occasion. Cette incitation favorise, selon la directrice du guichet unique, le transfert des technologies et des devises et encourage le partenariat avec des promoteurs étrangers. «Nous faisons beaucoup d'efforts pour attirer les investisseurs étrangers, pourquoi ne pas en faire encore plus pour attirer l'investisseur tunisien d'abord: il y en a un grand nombre et beaucoup d'entre eux investissent ailleurs, pas en Tunisie. C'est vrai, il y a des incitations à l'investissement mais ce n'est pas suffisant, nous avons encore beaucoup à faire pour élaborer une nouvelle stratégie et mettre en place la plateforme et l'environnement adéquats qui pourront convaincre le Tunisien de venir investir chez lui et pas ailleurs», indique Mme Dalhoumi. En effet, les statistiques ont bien démontré que les investissements en Tunisie par les TRE demeurent très en deçà de leurs capacités réelles d'investissement et des attentes des pouvoirs publics qui comptent sur l'investissement privé en général et les TRE en particulier pour booster des secteurs aussi stratégiques que celui de la céréaliculture, de la production de lait et de viande rouge, mais aussi les activités liées à ces secteurs comme le transport frigorifique et la mécanisation. Les autres niches porteuses sont tous les secteurs destinés à l'exportation comme l'agriculture biologique, la production des plantes aromatiques et médicinales, les fleurs coupées, en plus de l'huile d'olive et des dattes conditionnées. La liste est encore longue et compte de nouveaux créneaux porteurs à court et à long termes, tout comme celui de la production des escargots, très demandés par les marchés européens.