«Tounès Bledi», une radio tunisienne basée au Canada et qui diffuse sur Internet, se fait entendre d'elle. Elle est écoutée par 160.000 auditeurs recrutés parmi les membres de la communauté arabe et nord-africaine. Créée par un jeune étudiant, Faouzi Abdelkefi, cette radio d'amateurs/professionnels, se veut délibérément apolitique. Elle a pour devise «se mettre au service d'une Tunisie bien portante, laborieuse et tournée vers l'avenir. Conséquence : elle a donc, pour credo de positiver et de donner une image optimiste et constructive de la Tunisie, de son histoire, de sa civilisation, de ses artistes, penseurs et écrivains». L'équipe, composée de cinq jeunes, Faouzi, Mahmoud Kriaâ, Achwek Hanachi, Khouloud Mabrouk et Hassen Hamali, a le vent en poupe. Sa passion : la radio. Tounès Bledi vient de s'installer dans un studio flambant neuf localisé dans le quartier chic d'El Menzah. Coquet, ce tout petit studio, de couleur rouge et noir, est doté d'équipements modernes conformes aux standards internationaux. L'efficience totale est recherchée dans ce studio. L'investissement a coûté quelque 12 mille dinars fournis par Faouzi Abdelkefi et sa famille. Première performance de la radio : la diffusion à l'occasion de la célébration du 19ème anniversaire du Changement, pendant 36 heures non stop. Des vedettes de la chanson, du sport et de la culture ont défilé toute une nuit pour aborder des sujets intéressant leur activité. Des poids lourds comme Nabil Mâaloul, entraîneur-adjoint de la sélection nationale de football, étaient parmi les invités de Tounès Bledi. Deuxième performance, la couverture avec brio des Journées cinématographiques de Carthage. Les actrices tunisienne Hend Sabri et égyptienne Randa Bahiri étaient invitées en marge de ces Journées par Tounès Bledi. Hend Sabri s'est portée volontaire pour être l'ambassadrice et la marraine de Tounès Bledi en Egypte. Par delà la production, Tounès Bledi se veut au service des jeunes. Elle vient de créer l'événement en négociant, avec succès, avec l'Ecole de journalisme de Lille (France) un contrat de formation d'animateurs de radio au profit de diplômés sans emploi. Au bout de 12 heures de formation accélérée, les bénéficiaires de cette formation -une dizaine en moyenne- se verront délivrer un document devant enrichir leur CV et accroître leur chance d'embauche. Les formateurs sont des Tunisiens et seront dans une première étape bénévoles. Qui l'eut cru ! A l'étranger, Tounès Bledi s'est distinguée par une participation fort active aux forums de la Fondation Euro-méditerranéenne Anna Lindh pour le Dialogue entre les Cultures en Espagne et en Egypte. Cette fondation est la première institution créée et financée par les 35 Etats membres du Partenariat Euro-méditerranéen instauré lors de la Conférence de Barcelone de novembre 1995. L'objectif principal de la Fondation consiste à rapprocher les personnes et les organisations des deux rives de la Méditerranée. La jeunesse sera considérée comme le groupe prioritaire. Les échanges et la coopération seront encouragés, dans un esprit de tolérance, de compréhension et de solidarité. La Fondation se présente comme un réseau unissant, à partir d'Alexandrie, les 35 réseaux nationaux établis par les Etats membres du Partenariat euro-méditerranéen. «Tounes Bledi» est retenue comme un relais d'échanges et un espace de dialogue entre les jeunes tunisiens et le reste des jeunes du monde arabe. La jeune radio a conclu, également, un accord avec l'UNICEF pour consacrer, le temps d'une journée (deuxième dimanche du mois de décembre) une émission non stop aux enfants victimes du sida. C'est dire que cette jeune radio, qui éteindra au mois de mars prochain, ces deux bougies, est ambitieuse et a le vent en poupe. Depuis la création de cette radio (mars 2005), la première radio sur Internet au Canada, le nombre d'émissions est passé de 5 à 21, soit une moyenne de trois émissions par semaine. Au départ, l'accent était mis sur la valorisation du patrimoine musical et culturel de la Tunisie, héritière de la glorieuse Carthage. Depuis, la grille des programmes a été renforcée et diversifiée. Il y a de l'animation avec "Sbeh bledi", une mission placée sous le signe de la bonne humeur et de la douceur, "Au café de Tunis", point de rencontre d'éclat et de musique,"in/out", une émission au tempo électrique ayant comme base des infos, blagues, histoires drôles à périphériques démesurés et "Stars news", critique de films. De la culture avec du théâtre, de la musique, du cinéma avec "Piano nocturne", émission consacrée aux grands pianistes, "Mémories", émission sur les grands succès des années 70 et 80 pour une retrouvaille de nostalgie et d'émotion musicale, " Méditation mélomane". Tounès Bledi fournit également des services à travers ses émissions "Quisto" (gastronomie), "espace beauté" (remise en forme, cosmétiques, soins, diététique, cheveux, maquillage...) et "tout sur l'enseignement supérieur en Tunisie et au Canada". L'économie n'est pas oubliée. Deux émissions hebdomadaires lui sont consacrées : "Economia", rencontre pour tout savoir sur l'économie tunisienne et internationale avec un volet de promotion de la Tunisie en tant que site de production off shore et "Destination Tunisie'' pour la promotion touristique du pays. Côté financement, selon le fondateur de Tounès Bledi, Faouzi Abdelkefi, quelque 5.000 dollars ont été fournis totalement par le fondateur et sa famille. La radio ne reçoit pour le moment aucune publicité. Faouzi abdelakefi estime que le jour où sa radio gagnera en crédibilité et en professionnalisme, il ne verra aucun inconvénient à en recevoir. "Pour le moment, l'heure est à la confirmation", a-t-il dit. Et pour être plus précis, en matière de publicité la radio fait du troc : services contre services, à la limite une subvention contre une prestation radiophonique. La radio diffuse 12 heures en arabe dialectal et en français. Une seule émission sera diffusée cette année en anglais. Parrainée par des artistes tunisiens : Lamine Nahdi, Nabiha Karaouli, Mohamed Jebali, la radio Tounès Bledi entend, également, exploiter la souplesse de sa structure pour jouer le rôle de veille technologique et informer, en temps opportun, ses auditeurs, et surtout, les Tunisiens de toute nouveauté technologique favorisant des raccourcis de développement.