En général, les opérateurs de téléphonie mobile ne disposent pas de cette solution dans leur réseau et un investissement additionnel est requis. Quant à la mise en oeuvre d'une telle initiative, certains points sont à mon avis essentiels à prendre en compte par les diverses parties intéressées. Il serait d'abord insensé de permettre au client de disposer du numéro de la ligne du voleur, telle que mentionné dans l'article; ceci relève plutôt du rôle de la police et de l'opérateur après le dépôt d'une plainte par la victime. La solution préconisée connue sous le nom «Equipment Identity Register (EIR)» contient en fait trois registres : la «Liste Noire» dont le but est de bloquer l'utilisation des portables volés ; la «Liste Blanche» destinée à s'assurer que seulement les portables homologués sont utilisés sur le réseau ; et la «Liste Grise» dont le but est de traquer les portables suspects sans les bloquer. Un des points faibles de cette solution est qu'il est désormais possible de reprogrammer un IMEI. La re-programmation est souvent faite soit par des détaillants/réparateurs de portables soit par des particuliers. C'est un problème auquel font face tous les opérateurs utilisant la solution EIR. Normalement, les IMEI re-programmés sont placés sur la «Liste Grise». Un client mis sur la «Liste Noire» et possédant un portable réel sera interdit d'émettre/recevoir des appels, ce qui réduirait l'efficacité de la solution EIR. Les bases de données de l'EIR de chaque opérateur sont généralement échangées à l'échelle internationale entre les divers opérateurs mobiles à travers la «GSM Association» afin de former une base de données centralisée (CEIR) et empêcher ainsi que des portables volés puissent être utilisés dans d'autres pays. La préparation de la base de données de tous les IMEI disponibles et sa mise à jour régulière dans l'EIR sont requises et fastidieuses. Ceci implique un monitoring régulier, des ressources, du temps et un coût à supporter. Il est aussi nécessaire de développer des procédures pour la collection/mise à jour des données ainsi que l'interaction entre les opérateurs, les clients et d'autres parties intéressées. La mise en place de telles procédures requiert du temps, un engagement de toutes les parties et un coût. Le coût de la solution est l'aspect le plus important à prendre en compte. En effet, les éléments de coût sont multiples: le coût initial qui est significatif (de 200 a 500 K) selon le fournisseur, la solution et la configuration ; les frais annuels d'assistance et de licence (20% des coûts du hardware et software), les frais de licence additionnels liés au contrôle des IMEI lors des heures chargées, la gestion et la supervision d'un tel service qui requiert du personnel et des coûts opérationnels additionnels, et les frais annuels de connectivité avec la CEIR de la «GSM Association». Qui va supporter ce coût ? le fonds de développement des télécoms ?, le régulateur, les opérateurs (donc le client) ?...Une consultation de toutes les parties intéressées est à mon avis nécessaire pour la mise en uvre éventuelle de cette solution et il n'est pas souhaitable que le client soit pénalisé. Il faut noter aussi que l'EIR est généralement gérée par une partie indépendante telle que la police ou le régulateur. Il est aussi important d'analyser certaines expériences internationales. Bien que le nombre de vols de portables soit assez élevé dans le monde, les statistiques sur le comportement des clients dans certains pays sont inquiétantes. En France par exemple, seulement 42% des Français déposent une plainte quand ils se font voler leur portable, 41% bloquent leur ligne auprès de l'opérateur, 12% bloquent leur portable et 3% font les trois actions. (Source : TNS SOFFRES 7 juin 2004). Ainsi, il serait intéressant de mener une enquête prospective sur le comportement du client tunisien et une campagne de sensibilisation à mener par le régulateur lors d'une éventuelle initiative de mise en place d'une telle solution.
Fehmi Jebali
Réaction à l'article : Vols des téléphones portables Contact : [email protected]