L'Office national du tourisme tunisien (ONTT) a pris part à plusieurs manifestations touristiques ces derniers temps à l'étranger, notamment les salons touristiques FITUR (Espagne), BIT (Milan) et prochainement ITB (Berlin) Avez-vous une stratégie pour réussir la participation aux foires et salons ? Le tourisme tunisien participe chaque année à une multitude de salons et foires touristiques de tailles différentes. Dans un environnement en mutation permanente, autant cette participation est bénéfique pour promouvoir la destination, autant elle nécessite une préparation méticuleuse et une adaptation qui tient compte aussi bien de la concurrence, du public visé que des techniques et moyens les plus appropriés. Pour réussir notre participation aux foires et salons, l'ONTT a une stratégie qui définit les critères et régit les modalités de sa participation à de pareilles rencontres internationales. Cette stratégie comprend un certain nombre de principes et d'orientations, dont : - la participation active et motivée des professionnels tunisiens du secteur est fondamentale pour la réussite de l'événement ; - le stand tunisien dans les grands salons internationaux à caractère généraliste est conçu en grand patio d'architecture arabe et intégrant les nouvelles technologies, tel que l'écran plasma. Il est entouré de modules pour les professionnels. Ces derniers fonctionnent comme espaces de rencontre, de discussion et de démonstration. Les professionnels ne disposant pas de modules autonomes utilisent le patio central pour rencontrer leurs clients et partenaires ; - sélectionner les salons et foires spécialisés en fonction de la présence de la concurrence, d'un réseau de ventes et d'un point de départ pour les touristes potentiels de la ville ou région couverte ; - participer aux salons classiques à caractère international en plus de quelques foires spécialisées dans des produits valorisants, tels que le golf, la thalassothérapie et le bien-être, les incentives, le tourisme d'affaires, tout en tenant compte du potentiel en touristes et de l'existence d'une demande pour le produit visé ; - étendre la participation à quelques salons régionaux et locaux, même s'ils sont petits en arrière-pays, pourvu qu'ils soient proches d'un réseau de ventes ou d'un aéroport de départ, et ce pour assurer un degré plus élevé de visibilité ; - la participation englobe, outre la distribution des brochures et de la documentation, l'utilisation des moyens audio-visuels pour une présentation valorisante du produit, des rencontres avec les T.O et la presse spécialisées ; - afin d'optimiser la présence dans les foires et salons, des présentations en powerpoint et autres supports peuvent êtres assurées le soir pour les réseaux de ventes. L'accent doit être mis sur les nouveautés du produit pour permettre une mise à jour de l'offre. Aujourd'hui, il ne fait pas de doute que l'Internet fait partie de la composante"amélioration de la qualité de service". Quel est l'état des lieux en la matière dans le secteur touristique? Et quelle est la stratégie de l'ONTT dans ce domaine ? Le secteur des Nouvelles technologies du tourisme (NTT) prend une part importante dans le tourisme en général. Le tourisme est en phase de devenir le secteur leader du commerce électronique. Avec l'Internet, le consommateur devient de plus en plus acteur, ou "consom-acteur" d'une offre personnalisée. Il prend lui-même en charge le travail des agences de voyages. Grâce à l'abondance de l'information, il compare pour prendre une décision plus réfléchie. Le nouveau consommateur peut, par le biais d'une simple visite virtuelle, choisir, de chez lui, son prochain voyage. D'ailleurs, plusieurs agences se sont trouvées dans l'obligation de mettre la clé sous la porte, ce qui est en train de causer une grande perturbation dans la profession d'agents de voyages. Aujourd'hui, nous assistons à un nouveau système de communication, qui est en train de se forger. Autrement dit, nous passons d'un système qui a fait son chemin à un autre plus efficace et performant. L'objectif de l'ONTT est d'assurer une meilleure utilisation des Nouvelles technologies du tourisme (NTT). C'est une évolution à laquelle nous devons nous inscrire. Ce qui suppose une coordination étroite entre les professionnels et l'administration pour assurer la meilleure connexion des hôtels au réseau. D'ailleurs, nous sommes en train d'actualiser le site de l'ONTT et ses représentations à l'étranger sont presque à 70% dotés de leur mini site relié au site principal et utilisant la langue du pays. Quelle place accordez-vous au marché intérieur dans la stratégie promotionnelle de l'ONTT ? Les statistiques démontrent que le tourisme intérieur ne cesse de prendre de l'ampleur. En 2002, il a représenté 9,2% de l'ensemble des nuitées contre 6,6% seulement en 2001. En 2003, le marché local a connu un record sans précédent avec 17,2% des nuitées passées dans les hôtels, pendant les vacances et notamment l'été. Ce qui explique que l'administration et les professionnels du secteur ont appréhendé l'importance du "touriste tunisien" en tant que client potentiel. Le marché intérieur continue à occuper le 5ème rang après les quatre grands marchés émetteurs de touristes vers la Tunisie. Ainsi, et au titre de l'année 2004, les nuitées des résidents ont atteint 2.822.329 contre 2.809.362 de nuitées en 2003, enregistrant une légère hausse de 0,5%. L'ONTT a opté, depuis quelques années, pour la promotion d'un "marche intérieur" à part entière. Le tourisme intérieur est un choix stratégique pour l'administration du tourisme mais aussi un créneau rentable pour les opérateurs du secteur. La stratégie de développement du marché est axée sur la restructuration du marché avec la contribution des agences de voyages spécialisées dans le tourisme intérieur, la diversification de l'offre et la sensibilisation pour la réservation à l'avance. On a également remarqué que la stratégie commerciale de l'ONTT concernant la destination Tunisie reposait à la fois sur une fidélisation des marchés émetteurs et sur la conquête de nouveaux marchés, essentiellement ceux des anciens pays du bloc soviétique et ceux d'Asie. Pouvez-vous nous livrer quelques indications surtout sur les perspectives des nouveaux marchés cibles ? Face à une concurrence de plus en plus rude dans un secteur en mutation permanente, une obligation se fait sentir aussi bien par l'administration de tutelle que par les professionnels du tourisme : conquérir des nouveaux marchés, tels que les pays de l'Europe centrale, de l'Amérique du Nord et de la Chine. On a choisi le slogan : VOIR GRAND POUR CONQUERIR LES MARCHES LOINTAINS, dont l'objectif est de pénétrer ces nouveaux horizons et encourager les différents opérateurs à s'y associer. La stratégie de l'ONTT dans ce domaine est de se positionner sur ces marchés, en s'appuyant sur le concours dynamique des opérateurs privés du secteur. Notre participation cette année, avec une délégation assez importante au salon du tourisme China International Travel Mart, tenu à Kunming-sud de la Chine s'inscrit dans cette perspective. Elle a été marquée par l'intérêt grandissant que les voyagistes chinois et asiatiques ont manifesté à la destination Tunisie et son introduction dans les circuits touristiques offerts à leurs clients. Des produits d'appel comprenant surtout l'archéologie, la culture, le Sahara, la thalassothérapie, les loisirs et le shopping. La participation tunisienne au salon chinois n'est pas la première de son genre. D'autres actions l'ont précédée et ont visé l'Amérique du Nord, le Japon, l'Iran, l'Ouzbékistan et l'Afrique du Sud, entre autres. Dans l'avenir, notre effort sera axé sur les points suivants : stratégie de coopération avec les compagnies étrangères pour palier à l'encape (handicap) du transport aérien ; promotion d'un produit différent de celui commercialisé dans les marchés européens classiques : archéologie, Sahara, shopping mise en place de produits combinés avec d'autres destinations (les Chinois ou les Japonais souhaitant toujours voir au moins deux pays par voyage. Afin de mieux se positionner sur le marché chinois, l'ONTT a décidé d'ouvrir un bureau au sein de notre ambassade à Pékin au cours du 1er semestre 2006. Interview conduite par Tallel BAHOURY