Quelque 50 tonnes de pesticides (DDT) obsolètes stockées, depuis quarante ans, dans des conditions inappropriées, à Menzel Bourguiba, menacent la santé publique et l'environnement. C'est là la principale conclusion d'«une étude d'impact des stocks de pesticides obsolètes : cas du site Menzel Bourguiba». Cette étude, effectuée par l'ONG Alliance Femme et Environnement (AFE), rappelle que le site de Menzel Bourguiba a été sélectionné par l'ONG en raison de la gravité de l'emplacement de l'entrepôt. Ce dernier est situé en plein centre d'un hôpital régional. Le stockage impropre de ces pesticides et leur inutilisation suite à leur interdiction est la cause principale de leur obsolescence. Ces stocks renferment de la poudre de DDT dans des cartons de 25 kg. Ce pesticide reste actif pendant plusieurs années. C'est précisément cette propriété qui a conduit à l'interdiction de ce pesticide et à son insertion dans la liste des polluants organiques persistants. Le pesticide DDT est connu également pour sa forte toxicité et de sa forte rémanence. Il est signalé dans toutes les espèces à travers la chaîne alimentaire suite à l'effet cumulatif qu'il présente. L'étude attire l'attention sur les dangers que présenteraient des fuites de ce site dégradé et non sécurisé et pour l'environnement et pour la santé des gens. Le risque des émissions est très fort, note l'étude. S'agissant de l'environnement, les risques sont éventuellement perceptibles à travers : l'infiltration du produit dans la nappe souterraine, la contamination des eaux usées par déversement du produit dans les égouts. Pis, des inondations occasionnelles peuvent provoquer la dispersion étendue du produit. De même, toute quantité de DDT libérée dans l'air, expose la végétation à une contamination majeure, l'entrepôt étant situé dans une zone où la végétation est dense. Concernant l'impact sur la santé, l'étude relève que même en l'absence d'analyses sur la santé humaine et d'identification de cas d'intoxication, le risque DDT sur la santé humaine existe. Ce pesticide peut être absorbé par ingestion, par inhalation et dans une certaine mesure par voie cutanée d'autant que les vapeurs de pesticides exposées à de fortes températures peuvent être libérées dans l'atmosphère, surtout en été. Au rayon des recommandations, l'étude suggère le traitement, en priorité, de cet entrepôt par le programme national de lutte contre les stocks de pesticides obsolètes (SPO). La Tunisie compte environ 25 sites qui abritent des SPO. Ces sites sont répartis sur tout le territoire du pays. En attendant, l'étude préconise une campagne nationale pour sensibiliser la communauté aux risques d'utilisation des pesticides. En Tunisie, les pesticides les plus utilisés dans l'agriculture et la santé publique sont les insecticides, fongicides, herbicides et raticides. Dans sa lutte contre les SPO, la Tunisie a été choisie avec l'Afrique du Sud par le programme africain des stocks obsolètes «Africa stckpiles Programme (ASP)» pour la mise en uvre d'un projet pilote d'élimination des pesticides obsolètes. Elle a bénéficié à cette fin d'une aide de 7,3 millions de dinars. L'ASP a reçu pour mission d'éliminer tous les pesticides périmés et déchets contaminés en Afrique au cours des 10-15 années à venir et à promouvoir des mesures de prévention et de renforcement des moyens. Le coût du programme s'élève à 250 millions de dollars. Ce programme est cofinancé par la Banque mondiale, BAD, FAO, PNUD, ONUDI, PAN, et WWF.